Bien que la prestation soit encore trop souvent réservée aux cadres et dirigeant.es, de plus en plus de salariés négocient un outplacement pour retrouver rapidement un nouveau job ou démarrer une nouvelle vie professionnelle suite à un départ volontaire ou non de leur entreprise. Quels sont les pièges à éviter en pratique ? Découvrez les conseils de Marina Bourgeois, dirigeante du cabinet Oser Rêver Sa Carrière et co-auteure du livre Trouver sa voie (Vuibert), pour réussir votre outplacement.
Un outplacement, c’est quoi ? Il s’agit d’un coaching de carrière pris en charge par votre entreprise et pouvant marquer un véritable tournant dans un parcours professionnel et, plus largement, dans une vie. Afin de vous assurer de son bon déroulement et de la réussite de votre démarche, certains écueils doivent à tout prix être évités.
1° Assurez-vous que l’outplacement correspond bien à vos besoins du moment
L’objectif d’un outplacement est de vous repositionner durablement sur le marché du travail en passant par un coaching de fond comprenant, en règle générale, un bilan de carrière suivi d’une phase d’action pour décrocher le poste convoité ou démarrer votre activité si vous vous lancez dans l’aventure entrepreneuriale. Le premier piège consiste à opter pour l’outplacement alors que la prestation ne correspond pas à votre besoin du moment. La première question à vous poser est donc la suivante : l’outplacement est-il vraiment fait pour moi à l’instant T ? Pour y répondre, questionnez-vous sur vos besoins : de quoi ai-je besoin actuellement ? Ai-je besoin de faire un point sur ma carrière ? Ai-je besoin de clarifier la direction à prendre ? Ai-je des doutes quant à la suite ? Suis-je perdue ?
Si à l’issue de cette réflexion, vous vous rendez compte que vous savez exactement où vous allez (rester sur le même type de poste et d’entreprise/prendre un virage dont vous connaissez la destination), demandez un outplacement d’action ne comprenant pas la phase du bilan de carrière. Vous axerez alors votre demande sur la recherche du poste convoité (travail sur les outils de candidature, mise en réseau avec des chasseurs de têtes, préparation aux entretiens, etc.). De même, si vous êtes actuellement en situation d’épuisement professionnel (burn-out) et que vous êtes très fatigué.e, ce n’est sans doute pas le bon moment pour enclencher le processus, sauf à faire commencer votre outplacement plus tard et à opter pour un cabinet spécialisé dans l’épuisement.
2° Adressez-vous à un (vrai) professionnel de l’outplacement
Il s’agit là d’un point crucial. Seuls pourront vous accompagner efficacement des professionnels de la gestion et de la transition de carrière doublés d’une expertise sur le recrutement et/ou l’entrepreneuriat. Il faut donc vous assurer, avant de choisir le cabinet qui vous accompagnera, de l’expérience des consultant.e.s. Comme dans tous les métiers, il existe “à boire et à manger”. Certains cabinets pratiquent par exemple des prix exorbitants ou proposent des accompagnements non ciblés. La vérification de l’expérience pratique de votre accompagnant.e est fondamentale. De même, le feeling avec ce (cette) dernier(e) est capital. Un outplacement est un travail de co-construction. C’est un exercice intimiste au cours duquel on se livre beaucoup. Il est nécessaire de se sentir à l’aise, non jugé et surtout de pouvoir parler sans filtre ni auto-censure. Vous formerez un binôme et avancerez main dans la main. Autant bien s’entendre et avoir confiance ! Assurez-vous également de la disponibilité et de la réactivité de votre consultant.e. pour que vos sollicitations soient traitées dans un délai raisonnable.
3. Ne mettez pas la charrue avant les bœufs
L’outplacement dure plusieurs mois. De quatre à douze en moyenne. Au démarrage, on est souvent pressé : on veut avancer et y voir clair rapidement. C’est tout à fait normal et légitime. Attention toutefois de ne pas précipiter les choses. Vous vous lancez dans un cheminement introspectif qui nécessite de la maturation et un délai d’infusion entre chaque séance avec votre consultant.e. Aller trop vite vous ferait prendre des décisions hâtives et mal maîtrisées. Attention sous cet angle à votre impatience ou à la pression exercée par les proches. Savoir se protéger des injonctions ou craintes des tiers est important.
