Rebondir a demandé à Aurélien Cadou, président de l’Anaf, d’évoquer l’apprentissage au regard de la crise sanitaire actuelle. L’Association nationale des apprentis de France se mobilise pour que la filière ne paie pas les pots cassés.
Est-ce que la sortie de crise va nécessiter un plus grand nombre d’apprentis ?
Il est difficile de prédire les besoins des entreprises. Quoiqu’il en soit, les apprentis ne doivent pas être considérés simplement comme une main d’œuvre. Notre peur est plutôt qu’il y ait une très forte baisse du nombre d’apprentis, liée à deux aspects : nous sommes en pleine période de recrutement des futurs apprentis par les écoles. Elle est rendue très difficile à cause du confinement. De plus, les entreprises risquent de recentrer leurs priorités de recrutement, soit de les limiter en cas de difficultés financières, ou de se concentrer sur des salariés opérationnels dès leur recrutement.
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Comment faire en sorte justement que les entreprises ne se replient pas sur elles-mêmes ?
Nous travaillons actuellement sur des propositions, qui pourront évoluer, tout comme la situation actuelle, qui serviront à alimenter le travail du ministère du Travail. Nous tablons sur d’éventuels avantages financiers pour le prochain recrutement d’apprentis afin que le coût de ces derniers ne rentrent pas dans les critères d’embauche. Difficile de faire plus malheureusement. Nous allons également proposer aux trois fonctions publiques de recruter beaucoup plus d’apprentis (les chiffres ne sont pas très bons dans le public) pour palier une éventuelle baisse de l’offre dans le secteur privé. Et s’il n’y a pas de baisse dans le privé, ce ne sera pas perdu, entre nous, de dynamiser un peu le secteur public !
En dépit du confinement, il doit être très difficile en ce moment de recruter des apprentis en écoles ?
Nous avons communiqué aux CFA un ensemble d’outils numériques pour maintenir des portes ouvertes en version digitale. Dans le même cadre qu’à la question précédente, nous allons proposer que les établissements scolaires laissent les étudiants se rendre une journée dans un CFA durant des semaines de cours pour permettre de palier l’absence de portes ouvertes. Nous espérons qu’une communication et des actions d’accompagnement par l’État, les écoles et les CFA seront mises en place pour s’assurer que la dynamique de l’apprentissage ne retombe pas. Malheureusement, et malgré tout ce qui pourra être mené, cela impactera beaucoup plus les jeunes en difficulté, notamment les ‘neets’ [jeunes déscolarisés sans emploi] dont la Ministre parle régulièrement, qui ne possèdent pas forcément les outils numériques ou les compétences pour faire les portes ouvertes en ligne.