De la rigueur de l’armée à celle de la composition florale, il n’y a qu’une reconversion. Et quelques aléas de carrière donnant naissance à des opportunités nouvelles. Pour Aurélie Boudat, originaire de Toul (54), la vie professionnelle commence presque tout naturellement dans l’armée, dès ses 19 ans. « C’était une vocation, j’ai un papa et une arrière-grand-mère policiers et j’avais cet attrait pour l’ordre, la défense de la France, explique-t-elle. J’ai décidé d’y rentrer directement après la fin de mon parcours scolaire, et sans avoir obtenu le baccalauréat« . En 2005, Aurélie Boudat rejoint ainsi l’armée de l’air, en tant qu’agente d’opérations aériennes : « j’étais en escadron de chasse et ma mission principale était de préparer les plans de vol pour les avions. C’est un métier que je ne connaissais pas du tout. J’ai tout appris sur place.«
Pendant cinq ans, notre future fleuriste travaille dans une base militaire de son département. À la suite de la naissance de son enfant et de son congé maternité, elle change de service, pour un poste en bureau d’information aéronautique. « Ce qui me plaisait, c’était d’être toujours en action, de travailler avec des pilotes de chasse, le côté ordre et rigueur, et puis le fait de servir mon pays et d’être une femme dans l’armée, ce qui n’était pas très commun à l’époque« , ajoute l’ex-militaire. Jusqu’alors, la carrière de notre reconvertie avance doucement et sans heurts, mais après près de dix ans de service, vient l’obligatoire passage de l’examen de montée en grade. C’est un échec pour Aurélie, qui doit alors réfléchir à un nouveau plan de carrière. « C’est ce qui a provoqué mon départ de l’armée : si on ne réussit pas l’examen, on ne peut pas passer au grade supérieur ni continuer en tant que militaire. Je n’avais pas envie de partir, mais j’ai dû réfléchir à ma reconversion« , complète-t-elle.
L’appel des fleurs
Si sa reconversion se lance, à l’origine, par contrainte, Aurélie Boudat se remet rapidement les idées à l’endroit. Et elle choisit sa voie : le métier de fleuriste. « Pendant un an, j’ai cherché quoi faire. J’ai toujours aimé les fleurs, je jardinais beaucoup avec ma grand-mère dans mon enfance. Et c’est en passant des tests de compétences et d’affinités que le métier de fleuriste revenait souvent. Il fallait se lancer, alors je me suis dit pourquoi pas« , résume l’intéressée. Pour se lancer dans ce projet tout neuf, Aurélie Boudat peut compter sur le soutien de l’armée, qui favorise les trajectoires de reconversion dans le civil. Pendant près d’un an, elle peut ainsi conserver son statut de militaire tout en intégrant une entreprise pour commencer à apprendre le métier de fleuriste. « J’ai été reçue par des professionnels et j’ai pu découvrir et apprendre ce travail. À l’issue, il y a eu une validation des acquis de l’expérience, et puis c’était à moi de trouver du travail. Je n’ai pas obtenu de diplôme, mais j’étais employable, explique-t-elle. J’ai senti que ce métier, c’était ma place, le bon choix de reconversion. J’ai pris goût au contact avec les fleurs, les plantes, la terre.«
Dans la foulée de cette première phase de formation, en 2015, elle quitte l’armée et commence à travailler en tant que fleuriste salariée. Mais, si le métier lui plaît, la transition n’est pas simple : « Cela peut paraître bête, mais passer du militaire au civil, c’est compliqué. Ce sont deux mondes très différents. Il a fallu se réadapter au travail dans le civil. Et il m’a fallu beaucoup de temps pour être à l’aise avec les clients par exemple, je préférais vraiment le contact avec les fleurs.«

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Fleuriste entrepreneure
Après plusieurs années d’exercice, Aurélie Boudat choisit de démissionner de son poste de salariée, pour passer son CAP fleuriste, via un cursus accéléré en un an alliant cours théoriques et temps en entreprise. « Obtenir ce CAP m’a permis de me sentir plus armée, et c’est surtout une grande fierté pour moi. Je garde encore ce petit regret d’avoir dû quitter l’armée, mais je suis fière de mon parcours depuis. J’ai trouvé un métier qui me correspond, et je me dis aujourd’hui que mon échec à l’armée était un signe, je fais partie des gens qui pensent que les choses arrivent pour une raison« , ajoute la reconvertie.
Après l’obtention de son diplôme, Aurélie Boudat travaille un temps dans la préparation de commandes, durant la période covid, et se met à la composition florale en parallèle : « J’ai commencé à en vendre, et j’ai donc pris un numéro de Siret pour lancer mon auto-entreprise il y a trois ans. » Et, depuis un an et demi et après avoir quitté le salariat, elle se consacre à 100 % à son activité, en tant que fleuriste itinérante indépendante. « J’ai fait le choix de ne pas avoir de boutique et d’aller au contact des clients. Je préfère aller vendre sur les marchés ou en exposition d’artisanat« , résume l’auto-entrepreneuse. Mieux encore, notre fleuriste se découvre également d’autres vocations, et anime désormais des ateliers et des cours d’art floral, à destination de tous les publics.