Reconversion

4 conseils pour bien préparer sa reconversion

Une reconversion est loin d’être un long fleuve tranquille. C'est souvent un véritable ascenseur émotionnel, une période de doutes et de questionnements. Découvrez les conseils de nos experts pour avancer pas à pas, avec le maximum de sérénité.

1° Procéder par étapes

Tous, nous avons déjà été traversés par cette pensée : et si je changeais de métier ? Et si je plaquais tout pour faire autre chose ? Une petite voix intérieure parfois présente depuis des mois, souvent accompagnée d’une frustration grandissante. Mais penser à se reconvertir, c’est se confronter à un saut dans l’inconnu, à quelque chose de vertigineux. « Impossible d’être sûr à 100 % que c’est le bon moment de se lancer ou que notre idée va marcher, avance Nadège Gomila, fondatrice de Bloomencia, un bilan de compétences d’un nouveau genre. Mais on peut mettre le pied à l’étrier petit à petit pour confirmer notre intuition, vérifier qu’on est prêt à dépenser beaucoup d’énergie dans notre projet mais aussi qu’il existe bien un besoin en face. Le but, c’est de pouvoir en vivre et de se sentir bien.” Et dans de nombreux cas, de parvenir à quitter un quotidien professionnel qui ne nous convient plus. “Beaucoup de personnes finissent par ressentir un vague à l’âme, une inquiétude concernant l’avenir, et n’arrivent plus à se projeter sur les dix, quinze prochaines années, se sentent prises au piège« , analyse Marina Bourgeois, dirigeante du cabinet Oser rêver sa carrière et coauteure de Trouver sa voie – 10 séances d’autocoaching pour faire son bilan et oser la reconversion (Vuibert).

Quelques signes qu’il est sans doute temps de penser plus sérieusement à un changement ? Une irritabilité quotidienne, une démotivation générale, un sentiment de perte de sens, le corps qui somatise, avec notamment l’angoisse d’aller travailler. Mais difficile parfois de s’imaginer légitime dans une autre vie professionnelle. “Les personnes qui ont fait de longues études, ou les cadres qui font le même métier depuis quinze ans ne se sentent parfois pas autorisés à ouvrir le champ des possibles”, explique Marina Bourgeois. Première étape : décider de faire le chemin seul, ou de se faire accompagner, notamment si on sent qu’on n’a pas encore d’idées, qu’on en a trop et qu’on n’arrive pas à les trier, ou qu’on stagne.

L’idée clé : Un pas à la fois. Une reconversion prend du temps. “Il faut accepter de prendre un temps de décantation des choses, surtout si ce changement n’embarque pas que soi, mais aussi son conjoint, sa famille”, ajoute Marina Bourgeois. “Il ne s’agit pas de sauter directement dans le grand bain« , rassure quant à elle Nadège Gomila. Avant de se lancer dans un CAP pour devenir fleuriste, on peut faire un stage en immersion de quelques jours pour vérifier que le métier correspond à nos envies (le site lesavoirfaire.fr répertorie par exemple des offres de stages découverte).

2° Faire le point avec soi-même

Se reconvertir, c’est commencer par prendre du recul et faire un point sur soi, ses envies. L’occasion de poser des bases solides pour sa future vie. Et surtout, de ne pas reproduire ce qui ne nous convient plus actuellement. Pour cela, il s’agit d’abord d’identifier les critères non négociables pour soi dans sa future vie. “Dans son cœur de métier et son environnement de travail, il s’agit de comprendre exactement ce qui se joue, ce qui ne nous convient plus, pour commencer à dresser le cahier des charges précis de son futur projet professionnel, de ce qu’on ne veut plus retrouver, subir, et à l’inverse, de ce qu’on veut trouver : par exemple, plus de temps, de sens…”, détaille Marina Bourgeois. La coach conseille ensuite de réfléchir à sa vie idéale, en traçant un carré et en le divisant en quatre cases : vie personnelle, professionnelle, sociale, intérieure. “À quoi ressemblerait votre vie idéale dans chaque pilier ?”, insiste-t-elle.

