Emploi

Les Compagnons du devoir : la transmission avant tout

La maison des Compagnons de Pantin a ouvert ses portes en 2015, accueillant 272 apprentis dont 90 résidents à l’année. Le Prévôt Simon Voyer est à la tête de la structure depuis son inauguration et a pour objectif d’accompagner chaque jeune jusqu’à l’obtention de son CAP.

En ce jour de juillet, l’activité bat son plein au sein de la maison des Compagnons du devoir de Pantin (Seine-Saint-Denis, 93). Les apprentis sont à pied d’œuvre dans les différents ateliers de la structure qui forme aux métiers de cordonnier-bottier, sellier-garnisseur, maroquinier, tapissier, plombier, boulanger ou encore chaudronnier. “Au total nous accueillons 272 apprentis, dont 90 résidents à l’année”, indique Simon Voyer, Prévôt de la maison. Au sein des Compagnons du devoir il existe une tradition : à la tête des 54 maisons présentes en France, un compagnon dirige et supervise la structure, appelé Prévôt. “Notre rôle est d’accompagner les jeunes et de veiller au bon déroulement de la vie en communauté en étant présent 24 heures sur 24, souligne Simon Voyer. C’est une vraie chance d’être Prévôt mais en aucun cas un passage obligé. Au maximum, on reste à ce poste entre 5 et 6 ans.” Le jeune homme de 28 ans, charpentier de formation, est entré au sein des Compagnons du devoir à 15 ans et a bouclé son Tour de France en 2014. “Cette période de perfectionnement permet aux aspirants compagnons de continuer à apprendre leur métier en étant embauchés en contrat de professionnalisation. Chaque année, ils changent d’entreprise et de ville tout en validant de nouveaux acquis et diplômes (brevet professionnel, BTS, licence professionnelle), précise Simon Voyer. Une étape clé pour devenir Compagnon du devoir.”

 

S’insérer sur le marché du travail

Selon les chiffres, encore très peu de jeunes atteignent cette étape. Si les Compagnons du devoir forment 10 000 personnes chaque année, seulement 10 % partent et terminent leur Tour de France après avoir obtenu leur CAP. “L’objectif c’est qu’au moins 50 % des personnes qui entrent chez les Compagnons finissent ce processus. C’est loin d’être le cas aujourd’hui mais les chiffres sont tout de même à la hausse : à mon époque nous n’étions que 5 % à le terminer”, souligne Simon Voyer. Quoi qu’il en soit, l’une des principales satisfaction pour l’association des Compagnons du devoir c’est que la grande majorité des jeunes qui intègrent les centres de formation par apprentissage (CFA) obtiennent leur CAP. “Notre but reste de leur transmettre un métier, un savoir-faire, précise Simon Voyer. Pour qu’ils puissent s’insérer sur le marché du travail.” Aujourd’hui, les chiffres parlent d’eux-mêmes : 88 % des jeunes passés par les Compagnons du devoir obtiennent leur CAP et 84 % restent dans le métier cinq ans après leur sortie d’apprentissage. Pour les aider à atteindre leurs objectifs, le Prévôt joue un rôle essentiel. Comme en ce jeudi 21 juillet, où Simon Voyer accueille dans son bureau un jeune apprenti rencontrant des problèmes avec son entreprise du fait d’absences répétées sur son lieu de travail. “Nous allons nous entretenir avec lui et son formateur pour comprendre pourquoi son employeur veut se séparer de lui. Nous allons essayer de trouver un terrain d’entente pour ne pas qu’il se retrouve sans rien. En cours, c’est un bon élément. Il a tout le potentiel pour réussir”, confie Simon Voyer.

 

Orienter les jeunes du mieux possible

Cet accompagnement démarre dès le premier entretien. Lorsqu’un futur apprenti souhaite intégrer une filière au sein d’une maison de Compagnons, “il est de notre devoir de bien l’orienter si l’on estime que le secteur arrive à saturation. Ces dernières années, c’est le constat que nous faisons avec la maroquinerie. Pendant longtemps, il y avait un vrai déficit de main-d’œuvre. Mais la communication autour du métier aidant, en cinq ans, nous sommes passés de 15 à 85 jeunes en formation”, détaille Simon Voyer. Ainsi, le Prévôt va davantage conseiller à un futur apprenti de s’orienter vers de la sellerie, une filière encore peu demandée. Ces conseils, Simon Voyer en a lui-même bénéficié quand il a intégré les Compagnons du devoir. “Au départ, je voulais être ébéniste. Mais le Prévôt qui m’a reçu à l’époque m’a déconseillé de me lancer dans cette voie car le métier n’offrait pas beaucoup de perspectives. Il m’a proposé de tenter la charpenterie. J’ai réfléchi et après un stage de découverte j’ai vraiment adoré et je me suis lancé”, se rappelle-t-il.

 

Vivre en collectivité

Intégrer les Compagnons du devoir c’est aussi et surtout intégrer une communauté. Au sein de la maison de Pantin se croisent les apprentis mais également les “itinérants”, ces aspirants compagnons en Tour de France. Pour veiller sur tout ce beau monde, il y a Gisèle, la “Maîtresse de maison”, occupant ce poste depuis bientôt neuf mois. “Je suis une sorte de maman de subsitution. Pour les plus jeunes c’est parfois important car ils se sentent perdus. Je suis là pour les soutenir dans l’ensemble de leurs démarches administratives, comme la demande d’aide au logement”, confie-t-elle. Pour Simon Voyer, résider au sein d’une maison de Compagnons est l’un des principaux atouts de la formation. C’est d’ailleurs ce qu’il mettra en avant cette après-midi là, journée de pré rentrée, à l’ensemble des futurs apprentis. “Nous ne conseillons pas d’être externe. La convivialité et les moments d’échanges le soir après les cours font partie intégrante des Compagnons du devoir, assure-t-il. Quand on est jeune, cela permet aussi de gagner en autonomie.” Inaugurée en 2015, la Maison de Pantin était la première structure construite depuis 25 ans par l’association, notamment en Île-de-France. Les Compagnons du devoir comptent bien continuer à se développer dans la région puisque dès 2017, une nouvelle maison doit voir le jour en Seine-et-Marne, à Champs-sur-Marne. Celle-ci devrait accueillir 90 résidents à l’année.

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