Avec la nouvelle année, vient le temps des bonnes résolutions. Arrêter de fumer ? Se (re)mettre au sport ? Et si vous vous lanciez un autre défi : décrocher un emploi en une semaine ! Vous pensez que c’est impossible ? Cela implique surtout d’agir avec méthode et d’actionner l’ensemble des leviers disponibles autour de vous. Par Mathieu Deprieck
Trouver un boulot en une semaine, mission impossible ? Mustapha Benkalfate, directeur du cabinet RH Jobtimise, n’est pas loin de penser la même chose : “En une semaine, c’est très compliqué. Certaines barrières sont infranchissables. L’élaboration des contrats, la confection des documents administratifs, l’accueil de l’employé prennent trop de temps.”
Votre grand chantier 2019 s’arrêterait donc là ? Pas du tout. Le fondateur et président de l’association “2 mois, 1 job”, Mathieu Menet se souvient d’une personne qu’il conseillait il y a quelques années : “Elle s’était trouvée au bon moment, au bon endroit. En 2 jours, elle avait retrouvé un emploi.” Et ne parlez pas de chance à Mathieu Menet. “Dans une telle recherche, on provoque les opportunités plutôt que de s’en remettre à la chance. Adopter un état d’esprit proactif permet de repérer toutes les possibilités qui s’ouvrent à nous. Quand je me suis retrouvé au chômage, je possédais deux mois de réserve financière. Cette contrainte m’a permis d’être plus efficace dans mes recherches. J’ai concentré mon énergie sur une période courte et évité de remettre à plus tard telle ou telle démarche.” En 43 jours, l’auteur du livre “Fuck le chômage” a décroché un poste.
Agir avec méthode
Avant même de se lancer dans une telle course, adoptez le bon état d’esprit. “La première semaine est déterminante, confie Mustapha Benkalfate. Il faut être très rationnel. N’hésitez pas à créer un tableau dans lequel vous notez le nom de la société et de la personne contactées et la raison qui vous a poussé à leur envoyer une candidature. En situation de stress, on manque parfois de méthode.” Le stress est un facteur important dans une recherche aussi contrainte par le temps. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la coach Émilie Devienne conseille de ne pas se hâter et cite la phrase prêtée à Talleyrand: “Doucement, je suis pressé.”
Mathieu Menet défend également une démarche qualitative plutôt que quantitative : “Envoyer des CV ne revient pas à jeter une bouteille à la mer. Même pressé, prenez le temps d’identifier les entreprises pour lesquelles vous souhaitez travailler. Les candidats se placent trop souvent dans une position de soumission devant les recruteurs. L’entretien d’embauche est un échange de professionnel à professionnel.”
Le mental bien préparé, il est temps de se lancer. Où chercher ? Votre impatience vous conduira peut-être vers les agences d’intérim qui proposent toute l’année des offres à pourvoir immédiatement. Adecco revendique plus de 15 000 emplois disponibles. Manpower plus de 14 000. Les géants du secteur ont l’avantage de la quantité. Pour une recherche personnalisée, les plus petites structures seront plus adaptées.
Créée en avril 2015, la société Staffmatch propose une démarche à mi-chemin entre le numérique et l’humain. Une fois votre CV déposé sur leur site, une équipe RH l’analyse, vous contacte pour un court entretien téléphonique et vous invite à vous rendre dans l’une de ses agences pour approfondir la discussion. C’est ensuite que vous serez contacté en fonction de vos compétences et de vos disponibilités renseignées en ligne. “Nous avons mis en place la signature électronique de tous les documents de travail pour accélérer l’embauche. La prise de mission se fait en quelques minutes. On peut parfois commencer à travailler dès le lendemain de l’entretien”, assure Vincent Rech, fondateur de Staffmatch.
Miser sur le numérique
Les métiers d’accueil affichent également des besoins de main-d’œuvre immédiatement disponible. “Nous sommes constamment en recrutement, affirme Houda Khalil Mimouni, responsable sourcing et communication RH pour la société Phone Régie. Sur l’année, nous proposons 2 500 CDI et 1 500 CDD. Nos métiers vont de l’accueil téléphonique à la commande de taxis ou la réservation de salles.” Aucun diplôme n’est requis. Il faut juste être ponctuel et avenant. Les week-ends ne sont pas travaillés et les emplois du temps connus à l’avance. “Lorsque vous postulez chez nous, vous recevez une réponse au plus tard cinq jours après, avance Émilie Blanc, directrice du recrutement de Pénélope, autre poids lourd du secteur des métiers d’accueil. Quelques jours de formation suffisent ensuite à prendre son poste. Nous proposons même de vous former pendant quatre semaines s’il le faut, le tout pris en charge par Pénélope.”
Évidemment, la révolution numérique a permis d’accélérer la recherche d’emplois. Devant votre ordinateur, ou même smartphone en main, vous pouvez consulter des milliers d’offres d’emploi. Le site monster.fr, revendique 15 000 nouvelles annonces par mois dans tous les secteurs et pour tout type de contrat. Karl Rigal, responsable éditorial de Monster, livre le quarté des secteurs qui recrutent : les fonctions commerciales, l’informatique, les métiers du chiffre (comptabilité, fiscalité, audit) et ceux de l’ingénierie.
Les professions techniques se prêtent toutefois plus à un recrutement express. “Si l’employeur passe à côté d’une journée de production parce qu’il manque de main-d’œuvre, il peut perdre beaucoup d’argent. Pouvoir être immédiatement déployé sur le terrain facilite l’embauche rapide”, renseigne Karl Rigal, qui insiste sur un autre point : il faut bien connaître la situation de son bassin d’emploi et de sa branche d’activité. “Un développeur Web doit savoir que son métier est demandé et que l’employeur aura tout intérêt à le recruter rapidement”, explique le responsable éditorial de Monster.
Prêter l’oreille
Chercher un emploi en tapotant sur son clavier depuis son salon ne suffit pas toujours. La clé dans une recherche autant contrainte par le temps est de raccourcir au maximum la période de mise en relation avec les recruteurs. “C’est le principal enjeu”, acquiesce Frédéric Dajean, responsable d’équipe à l’agence Pôle emploi de Bordeaux-Mériadeck. Il est peut-être dès lors temps d’user ses baskets. Les forums pour l’emploi réunissent sous le même toit chômeurs et employeurs. “Tous les ans, au mois de septembre, nous organisons à Bordeaux une journée de rencontres autour des métiers du commerce, raconte Frédéric Dajean. De 9h à 18h, les demandeurs d’emploi peuvent se présenter en cinq minutes.” L’ensemble de ces rencontres sont répertoriées dans l’application pour smartphone “Événements – Pôle emploi”.
Il reste une dernière méthode pour tenir sa bonne résolution de l’année : sortez de chez vous, marchez et ouvrez les yeux. Les commerçants de votre quartier cherchent peut-être pour quelques heures un vendeur. D’une simple discussion informelle peut parfois émerger une opportunité professionnelle. “Un jour, j’entre chez un caviste et je discute avec un œnologue, raconte Mathieu Menet, fondateur de l’association “2 mois, 1 job”. Nous nous sommes aperçus que nous venions du même coin et que sa femme y possédait un domaine. Il m’a donné son numéro et c’est ainsi que j’ai décroché un entretien quelques jours plus tard.” Coup de chance ? Non, état d’esprit positif, on vous dit.