« Durant leur carrière, les femmes subissent plus de stigmates et de freins que les hommes, explique Elisabeth Riboulet, directrice marketing du cabinet Garance&Moi, dédié à la carrière des femmes. Nous pensons notamment aux périodes de maternité, mais également aux problèmes et complications liés aux cycles menstruels, à l’endométriose, au travail domestique et à la charge mentale. Également, on constate une surreprésentation féminine dans certains secteurs comme la santé, l’accompagnement, le service, où il y a moins d’évolution professionnelle qu’ailleurs. » Aussi, les femmes gagnent en moyenne 17 % moins que les hommes. « Le syndrome de l’imposteur est très présent parmi les actives, et seules 24 % des femmes sont satisfaites de leur vie professionnelle (Ifop) », ajoute Elisabeth Riboulet. Plus précisément, 11 % sont pleinement satisfaites de leur rémunération et 56 % se déclarent stressées dans leur travail, tandis que 38 % ne voient pas la possibilité d’évoluer et que 36 % ne perçoivent pas suffisamment de reconnaissance.
Miser sur la reconversion
De fait, la reconversion professionnelle peut se révéler être un booster de carrière et un levier à privilégier pour retrouver du sens et dépasser les freins en tant que femme. Et pour cause, toujours selon l’Ifop, 57 % des femmes disent rêver de reconversion, sans pour autant oser passer le cap. « Cette transition peut prendre la forme d’un changement de métier, de secteur, de statut professionnel ou de cadre professionnel : 68 % souhaitent rester salariées et 32 % quitter le salariat« , analyse la directrice marketing de Garance&Moi.
Pour autant, malgré les velléités de renouveau, les femmes subissent également souvent plus de freins à la reconversion. En premier lieu à cause du fameux syndrome de l’imposteur (45 % ont des craintes sur l’avenir et se découragent), mais aussi en raison des contraintes financières et temporelles (42 %), du manque d’inspiration (45 %) et de l’attachement à l’environnement de travail actuel (27 %).
La clé du bilan de compétences
Pour dépasser ces contretemps et engager son renouveau professionnel, se faire accompagner est souvent déterminant. « 61 % des femmes pensent qu’un accompagnement professionnel peut les aider à sauter le pas, ajoute Elisabeth Riboulet. Nous sommes à la fois la personne qui nous connaît le mieux et celle qui nous connaît la moins bien, parce qu’on a tendance à se concentrer sur nos défauts et nos craintes. Se faire accompagner peut aider à point les qualités et les compétences, avoir des feedbacks impartiaux, et simplement du soutien et de l’écoute. »
Surtout, il s’agit de se donner les moyens de penser sa carrière comme on l’entend : « Vous avez le droit de rêver et d’oser, d’avoir envie de faire des choses nouvelles et d’y croire. C’est tout le sens de la reconversion et du bilan de compétences. Il faut s’aligner avec ses valeurs et s’ouvrir le champ des possibles, tout en capitalisant sur son expérience et en tenant compte de la réalité du marché. »
Selon les données rapportées par la représentante de Garance&Moi, la satisfaction au travail augmente de 58 % en moyenne après un bilan de compétences et 85 % des bilans mènent à une mise en action dans les trois mois qui suivent. Et la satisfaction vis-à-vis de l’équilibre vie pro/vie perso et de l’intérêt au travail double. Pour passer le cap, Elisabeth Riboulet fournit d’autres conseils : « Il faut être capable de verbaliser et de présenter ses compétences. Pour se reconvertir, c’est en soit qu’il faut investir, et cela demande également de verbaliser ses limites, de poser des questions, de faire des explorations métier en contactant des professionnels. Le métier dont vous rêver n’est peut-être pas celui qui vous correspond. Surtout, il faut rapidement mettre en place un plan d’action, pour avancer étape par étape. »