Emploi

Derichebourg : « Nous avons des besoins de main d’œuvre grandissants alors même que le marché du travail est en tension »

Le groupe propose des services externalisés très variés aux entreprises et collectivités afin de gérer les espaces urbains, les effectifs en interim mais aussi la propreté et la télésurveillance des bâtiments. Il apporte également des solutions à l’industrie. Pour surmonter les difficultés à l’embauche, faute de candidats suffisants, Malika Bouchehioua, directrice des ressources humaines de Derichebourg Multiservices, explique son plan de recrutement pour les prochaines années.

 

Pouvez-vous présenter vos activités dans toute leur diversité ?

Le groupe familial français Derichebourg s’est construit, à partir de 1956, sur des métiers historiques comme le recyclage des matières ferreuses et non ferreuses. Il y a quinze ans, il a créé, en plus de ces activités liées à l’environnement, le pôle multiservices qui englobe de nombreux métiers au sein de 18 filiales. Ils se répartissent en quatre grandes catégories. Tout d’abord les solutions de services apportées au secteur tertiaire. Il s’agit, par exemple, d’installer des systèmes de climatisation et/ou d’en assurer la maintenance. Ou encore de gérer l’intégralité de certains bâtiments en sous-traitance pour les entreprises qui y sont installées : de l’accueil à la propreté des locaux en passant par la télésurveillance ou la maintenance multi technique.

Le deuxième domaine concerne les espaces dans les villes : éclairage public, affichage urbain, maintenance des espaces verts, installation de mobilier urbain, etc.

Le troisième type d’activités, ce sont les solutions à l’industrie : nous sommes un important sous-traitant d’Airbus puisque la totalité des avions produits par le groupe passent par nous, en particulier pour le contrôle qualité. Mais nous travaillons aussi avec l’automobile, le nucléaire ou l’agroalimentaire, pour le nettoyage et la maintenance des sites, la logistique, la manutention, etc.

Enfin, la quatrième branche est liée aux ressources humaines : nous avons 60 agences d’interim généraliste en France qui placent les bonnes compétences au bon endroit pour nos clients. Nous proposons aussi un sourcing RH spécialisé pour l’emploi temporaire dans l’aéronautique, grâce à nos agences de Toulouse (31), Saint-Nazaire (44) et Marignane (13).

Quelles sont les opportunités d’emploi en France ?

En Europe, Derichebourg Multiservices compte plus de 36 000 salariés, dont 24 000 en France. Nos effectifs sont à 94 % non cadres. En 2022, nous voulions effectuer 5 000 recrutements en CDI dans l’Hexagone, dont 2 000 jeunes. Mais nous n’avons pas pu y parvenir. Nous maintenons le même objectif pour 2023. Et nous cherchons essentiellement à pourvoir des postes en Ile-de-France.

Le premier métier que nous embauchons, c’est celui d’agent de service qui assure, pour l’essentiel, la propreté dans les sites industriels ou les bureaux. Nos besoins de recrutements s’élèvent à 1 300 collaborateurs par an. Il n’est pas nécessaire d’avoir un diplôme ni de l’expérience ni de compétences techniques très poussées : le parcours d’intégration se fait via une formation assez simple. Le problème que nous rencontrons, c’est de parvenir à fidéliser à ces postes, où le turn-over est élevé. De plus, après le fort ralentissement lié à la pandémie, nous connaissons une reprise de l’activité plus rapide qu’anticipé. Nous avons des besoins de main d’œuvre grandissants alors même que le marché du travail est en tension.  Il y a donc parfois des pénuries chez les techniciens de maintenance par exemple : chaque année, nous en embauchons une centaine mais ces profils sont rares.

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Comment comptez-vous surmonter les difficultés de recrutement ?

Nous venons de lancer notre propre centre de formation d’apprentis, ou CFA, une première dans notre groupe. C’est un outil pour arriver aux 5 000 recrutements prévus en 2023, car il se focalise sur les métiers en tension et pour lesquels nous avons le plus de besoins. Nous nous projetons sur 200 apprentis à former à partir de juin, pour la première promotion. Et, d’ici à 2025, nous visons 3 000 apprentis passés par notre centre dont la formation dure de neuf à douze mois. Avec, à la clé, un CDI.

