Reconversion

4 étapes pour se réorienter vers les métiers de la transition écologique et de la solidarité

Pour se reconvertir dans un métier à impact, plusieurs voies sont possibles. Avant de se lancer, il s’agit de prendre la mesure des enjeux de la transition et de s’interroger sur sa quête de sens, pour construire un projet professionnel cohérent et mettre toutes les chances de son côté. Conseils et décryptage avec Olivier Perrin, ancien cadre du ministère de l’Ecologie devenu coach, auteur d’"Oser les métiers de la transition écologique et solidaire" (Dunod).

1/ Interroger son rapport au travail et sa quête de sens

De plus en plus de personnes s’orientent vers des métiers à impact, et pas que des gens en crise de la quarantaine. On l’observe sur des profils très jeunes en sortie d’école jusqu’à des profils proches de la retraite. Je les encourage à se poser les bonnes questions et à trouver leur sens au travail. Parce que cette quête de sens tend à devenir une nouvelle injonction dans le monde du travail.

Mon propos, c’est qu’il y a différentes manières de trouver du sens. Un exemple : un professeur des écoles qui parvient à transmettre à ses élèves le goût du vivant et le souci des autres aura un impact fort, même si son métier n’est pas estampillé green. Et peut-être plus qu’un responsable RSE d’un grand groupe qui fait un rapport chaque année pour montrer que cela n’avance pas. Je caricature, mais c’est l’idée que c’est à chacun de définir son sens, et que l’impact peut résider dans quasiment tous les métiers. La première chose, c’est d’avoir la volonté de faire une différence et d’adopter une posture consciente des enjeux de la transition. Et de réfléchir plus en termes de contribution que l’on souhaite apporter, plutôt que de suite craindre un manque de compétences ou de réseau. C’est pour cela que je dis souvent aux gens de partir d’un combat, d’une colère, de prendre ce qui leur tient le plus à cœur pour s’orienter. On ne peut pas tout faire.

2/ Prendre la mesure des enjeux de la transition

Il faut effectivement s’informer et prendre conscience des grands enjeux et de la nécessité du changement de modèles d’activité. Il ne s’agit pas de devenir forcément un expert de l’écologie ou de la solidarité, ni de se former pendant 5 ou 10 ans.  En termes de compétences, les projets à impact ont des dénominateurs communs et on peut recycler ses compétences. Dans l’impact, on gère aussi des budgets, de la communication, des femmes et des hommes, des délais… Les modèles responsables sont déjà là, et c’est bien de les connaître. Comme pour le sens, on ne peut pas s’impliquer dans tous les enjeux de la transition. En s’informant sur ces grands enjeux, on adopte une vision systémique, on s’interroge sur comment arrêter de contribuer à un système qui ne nous convient plus.

Dans le livre, j’ai listé et détaillé ce que j’appelle « dix modèles porteurs d’espoirs » (économie sociale et solidaire, commerce équitable, économie circulaire, éco-conception, économie collaborative…). Ce sont différentes approches d’activité à impact qui se complètent et au sein desquels on peut soi-même avoir de l’impact. C’est aussi important que l’on ne se considère pas soi-même comme un problème. Ce n’est pas parce qu’on a contribué un temps à un modèle que l’on souhaite quitter aujourd’hui que l’on est une mauvaise personne, au contraire.

3/ Lever les freins et réduire les risques

Face à l’ampleur de tout cela, on peut se sentir impuissant, connaître de l’éco-anxiété, voire se sentir inutile au travail. Et il y a alors le risque de burn-out et de perte de sens, d’où cette idée d’injonction du sens dont il faut se prémunir. Il ne faut pas être dans un discours individualiste de la surperformance, se dire qu’on va sauver le monde et s’en vouloir si on n’atteint pas ses objectifs. Il faut prendre le temps de construire son projet étape par étape.

Une fois qu’on a posé le fait qu’on souhaite s’impliquer pour la transition, que l’on a saisi les enjeux du changement de modèles, on fait face à des freins qui reviennent souvent dans une reconversion. Comme la peur du manque d’argent et de stabilité, ou le regard des autres et la réticence de son entourage. Il est alors important de parvenir à s’écouter soi-même, à assumer son besoin de changement et à trouver des alliés pour sa transition professionnelle. C’est pour cela que j’ai intitulé le livre Oser les métiers de la transition écologique et solidaire. Tout est dans le « oser ». Il faut se donner les moyens de se réorienter, et puis passer le cap. La quête de sens et le besoin d’impact, cela vient de soi et pas des autres. Je n’encourage personne à démissionner sans y être prêt ou à prendre plus de risques qu’il n’est prêt à prendre.

4/ Passer à l’action

On ne se lance pas à l’aveugle quand on change de métier. Je consacre plusieurs pages au marché caché de l’emploi, parce que je pense que le phénomène est encore plus important dans les métiers à impact. Beaucoup d’associations ou d’entreprises de l’ESS n’ont pas forcément les moyens de mettre en place un système RH bien établi, et recrutent beaucoup par le bouche-à-oreille ou le réseau. Il faut donc bien prendre soin, une fois que l’on a ciblé le ou les métiers ou modèles responsables qui nous intéressent, de cultiver son réseau en conséquence et de se rendre visible autant que possible.

Parmi les outils que je cite, il y a notamment celui de la boussole du sens, un schéma que l’on peut utiliser pour évaluer si un poste ou un projet est fait pour nous. Deux axes se croisent et forment une croix, avec à chaque extrémité une affirmation qui nous invite à nous placer sur la boussole (Axe horizontal : L’activité me demande des efforts – L’activité correspond à mes talents et à mes goûts / Axe vertical : Je partage les valeurs du projet, la mission me tient à cœur – Projet qui m’intéresse mais pas le plus prioritaire selon moi). L’idéal étant de trouver un projet qui mêle intérêt pour les valeurs et correspondance avec ses compétences.

En termes de métiers, il y a du choix et de la responsabilité dans tous les secteurs ou presque. J’ai établi une liste non exhaustive de 90 métiers inspirants et à impact, pour montrer cette diversité. On peut contribuer à changer les choses de plein de façons, dans son entreprise ou ailleurs, dans le salariat ou l’entrepreneuriat. Il n’y a pas qu’un modèle de la reconversion à impact.

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