D’après la dernière étude du Défenseur des droits sur la “perception des discriminations dans l’emploi”, les propos et comportements stigmatisants et les comportements hostiles en entreprise touchent un salarié sur quatre. Cumulés, ces phénomènes pourraient être qualifiés juridiquement de “harcèlement discriminatoire”.
Réalisé par le Défenseur des droits (Jacques Toubon) et l’Organisation internationale du travail (OIT), le 11e baromètre sur la “perception des discriminations dans l’emploi” se concentre sur l’exposition de la population active aux propos et comportements sexistes, homophobes, racistes, liés à la religion, handiphobes ou liés à l’état de santé au travail. Reposant sur les témoignages de 5 000 personnes, portant sur des situations vécues ces 5 dernières années, l’enquête révèle qu’une personne sur quatre déclare avoir déjà fait l’objet de ce type de propos ou comportement.
Selon le baromètre, les actes stigmatisants vont souvent de pair (dans 86 % des cas), “pour certaines catégories de personnes”, avec “d’autres formes d’hostilité et de dévalorisation du travail”, ce qui conduit in fine à des situations de “harcèlement discriminatoire”. Les groupes sociaux les plus exposés sont les femmes de 18 à 44 ans, perçues comme “non blanches”, ainsi que les hommes homosexuels, qui sont respectivement 54 % et 40 % à déclarer avoir déjà fait l’objet (dans leur environnement professionnel) de blagues, mises à l’écart, injures, refus de promotions, licenciements ou écarts de salaire. En moyenne, au cours des cinq dernières années, plus de la moitié de la population active (56 %) déclare avoir déjà connu une situation de dévalorisation de son travail, selon l’étude de l’OIT et du Défenseur des droits.
“L’obligation de sécurité” de l’employeur
Dans l’étude, le Défenseur des droits écrit “qu’encore aujourd’hui, les propos et comportements sexistes, homophobes, racistes, liés à la religion, handiphobes ou liés à l’état de santé au travail, sont minimisés dans les milieux de travail, en particulier lorsqu’ils tentent d’être justifiés par l’humour”. Selon l’autorité chargée de défendre les droits des citoyens, les situations dans lesquelles les personnes subissent à la fois ce genre de propos, mais aussi des “expériences de discrimination” et des situations de dévalorisation du travail “pourraient être qualifiées juridiquement de harcèlement discriminatoire” – ce qui permet à la victime de saisir la justice.
En conclusion, Jacques Toubon recommande aux entreprises d’intégrer la lutte contre les propos et comportements discriminatoires à une “démarche de prévention globale des risques professionnels”. Car, rappelle le Défenseur des droits, “de telles situations sont de nature à engager la responsabilité de l’employeur ou de l’employeuse, sur le fondement de son obligation de sécurité.”