« C’est un message que j’ai du mal à faire passer, mais le personnel branding est utile à tous les professionnels qui veulent mieux se valoriser dans le monde du travail. Ce n’est pas qu’une nouvelle mode chez les entrepreneurs qui ont besoin de faire connaître leurs produits et leurs services », affirme Caroline Mignaux, entrepreneure et conférencière, auteure de From zero to hero : bâtir son influence sur les réseaux (Eyrolles, mai 2024). Selon la créatrice du podcast Marketing Square, qui décrypte le marketing et l’entrepreneuriat, la capacité à valoriser son profil et à cultiver sa présence sur les réseaux peut ainsi faire la différence. Et notamment pour les candidats et les personnes en reconversion. « Le personal branding peut concerner un indépendant qui souhaite développer sa clientèle sans être tributaire de la publicité, comme une personne à la recherche d’un nouvel emploi et qui souhaite que son CV et son profil ne se retrouvent pas tout en bas de la pile. Cela permet de sortir du lot. D’une part, parce qu’on est mieux aligné avec qui l’on est et avec ses compétences, et aussi parce qu’en prenant l’initiative et la parole, on arrête de ne faire qu’attendre les opportunités », ajoute Caroline Mignaux.
Comprendre ses forces
Aujourd’hui, les outils de networking ne manquent pas, LinkedIn en tête. Pour autant, il s’agit de les utiliser à bon escient. « Il y a beaucoup d’outils, mais les gens ont tendance à s’appuyer dessus sans réfléchir à une stratégie, observe Caroline Mignaux. Les outils sans méthodes ne valent pas grand-chose, c’est le risque de s’éparpiller et de se tromper. Il ne faut pas, par exemple, vouloir tout faire tout de suite, personnellement si j’avais commencé par des lives sur LinkedIn ou Instagram, je n’aurais pas eu d’audience. Il faut construire sa présence progressivement. »
Une utilisation des réseaux et une capacité d’adaptation d’autant plus importantes dans un marché du travail qui évolue rapidement. « Le monde du travail est multi-facettes, les métiers se réinventent sans arrêt. Quand j’ai commencé le marketing, un tiers de ses métiers n’existaient pas. Maintenant, il y a des community managers, des discord managers… C’est pour cela que je trouve intéressant de se regarder le nombril tous les 2/3 ans, pour se demander vers où l’on souhaite aller. C’est en comprenant ses forces et sa valeur qu’on peut ensuite se rendre visible et attractif« , analyse l’auteure. Parmi les outils et méthodes détaillés dans son livre, Caroline Mignaux présente notamment un exercice simple : tracer trois cercles qui se croisent, un pour les éléments de la personnalité, un pour les compétences et un pour les passions. C’est au croisement de ces trois cercles que se retrouve votre « zone de génie », vos forces sur lesquels capitaliser pour construire votre personal branding.
Construire son réseau
« Nous avons tous un ou des talents, mais il faut creuser soi-même, explorer ce qui nous caractérise sans attendre qu’on le fasse pour nous, souligne Caroline Mignaux. Entrepreneurs, dirigeants, salariés, personnes en reconversion, chômeurs… On a tous cette peur du jugement qui peut tétaniser. Tout le propos de mon livre, c’est de dire que c’est lorsque on montre ses vraies couleurs et que l’on comprend qui l’on est que l’on devient invulnérable. Pour limiter les risques, il faut y aller par petits pas. »
Pour commencer sans se brusquer sur LinkedIn, tout en gagnant en visibilité et en interaction avec les bonnes personnes, Caroline Mignaux conseille ainsi de laisser des commentaires, de réagir à ce qui nous intéresse : « C’est la première étape vers la rédaction de postes et la construction d’une audience. » Ensuite, il s’agit de s’établir une routine quotidienne, de veille et d’interaction avec son réseau. Comme une sorte d’hygiène professionnelle. Autre réflexe utile : tenir un journal pour nourrir ses idées de publications ou d’interactions. « Le soir ou le matin, il s’agit de se poser quelques minutes pour coucher ses idées à l’écrit, noter les choses qui nous ont questionné sur la journée écoulée, les émotions que l’on a traversées, ce que l’on a appris. Les bons posts se trouvent là, affirme notre spécialiste. Le réseau et la confiance en soi, et par extension la santé mentale, c’est une question de routine. Comme un jardin, si on ne l’arrose pas et on ne l’entretient pas, les mauvaises herbes poussent. »
Crédits photo: Amélie Marzouk