« La voie de l’entrepreneuriat offre plusieurs libertés, c’est une manière de créer son propre emploi, ses propres conditions de travail, affirme Marion Delattre, directrice des programmes du Réseau des entrepreneurs citoyens (REC). Et en entreprenant dans l’économie sociale et solidaire (ESS), on développe des solutions intégrant les valeurs de l’ESS et donc vertueuses pour la société. L’ESS reste un secteur économique créateur de valeur, mais il porte aussi et surtout des enjeux sociaux et environnementaux. » De fait, le domaine de l’ESS est un pan de l’économie porteur de sens et d’impact, et y entreprendre peut se révéler libérateur, notamment pour les femmes, surtout celles issues de territoires fragiles, qui font face à plus de freins professionnels que la moyenne.
Pour rendre visibles les inégalités professionnelles dont souffrent encore les femmes entrepreneuses et mettre en avant le caractère impactant et porteur des activités de l’ESS, le REC a publié son étude L’entrepreneuriat des femmes dans les territoires fragiles. « Nous avons observé que les femmes entrepreneuses sont le plus souvent plus vulnérables, plus sollicitées dans le cadre familial. Et nous avons également constaté que les porteuses de projet issues de territoires fragiles (zones rurales, quartiers de la politique de la ville…) représentent un formidable levier d’impact et de création de valeur. Nous avions donc à cœur de mettre en avant les obstacles auxquels elles doivent faire face », explique Marion Delattre.

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Comme le rappelle le Réseau des entrepreneurs citoyens, « l’ESS désigne un ensemble d’entreprises organisées sous forme de coopératives, d’entreprises sociales, de mutuelles, d’associations, ou de fondations, dont le fonctionnement interne et les activités sont fondés sur un principe de solidarité et d’utilité sociétale. » Et l’ESS progresse : elle représente par exemple 14 % de l’emploi en Bretagne (150 000 emplois) et près de 20 % de l’emploi privé à Marseille, comme la rapporte l’étude. Pour autant, « si l’ESS porte des solutions vertueuses et représente un formidable levier d’empowerment pour les femmes qui a vocation à infuser de plus en plus l’économie classique, elle n’est pas non plus exempte de freins et d’inégalités, souligne la directrice des programmes du REC. Les femmes restent encore moins représentées dans les postes de direction des structures ou de présidence des associations. » En effet, à l’échelle nationale, les femmes représentent 68 % des personnes salariées dans l’ESS, mais seulement 37 % des présidentes de structure.
Un état de fait qui s’inverse peu à peu, grâce notamment à l’entrepreneuriat au féminin, et à la pérennisation de ces activités via le soutien et l’accompagnement d’associations spécialisées comme le REC. « Nous sommes assez peu formés aux enjeux de l’entrepreneuriat. Beaucoup d’entrepreneuses se lancent par passion, mais derrière il y a toute la gestion administrative et financière, la gestion RH et managériale. Les entrepreneuses manquent souvent d’outils et de formations en la matière, et tout particulièrement celles issues de territoires fragiles. C’est donc très important de se faire accompagner pour pouvoir prendre un peu de hauteur sur son quotidien, au moment de la création de l’activité mais également durant les différentes phases de développement. Il faut rappeler que des solutions gratuites et accessibles existent, et ne pas hésiter de solliciter des conseils ou un accompagnement personnalisé », insiste Marion Delattre. En effet, outre les acteurs associatifs, il existe des organismes publics dédiés à l’accompagnement dans l’ESS : l’Union régionale des Scop, les chambres régionales de l’économie sociale et solidaire (CRESS), les plateformes Essor et HubESS Avise, ainsi que des incubateurs consacrés à l’entrepreneuriat social.
« L’accompagnement joue énormément sur la pérennisation des projets, et on connaît encore assez mal les acteurs et la diversité qui composent l’ESS, qui pèse pourtant 10 % de l’emploi et du PIB français, rappelle la directrice des programmes du REC. Ce mois de l’ESS est l’occasion de faire connaître au grand public et aux futurs porteurs de projets toutes les activités et opportunités de l’ESS. »