Les entreprises de Vinci Construction France ont recruté l’année dernière environ 2 500 personnes. La tendance devrait être assez similaire cette année. Alain Bellanger, directeur des ressources humaines de Vinci Construction France, fait le point sur les opportunités que peut vous offrir le groupe. Propos recueillis par Aline Gérard.
Quels sont vos objectifs de recrutement pour l’année 2013 ?
Nous nous basons un peu sur ce qui s’est passé en 2012. L’année dernière, nous avons eu environ 2 500 embauches dans le groupe dont 600 cadres. En sachant que je parle uniquement pour la partie Vinci Construction France (pour savoir précisément ce qu’elle englobe, lire l’encadré, ndlr), car Vinci est une grande maison avec beaucoup d’entités.
Nous sommes tout de même prudents par rapport à la conjoncture. En 2013, je pense que nous aurons sans doute par rapport aux chiffres de 2012 un fléchissement. En 2011, nous étions plutôt autour de 3 000 embauches, nous sommes passés à 2 500 l’année dernière, je pense donc que l’on se situera entre 1 500 et 2 000 pour 2013. Mais je n’ai pas de chiffres consolidés précis tout simplement parce qu’une bonne part de ces embauches se font dans nos entités locales, régionales. Et ce n’est qu’en fin d’année que nous avons une consolidation finale.
Lorsque vous évoquez les 2 500 recrutements de l’année dernière, s’agit-il uniquement de CDI ?
En principe, cela inclut les contrats à durée déterminée, mais dans la pratique les CDD ne sont pas chez nous très courants et ils se traduisent généralement par des embauches en CDI. L’entreprise n’a pas pour habitude de généraliser l’emploi des CDD. Donc globalement ces chiffres correspondent à des recrutements à durée indéterminée même s’il a pu y avoir quelques CDD.
Sur quels types de postes recrutez-vous ?
Sur les 2 500 recrutements de l’année dernière, il y avait 600 cadres. Ce qui est un volume assez important. Mais cela veut dire aussi qu’il y avait 1 900 personnes qui n’étaient pas sur ce profil. Nous produisons et réalisons nos chantiers. Dans nos embauches il y a donc essentiellement des gens que l’on retrouve sur ces derniers. Si vous êtes à Bac + 2, nous avons par exemple des postes de conducteurs de travaux. Les gens qui ont un profil de BTS peuvent effectivement s’orienter vers la production et donc la maîtrise au niveau des chantiers. Il s’agit de futurs encadrants, qui vont travailler comme chefs d’équipes, chefs de chantiers. Et puis nous avons tout un volant de coffreurs, de bancheurs pour respecter les termes de nos métiers (c’est-à-dire de compagnons) que nous recrutons chaque année. Dans nos entreprises, nous avons de forts volumes de personnes qui aujourd’hui partent en retraite et nous avons donc un renouvellement de notre main d’œuvre assez naturel. (…) Nous avons également des recrutements au niveau des sièges de nos entités locales.
Quelles sont les qualités communes que vous recherchez chez les candidats ?
C’est difficile d’appliquer une vision générale alors que les recrutements se font sur l’ensemble de la France dans chaque entité. Mais généralement, ce que l’on recherche, ce sont des candidats qui veulent s’inscrire dans la durée à nos côtés, qui ont un projet professionnel intéressant et que l’on peut construire sur le long terme. Sur les profils non-cadres, donc avec essentiellement des personnes orientées très production, nous allons de plus en plus vers des systèmes où il y a du temps partagé entre l’entreprise et des périodes scolaires, comme des stages ou de l’apprentissage. Une grande partie de nos recrutements se font par ce biais-là.
Nous cherchons toujours à avoir des gens qui vont se trouver bien dans notre société au sens large. Car nous avons plus de 450 implantations (467 exactement fin 2012, ndlr) sur la France et notre effectif global est proche de 24 500. Ce qui vous donne une idée de la taille des différentes structures. Il y a des établissements qui sont plus grands que d’autres mais nous sommes quand même dans des systèmes à échelle humaine où la capacité des personnes à s’intégrer dans nos équipes de production est déterminante.
