Les métiers de l’automobile recrutent. À commencer par la profession de carrossier, souvent associée à la casquette de peintre automobile, qui allie passion et minutie. Un métier pour les amoureux de l’auto que nous avons découvert, à Saint-Ouen l’Aumône, chez Zecarrossery, qui nous a reçus début janvier dernier.
Comme il le fait avec ses nouveaux clients, l’enthousiaste patron François Bernabé, membre du réseau Zecarrossery depuis trois ans, nous fait faire le tour de son atelier à la rencontre de ses équipes. Quatre gaillards, dont un chef d’atelier spécialiste de la peinture, deux carrossiers-peintres et un carrossier tôlier-formeur, ainsi qu’une apprentie encore à l’école: à elle seule cette petite équipe réalise toute opération de carrosserie, de réparation de jantes, de peinture et même de restauration de véhicules anciens. Rien que ça. « Dans le métier, on a besoin d’opérateurs polyvalents, qui redressent la carrosserie, qui peignent, explique le patron, et le recrutement est l’un des points noirs du secteur« . Autrement dit, ce n’est pas le travail qui manque, mais le métier exige plusieurs années d’apprentissage, le plus souvent via un CAP et un bac pro en alternance entamés très jeune. Face à moi, c’est tout un atelier qui bouillonne. Des portes par-ci, des pare-chocs par-là, des voitures recouvertes et prêtes à peindre, d’autres qui attendent sagement leur tour.
Le cheminement classique d’une voiture en carrosserie commence par le redressage de la tôle ou de la pièce accidentée, à l’aide d’outils actifs ou passifs permettant de façonner la surface. Ensuite, le carrossier peut appliquer un mastic pour colmater les rayures et les parties à recouvrir. Ainsi qu’un apprêt, une couche qui sert de base à la peinture. A chaque étape, le ponçage est très important pour aplanir les surfaces et surtout éviter de conserver des imperfections qui se verront inévitablement en bout de chaine. Autant dire que le travail de carrossier-peintre est minutieux ! Jorge, 33 ans, second d’atelier et tôlier-formeur spécialiste des véhicules anciens me l’explique : « notre métier c’est un enchaînement de beaucoup d’étapes, si une est mal faite, cela se verra sur le résultat final. Il n’y a rien de plus minutieux que la carrosserie-peinture dans les métiers manuels« . Un véhicule ou une pièce passe d’un poste à l’autre, et le carrossier sait que la qualité de son travail doit faciliter celui de son collègue ensuite et surtout lui éviter de devoir revenir en arrière et perdre un temps précieux.
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En amont, le chef d’atelier ou son adjoint sont amenés à réaliser le devis des prestations, en évaluant le temps de travail et les tâches nécessaires. Dans certains cas, les carrossiers doivent travailler sur des pièces inaccessibles qu’ils devront démonter au préalable, dans d’autres ils pourront redresser et repeindre la carrosserie directement sur la voiture. Surtout, chez Zecarrossery, aucune journée ne se ressemble et chacun est susceptible d’aider aux tâches de l’autre. Redressage, façonnage, application de mastics et d’apprêts, ponçage, préparation à la peinture, peinture… « Ce que j’aime dans le métier c’est de pouvoir diversifier mes tâches, témoigne Gabriel, carrossier-peintre de 22 ans (et meilleur apprenti d’Ile-de-France en 2020 !), on peut lâcher la carrosserie et aller en peinture ou inversement. On ne se lasse pas à faire tout le temps la même chose »
Pour me mettre à contribution, Jorge me fait participer au décapage du capot de la voiture ancienne qu’il restaure depuis un an, une Opel Rekord de…1962 ! A l’aide d’un outil de ponçage, j’égalise la tôle, patiemment formée par Jorge, et je mesure la précision de son travail.
Métier passion
Une fois la voiture et ses pièces bien redressées, place à la préparation de la peinture. C’est là que le chef d’atelier Ludovic, 41 ans, intervient et me montre la technique de ponçage à l’eau à l’aide d’un papier à poncer plus ou moins épais. Attention, la pression des doigts doit être constante et bien répartie sur le papier pour éviter un travail inégal qui, là encore, se fera ressentir à l’étape suivante. C’est à ce moment que sont corrigés les derniers défauts sur la carrosserie. Les doigts bien serrés, je m’essaie donc au ponçage, sous le regard bienveillant de Ludovic qui me voit tout hésitant. Une fois la voiture poncée et séchée, ses parties à protéger « cachées« , un coup de peinture et elle sera comme neuve. « C’est ça qu’on aime, la satisfaction de voir repartir un véhicule tout beau et comme neuf !« , me lance au passage Alex, carrossier-peintre. Pour se préparer à peindre, Ludovic utilise un outil dernier cri : un spectrophotomètre qui, relié à un ordinateur, lui permet d’analyser avec précision la teinte de la voiture pour se rapprocher le plus possible de celle d’origine. Un sacré changement dans le quotidien des carrossiers-peintres.
A chaque étape, les membres de l’atelier disposent du matériel de protection nécessaire. Des gants et des masques pour éviter d’être en contact direct avec des produits et de la peinture, des casques anti-bruit (un atelier est un lieu bruyant !), ou encore des chaussures et combinaisons de protection selon le besoin. Tous le rappellent, le travail peut être pénible. « Si on n’est pas passionné, on ne tient pas longtemps, me confie Jorge, c’est un métier qui s’apprend après plusieurs années d’expérience et qui demande de la persévérance. Moi je suis passionné, et c’est un régal ! » De quoi couper court à toute tentative de limiter la carrosserie à une voie de garage pour mauvais élèves, sans mauvais jeu de mots. Au contraire, voilà un métier de savoir-faire et de professionnels enthousiastes qui ne demandent qu’à transmettre leur goût de l’automobile.