CVprofessionnel.com détaille, pour la 4e année consécutive, les erreurs à ne pas commettre sur son CV. Spécialisé dans la rédaction de lettres de motivation, CV et profil LinkedIn, le site a analysé près de 1 600 CV reçus en 2022, puis retravaillés, pour améliorer les candidatures de personnes à la recherche d’un emploi. Julien André, son fondateur, donne les clés pour mettre toutes les chances de son côté et retenir l’attention des recruteurs.
Pouvez-vous détailler les erreurs les plus fréquemment commises sur un CV ?
La plus marquante, qui concerne chaque année plus de 80 % des CV que nous recevons, est le fait d’énumérer une liste de tâches et de missions que l’on a effectuées sans vraiment les valoriser. Les candidats doivent montrer quelles sont leurs contributions et la valeur ajoutée qu’ils ont apportée. Il faut mettre en avant les résultats obtenus et les réussites, les objectifs atteints voire dépassés.
La deuxième erreur principale, c’est la manière de présenter la maîtrise des langues étrangères. La plupart des candidats mentionnent « Lu, écrit, parlé ». Nous l’avons observé dans plus des trois quarts des CV. Or, il existe le cadre européen commun de référence des langues, ou CECRL, qui permet aux recruteurs de vraiment identifier le niveau et de l’évaluer simplement, à partir de trois degrés : A, pour élémentaire ; B, pour intermédiaire ; C, pour expérimenté ; chacun ayant deux sous-catégories. Les candidats doivent donc adopter cette classification.
Enfin le troisième défaut, c’est oublier de mettre un lien vers son profil LinkedIn. Ce dernier est incontournable quand on cherche un emploi. Il permet d’être moins contraint qu’avec le format du CV. Le recruteur peut ainsi en savoir plus, il est rassuré quand il voit des recommandations d’anciens collègues ou employeurs : cela légitimise la candidature.
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Observez-vous des faux pas qui émergent depuis peu dans les CV ?
Oui, comme l’emploi exagéré d’anglicismes, que l’on note sur environ 40 % des CV, et de jargon interne ou les acronymes issus des précédentes entreprises où le candidat travaillait, constaté dans un tiers des cas. Cela pose des problèmes de compréhension : il faut se mettre à la place de la personne qui reçoit et lit le CV. Parfois, il s’agit d’un cabinet de recrutement qui ne connaît pas les termes techniques utilisés par ceux qui postulent.
Autre phénomène qui a pris de l’ampleur plus récemment, avec la pandémie : les trous dans le CV. Beaucoup de personnes ont choisi de prendre du recul, de s’occuper de leur famille, grâce au congé parental, ou d’elles-mêmes, grâce à une année sabbatique, de se former, d’envisager une reconversion complète ou une réorientation professionnelle, et certaines ont même été confrontées au chômage… Cela crée des périodes d’apparent vide dans un CV sur cinq selon nos statistiques. Or, il ne faut pas les laisser sans explications. Il est nécessaire d’en donner les raisons sur le CV, car il est fort probable que ce sera abordé en entretien. Donc mieux vaut être transparent dès le départ. L’idée est de tourner cette expérience de manière positive en montrant qu’elle a permis d’acquérir ou de développer des compétences comportementales, même en cas d’échec.
Les soft skills, ou compétences comportementales, ont-elles leur place sur un CV ?
Oui, totalement. Chez CVprofessionnel.com, nous aidons à en identifier cinq ou six, qui sont les plus représentatives du candidat selon le poste visé ou son projet professionnel. Il s’agit de les mettre en avant en se préparant à les justifier lors de l’entretien, car il ne suffit pas, par exemple, d’écrire qu’on a de l’aisance relationnelle, il faut le démontrer.
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Quelles sont les autres tendances qui se renforcent selon vous ?
Il y a d’abord un rapprochement avec le monde anglo-saxon dont les méthodes de recrutement incitent à ne pas indiquer des informations personnelles sur un CV : date de naissance ; adresse postale exacte, la ville étant suffisante ; situation familiale, comme le fait d’être marié ou non, d’avoir ou non des enfants… Cela permet d’éviter les biais et les discriminations. Toutefois, cela n’exempte pas les candidats, pour humaniser et personnaliser le CV, de mettre leur photo… mais pas un portrait non professionnel, comme nous le voyons encore dans plus d’un quart des cas.
Ensuite, l’usage actuel est aux CV courts, or les trois quarts des CV que l’on reçoit sont trop longs. Même un profil expérimenté, à la carrière conséquente, doit se limiter à une seule page avec l’essentiel car les recruteurs ne lisent pas 100 % du contenu des CV. S’ils sont intéressés, ils vont voir des informations complémentaires sur LinkedIn.
De plus, il est indispensable de savoir utiliser le champ lexical adapté car de plus en plus de CV sont présélectionnés via un logiciel. Cette forme de traitement automatisé implique de spécifier un titre, encore absent de la moitié des CV que nous recevons. Ce qui revient à envoyer un courrier électronique sans objet ! De même il est capital de synthétiser, en trois ou quatre lignes au début, son parcours avec les bons mots clés en fonction du poste ciblé. Ce résumé manque aux trois quarts des CV.