Les cursus les plus techniques se déroulent soit dans nos « murs », pour avoir une expérience de terrain directe : à Toulouse, pour l’aéronautique, et à Créteil (94). Les formations « hors les murs » se font en partenariat avec Montpellier Business School (MBS), l’IGS, spécialisé dans les ressources humaines, le groupe d’écoles Galileo et, enfin INHNI, organisme de formation en hygiène, propreté et environnement.

Quelles sont les spécialités de votre nouveau centre de formation ?

Le CFA concerne à 90 % des fonctions non cadres. Il y a d’abord l’expertise qualifiée en aéronautique pour laquelle il faut des employés certifiés et diplômés : c’est le cas des préparateurs aéronautiques, en charge du câblage, montage et nettoyage, avec des débouchés essentiellement à Toulouse, Saint Nazaire et Marseille.

Viennent ensuite les activités autour de l’énergie, en particulier les techniciens de maintenance : ceux qui installent des climatisations ou qui les entretiennent ; mais aussi ceux en charge de la maintenance multi-technique, de l’électricité et de la ventilation.

Enfin notre CFA forme à des métiers plus généralistes et ces cursus peuvent constituer des tremplins en interne pour certains de nos collaborateurs qui souhaitent se reconvertir tout en restant dans le groupe. Il s’agit de devenir gestionnaire de paie ou bien l’un des relais de la direction des ressources humaines : par exemple, les chefs de site ou d’équipe ainsi que les managers de proximité, notamment pour encadrer des équipes chargées de la propreté dans des locaux ou sur des chantiers.

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Qui peut postuler à l’entrée de votre centre de formation d’apprentis ?

Nous nous adressons essentiellement à des jeunes venus de l’extérieur afin de transmettre nous-mêmes les compétences dans des métiers plus ou moins techniques qui font face à une pénurie de main d’œuvre. Pas besoin de diplôme ni d’expérience pour intégrer notre CFA. En revanche, il faut des qualités et des compétences comportementales telles que la motivation, l’envie de travailler, l’engagement. Mais aussi l’esprit de service vis-à-vis des clients et de leurs demandes : il est indispensable d’aimer la proximité et d’avoir un bon relationnel. Comme nous avons des hiérarchies courtes, avec peu de strates, les chaînes de décisions sont courtes : mieux vaut donc être autonome et agile, aimer prendre des initiatives et des responsabilités.

Comment se traduit votre politique d’inclusion et de diversité ?

Derichebourg Multiservices comprend 60 % de collaboratrices, plus nombreuses dans certaines filiales, par exemple les agences d’interim, et moins dans d’autres activités, comme l’aéronautique, l’électricité, la climatisation. Notre but est d’atteindre la moitié de femmes parmi les managers d’ici à 2030. La même année, l’objectif est d’avoir au moins 7 % d’emplois de personnes en situation de handicap sur l’ensemble de nos effectifs. Actuellement, nous remplissons l’obligation d’emploi de travailleurs handicapés, qui est fixée à 6 %.

En matière d’inclusion, nous misons aussi sur les jeunes car la moyenne d’âge au sein du groupe s’élève à 47 ans. Or il faut assurer la transmission entre les générations. De plus, en lien avec Pôle emploi, nous avons des partenariats en faveur de l’insertion de public éloigné de l’emploi : « Sport dans la ville », « Nos quartiers ont du talent », etc.

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Existe-t-il des passerelles entre les métiers ou les activités ?

Oui et, d’ailleurs, pour attirer les candidats, nous leur précisons qu’ils n’intègrent pas seulement un poste mais un groupe avec des formations et des perspectives d’évolution. Nous menons une gestion dynamique et croisée des parcours au sein du groupe.

Comme nous avons des difficultés à recruter des candidats en externe, nous les cherchons en interne. Ainsi, en 2022, Derichebourg Multiservices a connu mille promotions et mobilités internes. Nous avons aussi une charte pour accompagner la mobilité dans toute la France, avec le principe appelé « game » : c’est la « garantie au moins équivalente » en termes de postes et de salaires pour ceux qui changent de région en restant dans notre groupe. Et il nous arrive même d’accorder des aides au déménagement.

Quelle est la démarche pour postuler chez Derichebourg Multiservices ?

Il suffit d’aller sur la page « carrière » du site www.derichebourg-multiservices.com, avec ses offres d’emploi, l’espace pour candidatures spontanées et la bourse d’emploi interne.

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