Des métiers manuels, qui permettent de voir des réalisations concrètes, de ressentir le plaisir du faire soi-même : c’est ce que propose l’artisanat. Ce dernier confirme son dynamisme observé depuis quelques années déjà. Il devient encore plus accessible par le biais de l’apprentissage : ainsi chacun peut se former.
Les Français aiment leurs artisans. Mieux, ils leur font confiance pour 83 % d’entre eux. Tel est le chiffre avancé par le Cevipof (centre de recherches politiques de Sciences Po), dans la dernière édition de son Baromètre de confiance politique, dévoilé mi-mars 2023. L’artisanat est l’organisation à laquelle les Français croient le plus, avant la science et les PME. Autre preuve de cet engouement, les chiffres du Baromètre ISM-Maaf de septembre dernier : durant l’année scolaire 2020/2021, les entreprises artisanales ont accueilli près de 176 000 apprentis, soit une hausse de 15 % par rapport à 2020. Ainsi, l’artisanat a formé 28 % du total des apprentis. Ce chiffre est le plus fort depuis 2010, conséquence heureuse de la réforme de l’apprentissage initiée par la loi de septembre 2018. Joël Fourny, président de CMA France (Chambre des métiers et de l’artisanat), parle d’une « réussite » : « C’est ce que nous souhaitions, que l’artisanat prenne un vrai sens, puisque c’est une voie d’excellence et de formation. »
Nouvelle vie professionnelle
Et ce surtout depuis les récentes crises, celle du Covid en tête, pendant laquelle les Français ont redécouvert l’importance des métiers manuels et exprimé le besoin d’un travail porteur de sens. « On pose désormais un autre regard sur l’artisanat, poursuit Joël Fourny. Il permet à différents publics de s’épanouir dans des activités professionnelles, d’être indépendants et de répondre à l’envie de sens, notamment au travers du geste. » Un constat que confirme Nicolas Le Riche, secrétaire général du BTP CFA Aura, en mentionnant une étude réalisée en 2021 auprès de leurs diplômés. « Ce qui les a attirés ? Des métiers concrets qui permettent de voir le résultat de ce qu’ils ont produit. Ils se sentent utiles dans la société. De plus, la diversité des chantiers fait que le travail n’est jamais monotone, énumère-t-il. Ils apprécient également d’être rapidement autonomes et d’avoir de multiples possibilités d’évolution professionnelle. »
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Ainsi, les filières d’apprentissage dans l’artisanat voient deux sortes de publics les rejoindre. D’une part les jeunes : ces derniers cherchent souvent à exercer des métiers passions, dans la perspective d’une carrière professionnelle qui répondra à toutes leurs ambitions. « Pendant longtemps, l’artisanat était considéré comme une filière pour les cancres, relève Dominique Anract, président de la Confédération Nationale de la Boulangerie-Pâtisserie Française (CNBPF). Aujourd’hui, il y a vraiment des jeunes qui veulent se lancer par choix. Ce sont des filières qui ont repris du poil de la bête, dans le sens où il y a une grande diversité de métiers attrayants. Les émissions culinaires n’y sont pas pour rien… » Autres aspirants artisans à gonfler les rangs des apprentis : les actifs en reconversion. Ils ont envie de se réaliser, de créer un produit du début à la fin, d’être leur propre patron. « Bien sûr, c’est parfois difficile, ils n’ont plus leurs week-ends par exemple. Mais il y a de la création et de l’implication. Ils gèrent leur masse salariale, leur relation avec les clients, etc., » ajoute Dominique Anract.
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D’ailleurs, tous les métiers de l’artisanat sont en recherche de compétences : le besoin en main d’œuvre est conséquent. Cela signifie que les professionnels doivent non seulement s’assurer de la formation des jeunes, mais aussi s’ouvrir à tout public, quels que soient les parcours. « Certains métiers sont en plus forte tension que d’autres parce qu’ils connaissent un important développement. C’est le cas notamment dans le secteur du bâtiment, avec les métiers liés au bois ou à la maçonnerie. Dans le secteur alimentaire, les métiers de la boulangerie, de la pâtisserie, de la boucherie plaisent beaucoup, mais ils ont aussi besoin d’un renouvellement de main d’œuvre. Cela est lié aux futurs départs en retraite, » commente Joël Fourny. Rien que dans le BTP, ces départs massifs représenteraient « 50 % des professionnels du secteur, dans les dix prochaines années, » selon Nicolas Sabatier. « Les entrepreneurs sont conscients de ces enjeux et ils les anticipent par le recrutement et la formation en alternance, » affirme-t-il encore.
Des formations au geste
L’avantage ? C’est que la compétence technique est fournie, soit à travers le réseau des CFA, soit parce que les entreprises, soucieuses d’avoir une main d’œuvre opérante rapidement, ouvrent leurs propres centres de formation. C’est le cas, par exemple, de LVMH avec sa nouvelle tournée des journées découverte You&ME, comme Métiers d’Excellence. Les visiteurs y sont invités à découvrir des savoir-faire et des artisanats haut de gamme porteurs d’emplois. Les candidats sans expérience et/ou diplôme sont les bienvenus, quel que soit leur âge, car LVMH peut les former dans son institut des métiers d’excellence (IME) et sa trentaine d’écoles partenaires, dont les prestigieux IFM (institut français de la mode), Ferrandi (école de la gastronomie et du management hôtelier) ou Duperré (école spécialisée dans les arts appliqués).
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De même, le réseau de cordonneries, réparation du cuir et productions de clés, Mister Minit compte 200 boutiques en France et un centre de formation intégré. « Les candidats n’ont besoin ni de diplôme ni de formation particulière pour entrer chez Mister Minit. Nous cherchons avant tout des savoir-être. Pour acquérir les compétences techniques, nous proposons une formation intensive qui se déroule principalement en points de vente, mais aussi au siège social et auprès d’experts en boutique, présente Hervé Dabin, directeur général de l’enseigne. Bien sûr, puisqu’il s’agit de métiers techniques, en six mois les apprenants ne sont pas devenus experts. C’est pourquoi ils continuent de se former régulièrement une fois en poste. Nous estimons qu’il faut environ cinq ans pour bien maîtriser toutes les compétences. » Un laps de temps nécessaire pour acquérir l’expertise de l’artisan qui pourra alors, s’il le souhaite, devenir son propre chef d’entreprise.
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Car l’artisanat, c’est aussi une voie royale vers l’entrepreneuriat. « Un apprenti sur deux devient artisan et chef d’entreprise, assure Joël Fourny. Quand vous vous lancez dans un métier du secteur de l’artisanat, vous bénéficierez d’un ascenseur social : soit vous pourrez gagner en responsabilités dans une entreprise, soit créer votre propre entreprise, soit en reprendre une existante. » Là encore, tous les secteurs sont concernés par cette nécessité de travailler sur la transmission d’entreprise. « Plus de 300 000 entreprises seront à céder dans les dix ans à venir, » surenchérit Joël Fourny. D’autant plus que certains métiers demeurent relativement méconnus, dans le domaine de la production industrielle par exemple. Moins en lien direct avec les consommateurs, donc moins ancrés dans leur quotidien, ils ne demandent qu’à être redécouverts. Une palette encore plus large d’opportunités s’ouvre à vous !