Nous recherchons donc des gens qui ont envie de faire un parcours chez nous et qui s’engagent dans un certain projet d’entreprise. Nos métiers offrent la possibilité d’évoluer et de progresser. Nous ne sommes pas dans un système où l’on entre à un poste pour le pratiquer à vie. Cela ne veut pas dire que certains ne vont pas faire la même chose une partie de leur temps passé chez nous, mais historiquement les métiers du BTP ont toujours formé des gens qui ont progressé, qui ont pris des qualifications, qui ont acquis des capacités soit à encadrer des équipes, soit à animer des chantiers. C’est une opportunité pour ceux qui ont en plus une fibre de management et qui ont un bagage technique, une expérience qui les aide à pouvoir prendre des objets de plus en plus complexes. Car contrairement à ce que l’on peut penser, le BTP réclame des gens bien formés, intelligents et capables de gérer des situations de plus en plus ardues. Être sur un chantier aujourd’hui ce n’est pas simplement exécuter une tâche, c’est avoir une vision un peu générale sur le déroulement de celui-ci. Nous avons chez nous des impératifs forts sur la sécurité, c’est une priorité et nous mettons l’accent sur le fait de réduire nos accidents du travail. Nous ne sommes pas une société qui cherche à produire des accidentés. Nous veillons donc à ce qu’il y ait une culture sécurité forte. Ce sont des éléments au niveau de la production sur les chantiers qui sont très importants pour nous.
À ce sujet, quelles sont les évolutions sur lesquelles vous avez travaillé ces dernières années ?
Depuis des années, il y a eu des efforts continus pour améliorer l’exécution des tâches. L’objectif chez nous, c’est le zéro accident, même si nous n’y sommes pas encore. Nous avons vraiment mis le paquet depuis une dizaine d’années pour être exemplaires et je pense que chaque jour qui passe on prouve que l’on progresse sur le sujet. Nous avons un gros effort de fait sur notre matériel, sur le rôle de nos “préventeurs sécurité” qui aident et assistent nos opérationnels sur les chantiers. Ça aussi ce sont des postes qui se sont créés, qui sont un peu nouveaux et qui viennent éclairer, relayer l’action de chacun sur nos différents chantiers (9 500 répartis sur la France).
L’image des métiers du bâtiment s’est-elle améliorée ?
Les parents ne rêvent pas toujours que leur enfant travaille sur un chantier…La valorisation de nos métiers est effectivement une thématique récurrente. Mais aujourd’hui, j’ai moi-même un fils ingénieur qui travaille dans le BTP, et je n’ai pas cherché à le décourager. Et je pense que nous avons pas mal de nos compagnons qui ont des enfants qui travaillent dans le métier. Parfois, ils ont changé un peu d’orientation, ils ne sont plus maçons ou coffreurs mais électriciens. Ils ont changé de corps d’état parce qu’ils souhaitaient voir autre chose, mais cela reste dans le domaine de la construction, même si ce n’est pas dans notre registre à nous. Il y a quand même pas mal de gens qui ont une bonne image de la profession. Car ce que l’on a pu vivre il y a 20 ans, ne correspond pas à la réalité d’aujourd’hui. Il y a eu pas mal de progrès sur l’ergonomie, pour limiter la pénibilité. Bien évidemment, nous restons dans des métiers où il y a toujours une part de contact vis-à-vis de la matière, une part de manipulation d’éléments, il faut bouger des coffrages, transporter des charges… mais globalement la profession s’est dotée de moyens à la fois mécaniques et logistiques pour limiter la pénibilité.
Il faut donc déconnecter ce que je dis de l’image que l’on peut avoir de ce qui est pratiqué dans certaines zones pavillonnaires où effectivement les gens ont peut-être des moyens rudimentaires et où certains bricolent eux-mêmes sur leur maison. Nous sommes dans des sociétés organisées, dont c’est le métier, avec à la fois une valorisation des postes de travail et des qualifications. Un chef d’équipe chez nous cela veut dire quelque chose, un chef de chantier aussi. Il y a toute une partie de la profession qui fait en sorte que ces métiers soient pratiqués avec de bons moyens.
