Aide à domicile et travail indépendant, formule gagnante ?

Selon les chiffres de Pôle emploi, les métiers d’aide à domicile et d’aide-ménagère sont dans le top 10 des métiers qui recrutent le plus en 2023 (6^e), et dans le top 3 des métiers qui connaissent le plus de difficulté à recruter (3^e). Dans le même temps, le nombre de travailleurs indépendants continue de croître tous secteurs confondus, et notamment dans celui de l’aide à domicile. « Les services à domicile sont d’une grande aide dans la vie quotidienne, qu’il s’agisse de ménage, de coiffure, de massage, de garde d’enfants… Mais beaucoup de personnes y renonçaient en raison de la difficulté d’accéder à une offre de services satisfaisante, affirme Pierre André, co-fondateur de Wecasa, plateforme qui fait le lien entre particuliers et professionnels indépendants de l’aide à domicile (ménage, garde d’enfants, coiffure, massage, coaching sportif…). Le constat qui a mené à notre lancement en 2016 était également que beaucoup de professionnels de ces métiers avaient envie de se mettre à leur compte, de profiter de la flexibilité et de la liberté du statut d’indépendant. » Aussi, le secteur bénéficie aujourd’hui d’une demande en croissance permanente et de la réduction du travail non déclaré, grâce entre autres à l’instauration de l’avance immédiate du crédit d’impôt. « Les clients ne paient plus que la moitié du prix de la prestation, le reste étant déductible sur leur ardoise fiscale », explique le dirigeant de Wecasa.

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Forces du réseau

Si les perspectives d’indépendances séduisent, elles ne sont pas sans risques et « ce n’est pas facile de trouver des clients réguliers sans s’appuyer sur un réseau ou une plateforme« , rappelle Pierre André. C’est pourquoi les plateformes et collectifs de freelances ou d’indépendants comme Wecasa, qui offrent ce compromis entre statut d’indépendant et apports d’un réseau professionnel structuré, convainquent beaucoup d’indépendants, notamment au début de leur activité.

C’est le cas de Djamal Eddine, aide-ménager de 47 ans : « J’ai commencé ce métier il y a 8 mois, après avoir connu différents secteurs. J’ai fait ce choix du statut d’indépendant juste parce que j’étais séduit par cette idée de liberté, de pouvoir dicter mon rythme de travail, choisir mes jours de repos et travailler quand je le souhaite. J’ai préféré directement passer par une plateforme, pour être accompagné et trouver des clients sans difficultés. J’ai donc intégré le réseau de Wecasa et j’ai notamment pu être formé au ménage et au repassage à leurs frais. En passant par ce genre de plateforme, tout est facilité, notamment tout ce qui est administratif, cotisations sociales et déclarations. »

En travaillant avec Wecasa, Djamal profite ainsi de tout un réseau de clients et de demandes de prestations quotidiennes, qu’il est toujours libre d’accepter ou de refuser. « Je travaille quand je le souhaite et je suis certain de toujours avoir des demandes, c’est forcément sécurisant quand on se lance comme indépendant, complète l’intéressé. Je travaille en moyenne une quarantaine d’heures par semaine, à raison de deux clients par jour le plus souvent. Cela me permet d’en vivre à 100 %. »

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Protections du réseau

Chez Wecasa, les indépendants ont une rémunération de 18 euros brut par heure, soit 14 euros net après paiement des charges sociales. « Ce qui est près de 50 % au-dessus du Smic et de ce qui est le plus souvent proposé dans le salariat sur ces métiers, affirme Pierre André. C’est un métier en tension. Les professionnels de l’aide à domicile peuvent trouver un emploi salarié plutôt rapidement aujourd’hui, donc le choix de l’indépendance ne se fait pas par défaut ou par contrainte, au contraire. »

Aussi, il s’agit également de redorer l’image de métiers parfois dévalorisés. « Il faut revaloriser les métiers de l’aide à domicile en général et de l’aide-ménagère en particulier, qui pâtissent souvent d’une image peu positive et d’un manque d’attractivité », confirme le co-fondateur de Wecasa. Et pour cause, comme le rappelle Djamal Eddine, notre professionnel indépendant, « c’est un métier qui reste difficile et peut-être pénible. On peut penser le contraire et se dire que le ménage, tout le monde le fait chez soi, mais avec le temps et la répétition des gestes, cela devient effectivement difficile et fatigant. » De fait, le manque de protections sociales dont souffrent certains indépendants peut se révéler dangereux. Là encore, les collectifs et plateformes spécialisées offrent une alternative. Et Wecasa lance cette année une offre de prévoyance. « Un salarié va avoir une prévoyance par défaut, un indépendant ne l’a pas. Nous avons donc lancé cette prévoyance, 100 % à la charge de Wecasa, pour couvrir les accidents dans le cadre du travail à domicile. Et nous prenons aussi à notre charge l’assurance responsabilité civile professionnelle, qui couvre les indépendants en cas de casse lors d’un ménage », résume Pierre André. De quoi participer à améliorer les conditions de travail des indépendants, et peut être booster l’attractivité d’un secteur qui ne manque pas d’opportunités.