L’idée clé : Il s’agit d’intégrer son projet professionnel à sa vie et non l’inverse. Posez-vous d’abord la question : « Comment ai-je envie de vivre ?”.

3° Apprivoiser ses peurs

Vais-je pouvoir vivre après ma reconversion ? La peur de manquer d’argent taraude tous ceux qui aspirent au changement. “Il y a également la peur du manque de légitimité, du regard des autres, de ne pas être à la hauteur, de faire le mauvais choix, de l’échec”, renchérit Nadège Gomila. De nombreuses craintes qui peuvent constituer un sérieux frein à une reconversion. Selon la coach, “c’est positif d’avoir peur, cela signifie qu’il y a de l’enjeu. Il est intéressant d’aller regarder ce qui se cache derrière nos peurs. Se poser 5 fois la question pourquoi (pourquoi on procrastine à chercher un nouveau job par exemple) peut aider à identifier notre peur profonde, qui n’est pas toujours celle que l’on pensait. On peut penser qu’on a peur de l’échec et réaliser à la fin de la série de réponses aux pourquoi qu’il s’agit en réalité d’un manque de confiance en sa légitimité”. Autre façon de travailler ses peurs : faire preuve de “paranoïa productive”, en imaginant le scénario du pire. “Et réfléchir à tout ce qu’on pourrait mettre en place pour ne pas en arriver là, précise-t-elle. L’occasion de se rendre compte de toutes ses ressources, de muscler sa créativité, sa confiance en soi.

L’idée clé : Une reconversion n’est pas forcément radicale ! Tout le monde ne va pas tout quitter pour devenir éleveur de chèvres dans le Larzac. On peut faire une mobilité interne, changer d’entreprise, aménager son temps de travail, développer un side project…On a souvent une vision binaire du travail, avec d’un côté, le salariat, de l’autre, l’entrepreneuriat, mais il existe beaucoup de choses au milieu !, rappelle Nadège Gomila. Quelques bonnes questions à se poser : à quel point ai-je besoin de changement ? De quel niveau de sécurité (emploi, finances) ai-je besoin ? Combien me faut-il pour vivre et quelle est ma marge de manœuvre en termes d’argent et de temps ?

4° Identifier les ressources à sa disposition

On peut se sentir seul sur le chemin d’une reconversion. D’où l’importance de bien s’entourer. “À chaque étape, des ressources humaines peuvent venir en soutien, commente Marina Bourgeois. On peut s’inspirer des témoignages de gens qui ont changé (une façon de désacraliser la reconversion), se faire accompagner, consulter un avocat pour bien sortir de sa situation actuelle.

Niveau entourage, attention à ceux qui, projetant leurs propres craintes sur nous, pourraient nous décourager (“Tu es fou ! Cela ne marchera jamais !”). Mieux vaut pendant un temps les mettre à distance, surtout au début de la réflexion. “Il est fondamental de s’entourer de personnes qui vont nous tirer vers le haut, qui ont traversé une reconversion, des questionnements« , lance Nadège Gomila. Et aussi de bien se renseigner : “Il existe de nombreux leviers à activer en France, précise la coach. Quand on travaille dans le privé, on peut prendre rendez-vous gratuitement avec son conseiller en évolution professionnelle (CEP) pour une première discussion, mobiliser son CPF pour se former, ou faire un dossier pour se faire financer sa formation par Transitions Pro. Si on souhaite se tester, on peut, sous conditions, demander un congé pour création d’entreprise tout en restant dans la société ou alors démissionner pour création ou reprise d’entreprise et toucher ses allocations Pôle emploi”.

L’idée clé : Dans une reconversion, on est sa principale ressource. Le chemin secoue, chamboule, ce sont les yoyos émotionnels, entre excitation et cette impression parfois qu’on ne va pas y arriver. “Il ne faut pas s’oublier, alerte Nadège Gomila. Au risque sinon de s’épuiser. Il est fondamental de faire des pauses, de se ressourcer.”

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