Reconversion

Se reconvertir dans la rénovation de meubles : « J’apprends en permanence »

Carine Blanc, multi-reconvertie de 50 ans, a déjà été vendeuse puis serveuse, ambulancière et assistante dentaire. Aujourd’hui, elle relooke du mobilier et participe à la création de vitrines de luxe. Le fil rouge de toutes ses expériences ? Le sens de la relation humaine et le goût pour le travail manuel.

Si elle n’a pas calculé sa trajectoire professionnelle, Carine Blanc, 50 ans, a toujours su trouver les métiers qui lui correspondent. Et, surtout, elle n’a jamais eu peur d’oser. « J’ai développé ma facilité d’adaptation dès l’enfance, se souvient-elle. Mon père était militaire et on a beaucoup bougé, de la Bretagne, où je suis née, à l’île de la Réunion, en passant par les Pyrénées-Orientales. » Elle a conservé une grande capacité de rebond, malgré un blocage scolaire. « On n’avait pas détecté ma dyslexie et, en fin de troisième, j’ai été orientée vers un BEP vente-action marchande, poursuit-elle. C’était concret et un peu théâtral, ça me plaisait et j’ai gagné en confiance avec mes bons résultats. J’ai eu envie de rejoindre la filière générale pour passer un bac gestion. Or, j’ai rencontré les mêmes difficultés qu’au collège : ça allait trop vite, c’était trop théorique. Donc je me suis réorientée vers un bac pro en vente, que j’ai obtenu et je suis entrée en BTS force de vente. »

À l’issue du cursus de deux ans, elle échoue à cause d’une mauvaise note en anglais et elle décide de partir à Londres : « J’ai été femme de chambre pendant un an et, devenue bilingue, j’ai décroché mon BTS. Puis je suis retournée dans la capitale britannique où j’étais serveuse dans un restaurant chic au sein du célèbre grand magasin Harrods. J’ai appris le travail en équipe, les techniques de service, l’adaptation aux clients, parfois très connus, l’exigence du secteur du luxe. »

Au bout de trois ans, elle finit par rentrer en France, à Albertville, chez son père qui lui parle d’un poste d’ambulancier à pourvoir. « Comme j’aime conduire, bouger et être en contact avec les autres, j’ai accepté cet emploi, au départ saisonnier, résume-t-elle. J’ai adoré me sentir utile. Après deux années à exercer sans le certificat de capacité d’ambulancier, j’ai suivi cette formation pendant six mois. J’ai alors décidé d’habiter Perpignan et j’ai fait ce métier six années supplémentaires. »

À la suite d’une séparation et d’une nouvelle rencontre, Carine Blanc déménage à Clermont-Ferrand. « Avec mon fils en bas-âge, je ne me voyais pas continuer dans cette profession qui nécessite d’être disponible en cas d’urgence, raconte-t-elle. Et puis j’étais hantée par le souvenir d’une mère que j’avais transportée et qui avait perdu son enfant. Je n’arrivais plus à encaisser. Il faut connaître ses limites, savoir ce dont on est capable ou pas… »

Elle s’inscrit à Pôle emploi et effectue un bilan de compétences : « La conseillère m’a dit que le métier d’assistante dentaire était porteur et qu’il pouvait me correspondre. J’ai trouvé un cabinet acceptant de m’accueillir et de me former sur une année. Mon expérience dans la vente m’aidait dans le relationnel avec les patients et la gestion des stocks de matériel. »

Carine Blanc poursuit cette activité en s’installant à Valence. « J’ai négocié une rupture conventionnelle en 2021, car je ne me plaisais plus à ce poste, précise-telle. J’ai commencé à bricoler du mobilier de seconde main et une voisine m’a demandé de retaper un meuble : j’ai adoré poncer, peindre, poser des tissus. Cela m’a incitée à me lancer en faisant à ma façon, sans formation pour ne pas être formatée. » Même si elle regarde de temps en temps des vidéos sur Internet, elle n’est pas férue de réseaux sociaux : « C’est important pour communiquer, mais ce n’est pas du tout mon truc… Pour l’instant, je mise sur le bouche-à-oreille. J’ai ainsi trouvé une boutique de déco près de Valence, Effets et Matières, où divers artisans sont rassemblés, moyennant un petit loyer, et se relaient pour assurer la commercialisation des objets qu’ils produisent. Cela m’aide pour fixer les prix : mon temps de création est long et je ne le valorise pas assez… De plus, je compte sur cette vitrine pour décrocher des commandes de la part de clients du magasin. »

En parallèle, toujours grâce au côté humain et au contact de proximité, elle assure des missions d’intérim. En effet, elle a été recommandée par l’artisan avec qui elle partage, depuis avril 2022, son espace de travail au sein de « Valence Atelier Libre », lieu associatif mettant à disposition local et outils : « J’adore l’ambiance bienveillante et authentique qui y règne, l’entraide et la diversité des activités, de la métallerie-ferronnerie à la réparation de vélos en passant par la menuiserie. » Par l’intermédiaire de son colocataire, elle a intégré, comme intérimaire, une entreprise valentinoise qui fabrique des vitrines de luxe pour les grandes marques. « Quand je me suis présentée au chef d’atelier, j’ai dit que je n’avais pas d’expérience, explique-t-elle. Il m’a répondu qu’il n’avait pas besoin de voir mon CV, qu’il faisait au feeling et qu’il me proposait un essai. Je fais du gainage, de l’enrobage : je recouvre des décors de tissus, papier ou carrelage. Je ne fais jamais la même chose, ça me va très bien car j’apprends en permanence grâce à mes collègues. Je retrouve aussi l’exigence du luxe que j’ai connue chez Harrods. » Les techniques et la maîtrise des outils qu’elle acquiert ainsi lui donnent des idées et l’aident dans ses propres réalisations. « Je ne savais pas que je pouvais créer, s’enthousiasme celle qui a opté pour le statut d’autoentrepreneur. Mais j’ignore encore si je vais pouvoir en vivre : la suite au prochain épisode ! »

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