La question ne se pose plus. Il faudra nécessairement évoquer son handicap. Il y va de la santé du candidat et de la relation de confiance qui doit s’établir avec le futur employeur.
Le CV, sans la mention du statut de personne handicapée, a donc attiré l’œil d’un recruteur. Première étape franchie. L’obtention d’une entrevue. Mais désormais, la question doit être tranchée. Il faudra pour la plupart des spécialistes évoquer son handicap lors de l’entretien d’embauche. Pour Marc le Blanc, directeur des ressources humaines et Laurence Bianco, chargée de mission diversité chez Icade, il y va avant tout de la santé même du candidat et d’une relation de confiance avec l’employeur : “L’entretien est la dernière étape, selon nous, avant de mentionner son handicap. Cela nous semble plus délicat une fois l’embauche faite même si nous concevons que la chose soit délicate et qu’il y va d’un choix personnel du candidat. Si dans 80 % des cas, le handicap est invisible, il ne faut néanmoins pas le cacher. Car le salarié compensera son handicap par ses propres moyens. Il va s’épuiser, aggraver son état de santé et risquer de se mettre en échec dans son poste. Il ne faut pas avoir peur de demander de l’aide.”
Ne pas se mettre en en échec
Certains employeurs se veulent une nouvelle fois pragmatiques. Mentionner son handicap avant l’entretien, c’est aussi l’assurance que ce dernier se déroule dans les meilleures conditions. “Si un candidat a des besoins particuliers pour celui-ci (interprète en langue des signes par exemple), ils pourront être pris en charge par la mission handicap. Si un aménagement est nécessaire lors de l’entretien il est préférable de mentionner son statut de travailleur handicapé dès l’envoi de la candidature et faire part du besoin lors de la proposition d’entretien”, précise Sandrine Lenoble, responsable mission handicap chez But. Avis partagé par Hugues Defoy de l’Agefiph : “Si pour l’entretien d’embauche, un personne a besoin d’un interprète, d’un aménagement spécifique, etc., il faut qu’elle le précise et demande à Cap emploi [association aidant le recrutement et l’intégration professionnelle de travailleurs handicapés] de l’appuyer sur ce besoin.” Néanmoins, au-delà de potentiels aménagements à prévoir pour ce rendez-vous, le candidat doit avant tout rester centré sur son objectif professionnel. “Et plus précisément sur le poste de travail pour lequel il se présente. Le job pour lequel ce dernier a les compétences professionnelles requises”, estime Dominique Le Douce, directeur des actions associatives de Ladapt. S’il est difficile d’oublier son handicap, il est néanmoins impératif de savoir pourquoi l’on va être recruté. “Il n’y pas de différence avec une personne valide ! Un employeur ne recrute pas un handicap, il recrute des compétences”, milite Hugues Defoy de l’Agefiph.
Ne pas oublier ses compétences professionnelles
Compétences, le mot doit donc résonner dans l’esprit des candidats. “Une personne ne sera pas recrutée pour son handicap, mais pour ses compétences et sa personnalité. Le handicap sera considéré pour prendre en compte les besoins spécifiques de la personne en matière d’adaptation de l’environnement et de l’organisation du travail. Simplement pour compenser le handicap et permettre au salarié de réaliser son travail dans de bonnes conditions”, précise Redwane Bennani, directeur associé chez Talents Handicap, un forum en ligne pour l’emploi de candidats en situation de handicap. On le voit les acteurs institutionnels sortent leur bâton de pèlerin pour faire bouger les mentalités. À l’image de Karine Reverte, directrice du CCAH (comité national coordination action handicap) : “Handicapé ou pas, c’est la même préparation quand il s’agit de préparer son entretien d’embauche. On met en avant ses compétences, son passé professionnel, ses réussites, etc. Simplement, s’il le faut, on va présenter ses besoins en aménagement de poste.”