Emploi

Emploi : Vers une Garantie jeunes universelle ?

Alors que le gouvernement a décidé de prolonger le plan “un jeune, une solution” au-delà de janvier 2021, un rapport préconise d’élargir considérablement l’accès à la Garantie jeunes. Un dispositif d’insertion destiné aux jeunes précaires, qu’Elisabeth Borne promettait déjà de développer en doublant ses bénéficiaires d’ici 2022.

En novembre 2020, quand le deuxième confinement prenait fin, Elisabeth Borne annonçait plusieurs mesures destinées à aider les jeunes précaires, sans emploi. Outre une “aide exceptionnelle” de 900 euros par mois, la ministre du Travail promettait de doubler le nombre de bénéficiaires de la Garantie jeunes en 2021, afin d’en faire bénéficier 200 000 jeunes.

Généralisé en France en 2016, ce dispositif, qui fait partie du “parcours contractualisé d’accompagnement vers l’emploi et l’autonomie” (PACEA), permet aux jeunes de 16-25 ans en situation de grande précarité (sans emploi, ni formation), de bénéficier d’un “accompagnement renforcé” par une mission locale. Il comporte des périodes de formation, des mises en situation en entreprise, un accompagnement social et professionnel. Il est assorti d’une aide financière de 484 euros par mois, pour faciliter leurs démarches d’accès à l’emploi.

En juillet 2020, Xavier Joutard, économiste à l’OFCE, nous délivrait une série de propositions pour aider l’emploi des jeunes. Parmi elles, “l’amplification” de la Garantie jeunes. “Ce dispositif, qui vise les jeunes sans emploi ni formation, donc les plus vulnérables, est plutôt efficace, et il faut le développer. Mais attention toutefois : il pourrait se retrouver en concurrence avec d’autres dispositifs, comme celui des Écoles de la 2e chance, où les missions locales essaient aussi d’envoyer des jeunes… les mêmes que ceux qu’ils font entrer dans la Garantie jeune”, prévenait-il alors.  Redoutant un “manque de coordination et de cohérence, qui risquerait de fragiliser le développement des Ecoles de la 2e chance”.

 

Un “droit” pour tous les jeunes précaires

Remis ce jeudi 7 janvier au gouvernement, un rapport du Conseil d’orientation des politiques de jeunesse (COJ) plaide pour un “élargissement” de l’accès à la Garantie jeunes. En effet, s’il est considéré comme efficace par la Dares (1), ce dispositif n’a concerné en 2019 que 100 000 bénéficiaires, car les conditions d’entrée sont telles “qu’elles excluent un certain nombre de jeunes précaires”, indique Antoine Dulin, président du COJ et co-auteur du rapport.

Pour le COJ, la Garantie jeunes devrait devenir un “droit ouvert à tous” les jeunes précaires en cette période de crise sanitaire. Dans son rapport, la commission propose notamment de revoir les conditions de ressources et de supprimer le critère “sans emploi, ni études, ni formation”. Car cela exclut par exemple des salariés occupant des “emplois alimentaires” sur des contrats très courts.

Le rapport suggère notamment d’allonger la durée des aides, limitée actuellement à un an. Une durée considérée par le COJ comme trop courte pour accéder à un logement. Autre proposition : ne pas orienter le dispositif que sur l’emploi, afin pour toucher des publics qui ont d’autres difficultés, comme les mineurs non-accompagnés. “La Garantie jeunes doit être demain la porte d’entrée pour tous les parcours d’accompagnement des jeunes en situation de précarité puisqu’elle allie accompagnement et garantie de ressources. C’est une allocation au montant du RSA, mais avec un accompagnement qui a toujours été le point faible des minimas sociaux RMI/RSA, dont les 16-25 ans ne bénéficient pas”, écrit Antoine Dulin.

 

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Le rapport préconise enfin de renforcer les missions locales, en personnel et en locaux. Mais aussi en leur versant 1 600 euros pour  chaque jeune suivi.

Mardi 5 janvier, Elisabeth Borne, favorable à une “Garantie jeunes universelle” plutôt qu’un RSA jeunes, s’est engagée à “ce que chaque jeune ne soit pas empêché d’entrer dans un parcours vers l’emploi parce qu’il aurait un problème de rémunération”.

 

Le dispositif “un jeune, une solution” prolongé au-delà de janvier

À noter enfin que le gouvernement a décidé de prolonger les primes à l’embauche en CDD longs et CDI du plan “un jeune, une solution” au-delà du 31 janvier 2021. Ainsi que celles pour les contrats d’apprentissage et de professionnalisation au-delà du 28 février.

“La situation sanitaire va rester difficile dans les prochaines semaines et va nous conduire à prolonger ce dispositif”, a justifié Elisabeth Borne, le 3 janvier dans le Journal du dimanche (JDD). “Les chiffres montrent que notre plan porte ses fruits : 1,05 million de jeunes ont été recrutés en CDD d’au moins trois mois ou en CDI, entre août et fin novembre 2020, soit presque autant qu’en 2019. Plus de 220 000 primes ont déjà été distribuées”, conclut-elle.

En outre, 35 dirigeants de grands groupes (BNP, Axa, Carrefour, Total, Schneider Electric, Microsoft…) ont appelé, également dans le JDD, les entreprises à “proposer plus de 100 000 offres d’emploi d’ici à fin janvier” à destination de la jeunesse.

 

(1) Fin 2019, les trois quarts des bénéficiaires avaient un niveau en dessous du bac et 43,5 % d’entre eux avaient accédé à un emploi, à une formation, à un contrat en alternance, ou à une création d’entreprise.

 

 

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