Recrutez-vous des personnes qui ne sont ni passées par l’alternance, ni issues du métier ?
Nous en avons de plus en plus, notamment dans le cadre de marchés publics. Souvent, par exemple, les donneurs d’ordre dans le domaine de l’habitat social imposent des clauses d’insertion. Cela veut dire que nous nous engageons sur ce plan et il ne s’agit pas forcément de petits contingents, c’est généralement significatif. (…) Les entreprises Vinci Construction France font plutôt bien leur travail et ce dernier passe également par le fait d’être un acteur social. Nous faisons donc en sorte d’entretenir ce lien entre les endroits que l’on réhabilite et la capacité à remettre dans l’emploi un certain nombre de personnes.
Recrutez-vous beaucoup de femmes dans vos métiers ?
Pas assez. Il n’y a pas suffisamment de femmes dans les filières de formation pour qu’on puisse les retrouver en sortie d’école. Cela change un peu au niveau des écoles d’ingénieurs, il y a un mieux. Quand j’y étais il y a 30 ans, il y avait à peine 10 % d’élèves ingénieurs femmes. Et dans ces cas-là, c’est sûr qu’à l’arrivée, dans les entreprises, c’est un peu utopique de penser que l’on sera à la parité. Aujourd’hui ce n’est pas miraculeux, mais il y a peut-être 30 % d’élèves ingénieurs femmes qui se forment pour le métier. Au fur et à mesure, on progresse. Nous avions un objectif 2012 qui était d’avoir 20 % de femmes au niveau de notre encadrement, nous devons être à 19,95 %. Cela continuera de progresser tout simplement parce que les filières qui nous alimentent ont fait un effort et que les métiers sont plus attractifs.
Et chez les compagnons ?
Non, cela reste difficile. Ça l’est beaucoup moins en revanche au niveau des personnels de siège, tout ce qui est administratif au sens large où l’on est plutôt sur une parité. Sur les ingénieurs, comme je vous le disais, on progresse, mais sur les chantiers nous en sommes très loin.
Nous avons lancé des campagnes avec des ambassadrices au niveau de Vinci pour parler de nos métiers. Nous avons un certain nombre de jeunes femmes qui sont dans l’entreprise et qui vont dans des collèges et des écoles parler des métiers, pour casser cette image de métiers masculins.
Mais cela reste très en retrait par rapport sans doute aux attentes. Je pense que c’est un peu moins vrai dans les corps d’états secondaires, sur les métiers de peintre ou d’électricien qui sont peut-être un peu plus attrayants ou faciles d’accès que peut l’être un métier de gros œuvre. En production, on se retrouve sur des coffrages et jusqu’à présent on avait du mal à imaginer des femmes sur ce genre de choses. Cela tend à changer mais cela reste assez anecdotique. En revanche, nous avons quelques expériences réussies en Île-de-France de grutière, dans un métier pourtant dit d’homme. Et la grue c’est important sur un chantier, c’est souvent la vue du haut qui permet de donner le rythme et de savoir où l’on doit placer les choses pour organiser le chantier. On s’aperçoit dans nos métiers que ce n’est pas un problème d’homme ou de femme, c’est un problème souvent d’attractivité au départ. Ensuite, il s’agit de montrer que c’est possible.
Focus sur Vinci et Vinci Construction France
Groupe mondial de concessions et de construction, Vinci emploie plus de 193 000 collaborateurs dans une centaine de pays. Il conçoit, construit, finance et gère des équipements/infrastructures de transport, bâtiments publics et privés, aménagements urbains, réseaux d’eau, d’énergie et de communication… Spécialiste du BTP, Vinci Construction France met à la disposition des donneurs d’ordre publics et des opérateurs privés ses savoir-faire pour concevoir, financer, réaliser et exploiter tout projet de construction dans les métiers du bâtiment, du génie civil, de l’hydraulique et des métiers de spécialité.