Formation

Féminisation des métiers : des exemples à suivre !

L’Afpa, agence nationale pour la formation professionnelle des adultes, vient de décerner les trophées « Métiers pour Elles », qui récompensent des femmes formées pour exercer dans des secteurs très majoritairement masculins. Retour sur des parcours inspirants, à l’occasion du 8 mars, de la journée internationale des droits des femmes.

Pour leur troisième édition, les trophées « Métiers pour Elles » furent riches en émotion. Le 6 mars 2023, anticipant la journée internationale des droits des femmes, la cérémonie s’est tenue à la Maison des Métallos, à Paris. Un clin d’œil à la nécessité de féminiser l’emploi dans de très nombreux secteurs, comme le souligne l’Afpa, agence nationale pour la formation professionnelle des adultes, qui organise ces prix depuis 2020 : « Alors que la France s’est fixée comme objectif d’atteindre un tiers de métiers mixtes en 2025, le pari est loin d’être relevé avec à peine 12 % de métiers mixtes et un marché du travail qui reste marqué par une répartition très genrée des métiers. Les barrières de genre subsistent limitant les horizons professionnels des femmes. » Ainsi, sur les 87 familles professionnelles existantes, douze concentrent la moitié des femmes en emploi, précise Pascale d’Artois, directrice générale de l’Afpa : « Il s’agit des métiers du tertiaire, des services, de l’éducation, de l’administration, de l’aide à la personne, de la santé et du social. De plus, d’une manière générale, le taux d’accès à l’emploi est de 73 % pour les femmes contre 79 % pour les hommes. »

Des métiers dits masculins porteurs d’emploi

Pour faire progresser la mixité, l’Afpa souhaite donc mettre en avant des femmes exerçant un métier accueillant plus de 70 % d’hommes, en les formant pour leur ouvrir de nouveaux horizons vers des secteurs comme l’industrie, l’informatique, le bâtiment, le transport ou la logistique. D’autant que ces domaines souvent considérés comme masculins font face à une pénurie de main d’œuvre et s’avèrent donc porteurs en termes d’emploi, quel que soit le genre.

Sur les 285 candidates aux 3e trophées « Métiers pour Elles », 44 dossiers se sont retrouvés en finale en raison de « l’originalité et la qualité des parcours, la pugnacité des candidates et les éventuelles difficultés qu’elles ont surmontées ». Et sept ont été primés, en présence de Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels qui a félicité les lauréates : « Un métier n’a pas de genre, vous êtes d’ores et déjà des exemples à suivre ! »

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Pascale Gérard, directrice de l’innovation sociale à l’Afpa, renchérit : « Des trajectoires singulières et des choix personnels deviennent une inspiration collective pour d’autres femmes porteuses d’un projet professionnel. En leur montrant la voie vers d’autres choix de formations et de métiers, elles contribuent à une évolution professionnelle qui augmente leur employabilité et leurs opportunités d’emploi, tout en contribuant à faire reculer les préjugés de genre et à construire un monde du travail plus mixte. »

Sept prix décernés à des femmes inspirantes

Le trophée Passionn’ELLE est attribué à une femme qui a construit son projet de longue date, malgré tous les obstacles. Anaïs Bonelli, 32 ans, l’a remporté alors qu’elle termine, à l’Afpa de Marseille, sa formation de contrôleuse technique de véhicules légers. Cette passionnée de mécanique depuis toujours a connu des années de galère, passant de chauffeuse routière à livreuse pour la restauration. « Après un accident de la route, on m’avait dit que c’était fini pour moi la mécanique, se souvient-elle. Mais j’ai refusé de renoncer et, à 30 ans, je me suis remise en question. Homme ou femme, peu importe tant qu’on fait un métier parce qu’on l’aime ! »

Le prix Essenti’ELLE, décerné à une femme qui se forme dans un métier où les hommes représentent plus de 95% des stagiaires de l’Afpa, a été remporté par Julia Macé-Garcia, 21 ans, formée à l’Afpa de Bordeaux au titre de constructrice bois : « J’ai fait un bac littéraire et la fac de sociologie pour devenir professeur des écoles, mais cela ne me correspondait pas, explique-t-elle. Mon grand-père, maçon qui travaille aussi le bois, m’a proposé de l’aider pour avancer des travaux et c’est un process qui m’a beaucoup plus. Je ne pensais pas faire de la construction en bois et, finalement, j’y trouve un grand intérêt. »

La récompense Professionn’ELLE, destinée à une femme salariée, est revenue à Audrey Schmidt, 45 ans, diplômée en 2021 à Rochefort pour être peintre en bâtiment. « J’ai été responsable marketing et communication dans un groupe automobile mais je regrettais le peu de reconnaissance et de considération, a-t-elle raconté lors de la cérémonie. Au bout de quatorze ans, j’ai ressenti un besoin radical de changement. » Sa plus grande satisfaction, à présent ? « L’effet waouh éprouvé par les clients quand ils découvrent le chantier de rénovation terminé. »

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Décisionn’ELLE, primant une femme créatrice d’entreprise, se porte aussi, cette année, sur le domaine du bâtiment, avec Sarah Ginesta, 32 ans, ex-manager dans la grande distribution devenue carreleuse, en 2018, grâce à l’Afpa de Perpignan.

Pluri’ELLE concerne une femme en reconversion, qui a identifié son métier après un parcours dans d’autres secteurs. La gagnante est Andreea Georgiana Berri Mabiala, Roumaine ingénieure en industrialisation du bois, arrivée en France à 30 ans et formée à Colmar pour être technicienne supérieure d’études en génie climatique.

Enfin, deux prix spéciaux s’ajoutent à cette liste. Le coup de cœur de l’Afpa pour Joanne Petiot, 18 ans, qui était en décrochage scolaire mais qui a su rebondir avec la formation, à Grenoble, d’agente de montage et de câblage en électronique. Et celui voté à l’unanimité par le jury, très touché par le courage de Cécile Tessier, 45 ans, mère au foyer pendant 17 ans et qui s’est formée pour être soudeuse dans l’industrie, à Saint-Nazaire. Un poste qu’elle exerce avec passion depuis six mois, alors qu’elle avait, à l’origine, un BTS en assurance.

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Retrouvez, dans le magazine Rebondir, d’autres témoignages de réorientation professionnelle et de nombreux conseils avec le dossier « Reconversion : misez sur la formation » ainsi que des portraits de femmes reconverties dans le dossier « Reconversion : ces métiers qui se féminisent ».

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