Si le numérique, y compris en matière de recrutement, offre un large champ des possibles, il faut néanmoins avancer à tâtons. Car la recherche d’emploi, surtout sur la Toile, reste un faux ami. Il est des règles à suivre pour ne pas faire de faux pas, bien à l’abri derrière son écran d’ordinateur.
Internet reste avant tout un vecteur qui impose une très grande réactivité dans la recherche d’emploi. “D’où la nécessité de se créer une alerte e-mail afin de recevoir directement dans sa boîte électronique les offres d’emploi susceptibles de vous intéresser”, note Charles Chantala, senior sales director chez Indeed, métamoteur de recherche d’emploi. Même constat pour Kim-Xuan Nguyen, responsable marché emploi chez Leboncoin. Pour ce dernier, il est impératif également de s’inscrire aux alertes pour être informé des nouvelles opportunités. “Côté réactivité, les chiffres sont significatifs. Il faut dix jours pour trouver ou pourvoir un emploi en moyenne sur Leboncoin.” Et ce dernier de poursuivre plus avant : “870 000 personnes ont trouvé un job grâce à notre site en 2017. De plus, 71 % des emplois sont pourvus en moins d’un mois.” Autant dire donc que la réactivité est l’une des clés de ces nouveaux recrutements en ligne. Indeed, Monster, RegionsJob, autant de jobboard dont les alertes sont primordiales pour faciliter la recherche d’un emploi.
Candidature et veille entreprise
Par ailleurs, tous les experts du sujet s’accordent à dire que le candidat doit désormais être beaucoup plus proactif dans un marché de l’emploi tendu. Surtout dans cette digitalisation du recrutement. Il est impératif désormais de bien connaître l’entreprise avant de faire acte de candidature.
“Mon conseil aux candidats : se renseigner sur la société en amont de tout entretien, aller voir nos vidéos sur notre chaîne Youtube Sixt France, ou encore nous suivre sur nos réseaux sociaux, explique Thierry Jouzier, directeur des ressources humaines chez Sixt France. Notre objectif est d’attirer de nouveaux talents, et pour cela nous les cherchons tant sur les réseaux sociaux que sur les sites d’emploi/jobboard traditionnels. Bien sûr, nous avons également un site Carrières en propre sur lequel tous nos postes sont publiés. Par là même, nous souhaitons faire découvrir la culture de notre entreprise, son ADN, afin que lorsque nos candidats postulent, ils aient une idée de ce qui les attend et qu’ils puissent envoyer leur candidature en toute connaissance de cause.”
Avis pleinement partagé par Charles Chantala pour qui, plus que jamais, les chercheurs d’emploi ne postulent plus à une offre sans se renseigner au préalable : “Les internautes veulent en savoir plus sur l’entreprise avant de candidater. Grâce aux pages entreprises de notre métamoteur, les personnes peuvent consulter les actualités de toute entreprise mais aussi prendre connaissance des avis et évaluations laissés par des collaborateurs ou ex-collaborateurs de l’entreprise.” Les nouvelles technologies facilitent ces recherches. Il faut en profiter !
Du recrutement en mode réalité virtuelle
On le voit, toutes les entreprises qui recrutent sont présentes sur la plupart des réseaux sociaux. D’ailleurs, à chaque réseau, sa génération. Les générations X (ceux nés entre 1966 et 1976) pour Facebook, Y (entre 1980 et 1999) et Z (les plus âgés ont vingt ans) pour Instagram et Twitter.
Le spécialiste de la location de voiture Sixt, s’il ne dispose pas de comptes Carrières dédiés sur Facebook ou Twitter, laisse néanmoins ses équipes de community management poster régulièrement du contenu lié aux ressources humaines. En début d’année, ce dernier a lancé un compte cette fois-ci sur Instagram. “Sur ce compte, nous dévoilons notre culture d’entreprise et laissons de temps à autre les rênes du compte à nos collaborateurs-ambassadeurs désireux de présenter leur quotidien en image. Ceci nous permet de donner un aperçu à nos followers de nos métiers et leur donner envie de nous rejoindre”, ajoute Thierry Jouzier. De l’importance pour les candidats d’avoir une parfaite maîtrise des outils de communication modernes.
D’autant plus que Facebook envisage d’ailleurs de mettre en place une plate-forme d’emploi. Parmi les nouvelles formes de recrutement développées par Sixt, on trouve la réalité virtuelle comme détectrice de talent. “Ce sont des mises en situation virtuelles pendant l’entretien de recrutement. Nous avons développé, en partenariat avec Pitchboy, un scénario de simulation de vente, 100 % immersive, personnalisé pour Sixt, dans lequel le candidat est immergé à l’aide d’un casque de réalité virtuelle. À l’issue de la simulation, le recruteur et le candidat peuvent avoir un debrief complet et personnalisé de la prestation (replay, indicateur clé de performance et évaluation)”, poursuit Thierry Jouzier. Une manière pour ces recruteurs de mettre l’accent sur les soft skills des candidats. Des techniques d’embauche qui gagnent en souplesse et en agilité.
Attention au b.a.-ba
Pour autant, il est impératif, quel que soit le média, de ne pas s’éparpiller. Les avis sont unanimes sur la question. Ces nouvelles formes de recrutement imposent les mêmes règles que l’ancienne. Vérifier son orthographe. La base. Même s’il est utile de le rappeler.
Pareillement, cette proximité de circonstance avec les recruteurs via les réseaux sociaux, ne doit pas surtout faire oublier l’essentiel. “S’il faut de plus en plus savoir faire la différence et se démarquer, l’originalité c’est bien, mais pas trop. Le buzz médiatique envisagé n’est pas forcément le bon moyen de trouver un emploi. Le cadre professionnel n’est pas à oublier car la séduction mutuelle par ces aspects plus privés ne compensera jamais les compétences et les aptitudes professionnelles nécessaires au quotidien dans un métier, quel qu’il soit. Si les annonces emploient de plus en plus le tutoiement plutôt que le vouvoiement pour capter la génération Z, née à partir de l’an 2000, il ne faut pour autant pas se sentir trop à l’aise et oublier le contexte professionnel qui reste prépondérant malgré les apparences ”, prévient Alice Maillard, manager en recrutement industriel chez Fed Business.
Attention donc à la familiarité que pourrait laisser entendre une fausse complicité. En effet, il y a moins de verticalité. Les recruteurs sont presque tous joignables. Leurs actualités ou celles de leurs entreprises visibles et disponibles sur le Net. De plus, le grand nombre d’offres disponibles sur le Web impose également une plus grande hiérarchie dans les choix. “À l’abri derrière son écran d’ordinateur, on peut en effet être tenté de répondre à n’importe quelle annonce sans cibler l’offre en fonction de ses compétences ou de ses envies réelles. Mieux vaut privilégier la qualité de ses candidatures plutôt que la quantité”, note Thierry Jouzier. Et celui-ci de conclure : “Il est impératif de passer du temps à personnaliser sa candidature en fonction de ce qui est demandé dans l’annonce. Cela fera toute la différence pour le recruteur. Candidater à la va-vite au maximum d’annonces possibles est un sérieux écueil.” On l’aura donc compris, il est impératif de conserver les anciennes méthodes de candidature tout en les transposant simplement sur ces nouveaux médias.
—> Cet article est issu du numéro 249 du magazine print de Rebondir, sorti en 2 mai 2019. Abonnez-vous ou retrouvez le dernier numéro en kiosque dans toute la France !
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