4. Ne prenez pas votre accompagnant pour un magicien !
Il s’agit là d’un écueil classique en matière d’accompagnement : croire que son accompagnant.e va apporter l’ensemble des solutions sur un plateau ou sortir la voie à prendre de son chapeau. Les choses ne se passent pas comme cela. Seul le travail de co-construction vous permettra d’y voir clair et d’avancer efficacement. C’est en avançant main dans la main que vous trouverez, ensemble, les réponses à toutes vos questions. De la même façon, votre consultant.e n’est ni psychologue, ni psychiatre (bien que cela arrive de trouver des psychologues ayant la casquette RH/recrutement). Si l’outplacement a évidemment une dimension psychologique importante (le cheminement étant parfois un yoyo émotionnel), il est fondamental d’être suivi par ailleurs d’un point de vue psychologique si vous en ressentez le besoin. À noter que le métier d’outplacement n’est pas réglementé en France et encore mal connu. Si l’on vous propose une dimension thérapeutique, fuyez ! Votre outplacement vous amènera vers une introspection profonde et vous permettra de répondre à vos interrogations actuelles, mais il ne résoudra pas des problématiques d’ordre purement psychologiques. Enfin, il faut garder en tête que les cabinets d’outplacement ont une obligation de moyens et non de résultats.
5. Tenez compte de l’approche “projet de vie”
Il est essentiel d’intégrer votre démarche professionnelle dans un projet de vie plus global, l’idée étant d’intégrer votre vie pro à votre VIE, et non l’inverse. Ce travail de définition du projet de vie est parfois complètement mis de côté par certains prestataires. Dommage ! Vie pro, vie perso, vie sociale, etc. sont des vases communicants. La recherche d’un équilibre est importante pour s’éviter frustration et épuisement (à mettre tous ses œufs dans le panier du travail, on s’oublie et on s’expose au risque de burn-out).
6° Ne faites pas l’impasse sur la dimension émotionnelle
Si l’objectif final de l’outplacement est bien évidemment que vous retrouviez un emploi ou démarriez un nouveau projet, il y a des étapes qu’il ne faut mieux pas brûler si vous voulez faire le bon choix :
La première, à laquelle on ne pense pas toujours, est de faire le deuil de votre dernier poste, de votre entreprise et des conditions de votre départ. C’est évident lorsque le départ a été douloureux, laissant d’amers sentiments s’insinuer dans votre rapport au travail. Il est alors urgent de travailler sur ses émotions avant de se lancer dans une recherche d’emploi. Et même dans le cas d’un départ souhaité de votre côté, il n’en reste pas moins un départ, qu’il faut accompagner. Si cette étape de deuil, et la « purge » des émotions associées, n’est pas faite, vous risquez de « traîner » ces émotions lors de votre recherche. Ce serait dommage, et cela pourrait même être pénalisant, en faisant par exemple irruption lors vos entretiens de recrutement. Une étape d’accueil et d’expression de tous les sentiments vécus en amont et en aval du départ est donc souvent nécessaire. S’y mêlent souvent la colère, la désillusion, la tristesse, la peur, voire même la gratitude ou la culpabilité, dans un cocktail qu’il faut alors digérer. Prendre le temps d’accueillir ces émotions, parfois contradictoires, et les coucher sur papier par exemple, permet souvent de s’en libérer, pour avancer plus sereinement.
La deuxième étape, indispensable, est de prendre le temps de passer par une phase d’introspection, afin d’être le plus au clair possible sur vos envies, vos contraintes, vos atouts et talents, afin de définir un projet enthousiasmant et réaliste, avec un cahier des charges précis vous permettant de cadrer votre recherche. Votre coach sera bien sûr là pour vous y aider ! La tentation est parfois grande de vouloir « zapper » cette étape de préparation qui peut paraître superflue. Attention, elle ne l’est pas. Elle va vous permettre d’être plus efficace dans votre recherche, en évitant de vous disperser ou de partir sur des pistes inadaptées. Mais elle va également vous permettre d’être plus percutant.e dans vos entretiens, et surtout de retrouver entrain et motivation, deux ingrédients indispensables ! Cette étape fait globalement du bien, en apportant réalignement et confiance.