Permis B exigé. Une indication qui clotûre bien souvent les annonces d’emploi. Si vous en êtes dépourvu, sachez que de nombreuses entreprises l’exigent alors que l’exercice de vos futures fonctions ne dépendra pas de la voiture. Cependant, si c’est le cas, des dispositifs existent pour vous aider à décrocher le précieux sésame.
D’après une étude réalisée en 2016 par le Laboratoire de la Mobilité Inclusive (LBI), “23 % des Français ont dû renoncer à un travail faute de moyens de transport.” Un chiffre qui monte à 44 % pour les non titulaires d’un permis B et qui révèle le frein à l’embauche que peut constituer l’absence de permis de conduire, en particulier en zone rurale ou peu dense. Pour autant nuance Valérie Dreyfuss, déléguée générale du LBI, l’idée que le permis de conduire est nécessaire pour trouver ou exercer un emploi participe aussi d’idées reçues : “Dans certains cas les employeurs indiquent permis B obligatoire dans leur offre d’emploi, alors qu’une fois en poste les personnes n’en ont pas l’utilité. Dans l’imaginaire collectif, il continue de représenter un facteur d’émancipation, et pour certains, le seul diplôme.”
Le diagnostic de mobilité
Pour déterminer si le permis de conduire est la solution la plus adaptée pour vous, cette dernière recommande d’effectuer un diagnostic individuel au sein d’une des 90 plates-formes de mobilité qui existent à travers la France et dont les services peuvent être prescrits par les missions locales, les caisses centrales d’activités sociales ou par Pôle emploi. “Le permis de conduire n’est pas toujours la meilleure solution, notamment en raison du coût important que représente son acquisition et par la suite l’achat et l’entretien d’un véhicule. L’accompagnement personnalisé permet de recenser tous les soutiens à la mobilité et d’identifier des options alternatives comme le covoiturage ou même le vélo électrique”, détaille Valérie Dreyfuss. Si toutefois l’absence de permis représente un frein pour votre accès à l’emploi, des solutions de financement sont disponibles, au plan local mais aussi national : “Il existe 13 dispositifs régionaux, 33 départementaux et 111 qui relèvent des communes”, énumère Valérie Dreyfuss.
Les aides nationales
Pôle emploi peut être amené à s’acquitter de tout ou partie des frais pour passer ou repasser votre permis si vous en avez perdu l’usage. Les critères sont néanmoins assez restrictifs : les subventions sont réservées aux allocataires du RSA ou aux demandeurs d’emplois inscrits depuis plus de 6 mois, âgés de plus de 18 ans et dont l’allocation journalière est inférieure ou égale à 29,06 euros par jour. Des dérogations existent si vous justifiez d’une promesse d’embauche pour un contrat d’au moins 3 mois. Marie David, responsable d’équipe au Pôle emploi Bordeaux Bastide, souligne que des exceptions sont possibles, au cas par cas, “si le demandeur d’emploi se positionne sur des métiers qui nécessitent un véhicule comme ceux d’employé à domicile, d’agent de nettoyage, de commercial ou s’il souhaite travailler dans l’hôtellerie restauration en horaires décalés”, détaille-t-elle. Les montants peuvent aller jusqu’à 1 500 euros pour les personnes au RSA et jusqu’à 1 200 euros pour celles qui touchent l’indemnisation chômage.
Si vous n’entrez pas dans ces critères mais que vous avez déjà travaillé, le compte personnel de formation (CPF) peut représenter une source de financement alternative. Pour savoir si vous avez acquis un nombre suffisant d’heures de formation, il vous suffit de vous rendre sur la page www.moncompteactivite.gouv.fr et de vous identifier avec votre numéro de Sécurité sociale. Autre mesure nationale, celle décidée par le gouvernement dans le cadre de la réforme de l’apprentissage et qui accorde 500 euros à tous les apprentis de plus de 18 ans souhaitant passer leur permis de conduire. Elle risque cependant de se substituer aux subventions accordées jusqu’à présent par les régions et qui peuvent être plus généreuses. “L’idée est de créer un effet levier pour inciter les entreprises à contribuer également au financement du permis”, explique Marie David.
Les dispositifs des collectivités territoriales
Beaucoup de ressources existent au niveau local, certains territoires étant beaucoup plus dynamiques que d’autres en la matière souligne Valérie Dreyfuss. Parmi elles, les bourses au permis de conduire, distribuées par les mairies et qui permettent à des jeunes de 18 à 25 ans de se faire financer 50 à 80 % de leur permis en échange de travaux d’intérêt général. Les conditions d’éligibilité : être sans ressources familiales ni personnelles et démontrer que le permis est nécessaire pour son insertion professionnelle et sociale.
Géré par les départements, le fonds d’aide aux jeunes peut quant à lui prendre en charge le permis d’un jeune en précarité qui aurait un projet de formation ou une promesse d’embauche. Enfin, les auto-écoles associatives permettent aux jeunes, aux demandeurs d’emploi et aux bénéficiaires du RSA de bénéficier de tarifs préférentiels. Pour identifier l’ensemble des dispositifs disponibles sur votre région, rapprochez-vous de votre mairie, d’une mission locale ou d’une maison de service au public. Si le “tout voiture” n’est sans doute pas l’avenir de la mobilité, l’évolution du marché du travail requiert une agilité de plus en plus grande, dans un contexte où les offres d’emploi ne sont pas distribuées équitablement à travers le territoire. Face à cette réalité, le permis de conduire risque de représenter, pendant encore longtemps, un facteur important d’accès à l’emploi.