Directeur général de l’Agefiph, association pour l’insertion des personnes handicapées, Didier Eyssartier revient, pour Rebondir, sur cette crise sanitaire qui fragilise plus que jamais les personnes en situation de handicap.
Pouvez-vous nous donner quelques chiffres sur la part des travailleurs handicapés en chômage partiel ou concernés par le télétravail ?
Nous n’avons malheureusement aucune visibilité sur le sujet. La question n’est jamais directement posée lors des sondages ou des enquêtes statistiques ou dans le cadre des dispositifs administratifs. C’est un grand classique. La plate-forme MobilisationEmploi, par exemple, lancée par le ministère du Travail, ne permet pas de récupérer des données sur les personnes handicapées en chômage partiel. Quoiqu’il en soit, pour une grande majorité, ces personnes sont très probablement en première ligne. Elles occupent des missions peu accessibles au télétravail. Beaucoup sont caissières et travaillent dans le secteur de la santé. Certains sont entrepreneurs et pour une partie d’entre eux sans activité actuellement.
Comment avez-vous géré l’arrêt brutal des formations ?
Il est vrai, qu’en raison du confinement, de nombreuses formations se sont arrêtées du jour au lendemain. Certains ont réussi à poursuivre en utilisant des modalités de formation à distance. Je tiens également à préciser que l’Agefiph continuera de verser les rémunérations aux candidats même si ces formations se sont subitement arrêtées. Il est très important que l’Agefiph intervienne et soutienne les personnes et les entreprises dans une situation déjà très tendue. De même, nous avons décidé de verser les rémunérations aux personnes qui ne se sont pas rendues initialement à la formation pour se protéger de la pandémie, partant du principe que c’était indépendant de leur volonté.
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Que dit cette pandémie dans la manière dont on traite les personnes en situation de handicap ?
Il est impératif de reconsidérer la manière dont on agit avec les personnes les plus fragiles dans notre société. Il faut réussir à intégrer dans cet immense collectif tous ceux qui peinent à trouver leur place, quelles que soient les circonstances.
Comment percevez-vous cette crise sanitaire ?
Il faudrait analyser tout d’abord à froid ce qui a marché et ce qui n’a pas fonctionné. Il est un peu tôt pour le dire au regard du foisonnement d’initiatives qui ont vu le jour. Nous devrons en tirer les leçons, identifier les bonnes pratiques. Voyez-vous, en ce moment, il existe paradoxalement une égalité imposée entre les personnes valides et celles en situation de handicap. Tout le monde étant confiné chez soi. Je crains surtout que le redémarrage économique se fasse sans les travailleurs handicapés. Nous étions, avant cette pandémie, dans une bonne dynamique. La récession risque de nuire à cette dynamique, et que nous perdions les progrès obtenus. Surtout lorsque l’on sait que l’on retrouve les taux de chômage les plus élevés justement chez les personnes en situation de handicap. Je crains que de vieux réflexes se remettent en place pour sauver notre économie en rendant encore plus invisibles des gens qui l’étaient par trop déjà.