Envie d’évasion ou simplement marre de vous retrouver face à des portes fermées ? Pourquoi ne pas vous laisser tenter par la perspective d’aller travailler dans un autre pays européen ?
Trouver un emploi relève parfois du parcours du combattant. C’est pourquoi de plus en plus de personnes se laissent tenter par l’étranger et les opportunités qu’il peut y avoir. Une expérience riche et parfois un bon moyen d’obtenir l’emploi qui vous convient. Si le projet semble intéressant, les opportunités sont pour autant moins présentes qu’il y a quel ques années. “Avec la crise, beaucoup de pays ferment leurs portes. Il y a deux ou trois ans, c’était beaucoup moins le cas. Les pays sont moins enclins à recruter à l’étranger, même si leurs besoins en main d’œuvre persistent et ne seront, pour la plupart, pas comblés par les profils présents sur leur territoire”, regrette Gloria Moreno-Fontes, spécialiste de l’immigration de main d’œuvre à l’OIT (organisation internationale du travail). C’est pourquoi votre recherche devra être organisée. Certains organismes sont également à votre disposition pour vous aider dans vos démarches.
Trouver le bon interlocuteur
C’est désormais décidé, vous souhaitez partir à la recherche d’un emploi dans un autre pays européen. Pour ce faire, il est nécessaire de savoir quels sont les organismes qui existent pour vous faciliter la tâche. “Pour trouver un travail, trois solutions se présentent à vous : Eures (réseau européen des services de l’emploi, ndlr), les agences de recrutement privées, et enfin, s’adresser directement aux employeurs étrangers, le plus souvent par le biais d’une recherche Internet”. Gérard Berthet, conseiller Eures au Pôle emploi international de Perpignan (66), précise : “Le réseau Eures est constitué sous l’égide de la Commission européenne. Il regroupe des conseillers de trente-et-un pays au total. Il vise à faciliter la mobilité des travailleurs au sein de la zone. En effet, il existe des besoins en main d’œuvre en Europe, alors que les profils qui sont recherchés sont présents dans d’autres pays. Nous permettons ainsi un meilleur accès à l’information, notamment dans tout ce qui concerne le droit du travail. Nous proposons de pouvoir consulter les offres d’emploi en cours et nous apportons également des conseils sur la forme de la recherche d’emploi à adopter. Par exemple, pour pouvoir rédiger un CV qui soit adapté au pays dans lequel vous postulez, et ainsi gagner en efficacité”. Un allié de taille dans votre démarche. Cependant, êtes-vous concerné par cette initiative ? “Tout un chacun peut en bénéficier, qu’il soit étudiant, demandeur d’emploi, ou encore salarié. Il ne faut pas hésiter à en parler à votre agence Pôle emploi. Celle-ci vous dirigera vers le Pôle emploi International qui, généralement, est implanté dans les capitales régionales. L’avantage est que les formalités sont réduites pour aller travailler en Europe”. En effet, Gloria Moreno-Fontes vient compléter : “Pour pouvoir partir, il n’y a que quelques documents à fournir au ministère du pays d’accueil”. Pour Gérard Berthet, Eures présente énormément d’avantages, notamment pour les demandeurs d’emploi. “Lors de formations, j’ai pu, en tant que conseiller Eures, rencontrer mes homologues étrangers ; l’intérêt est que je peux aujourd’hui mettre ce réseau au service des demandeurs d’emploi, souligne-t-il. L’objectif est vraiment de favoriser la mobilité des personnes en Europe. Quasiment avec votre seule carte d’identité, vous pouvez aller habiter dans un autre pays européen, vous y inscrire comme demandeur d’emploi, etc. Eures permet d’avoir une meilleure adéquation entre offre et demande, à l’échelle européenne”.
Cibler votre destination
Bien évidemment, la crise économique n’a pas épargné l’Europe. Cependant, certains pays ont été plus touchés que d’autres. C’est pourquoi votre choix ne devra pas être dénué de toute stratégie. Une mauvaise nouvelle pour ceux qui espéraient trouver le job de leur rêve sous le soleil. “Avant, j’aurais donné les pays d’Europe du Sud comme étant ceux ayant les plus gros besoins en main d’œuvre, mais vu leur situation actuelle, ce n’est évidemment plus le cas. En revanche, la Suisse et les pays d’Europe du Nord ont été moins touchés. Ainsi, leurs portes sont moins fermées et leurs besoins bien présents”, constate Gloria Moreno-Fontes. Le conseiller Eures vient étayer ses propos : “L’Allemagne est un pays qui fonctionne bien et qui est à la recherche de compétences dans beaucoup de domaines professionnels. Dernièrement, ce sont près de 110 000 jeunes espagnols qui y sont partis pour fuir le chômage dans leur pays. Beaucoup de Grecs vont aussi travailler en Allemagne. Cela nous donne vite une tendance des territoires qui se portent bien”. Des pays expriment donc des besoins spécifiques, concernant certains profils. Encore faut-il correspondre à leurs recherches. “ll y a tout particulièrement des demandes dans les métiers de la construction, de la santé, des travaux domestiques et aussi dans le secteur agricole qui reste beaucoup touché par cette pénurie”, précise la spécialise de l’immigration de main d’œuvre à l’OIT.
Attention cependant, le projet peut parfois paraître plus beau qu’il n’est. C’est pourquoi vous devez prendre en compte tous les paramètres de la destination sur laquelle votre choix va se porter. “Avant de se lancer, je conseille surtout de comparer les avantages que présente le pays : les salaires, la protection sociale, le coût de la vie…, pointe Gloria Moreno-Fontes. En effet, et c’est notamment le cas pour la Suisse, les rémunérations peuvent parfois paraître très élevées mais lorsque l’on y regarde de plus près, une fois le logement et la couverture sociale payés, vous n’y êtes pas toujours gagnant. C’est pourquoi il faut faire attention aux à côté”. Partir travailler dans un autre pays européen peut être une réelle opportunité dans certains secteurs. Veillez néanmoins à vous adresser aux organismes compétents, et à être précis dans vos recherches.