Actualités

Guislaine Westelynck : « Il faut démystifier le handicap, avancer et aller au bout de ses rêves »

Avancer dans sa carrière professionnelle et dans ses objectifs personnels en étant porteur d’un handicap demande de la résilience. A l'occasion des Jeux paralympiques de Paris 2024, Guislaine Westelynck, double médaillée paralympique en 1988 et présidente de la Fédération française handisport, a publié son ouvrage "J’ai surmonté mon handicap comme un poisson en haute mer" (Le Courrier du livre). Une trajectoire inspirante, pour apprendre à vivre avec son handicap.

« Ce livre est une façon pour moi de dire aux personnes en situation de handicap que l’on peut faire de sa vie un rêve, tant sur le plan professionnel que personnel. C’est un message d’espoir et d’optimisme », résume Guislaine Westelynck. Dans ce récit intimiste, l’ancienne nageuse de haut niveau revient sur les différentes étapes de sa vie, depuis son accident d’enfance qui a révélé sa maladie d’ostéogenèse imparfaite (maladie des os de verre), jusqu’à son rôle de vice-présidente du Comité paralympique et sportif français et de présidente de la Fédération française handisport. En passant par son parcours professionnel et ses médailles aux Jeux paralympiques de Séoul en 1988, première édition se déroulant sur les mêmes lieux que les Jeux olympiques.

Guislaine Westelynck, aujourd’hui à la retraite après une longue carrière à l’Urssaf, a connu plusieurs vies, plusieurs carrières. Dont le sport et la conviction que son handicap n’est pas un frein sont les fils rouges. « Ma fonction principale, celle qui m’anime au quotidien, c’est la présidence de la Fédération handisport, que j’occupe depuis six ans. C’est toute ma vie, c’est ma passion », complète-t-elle. Son premier message, le refus de la victimisation : « J’ai eu mon accident à 9 ans, mais mon enfance n’était pas malheureuse du tout. J’étais dans un centre de rééducation pendant des années, j’ai été opérée plusieurs fois, j’étais en fauteuil roulant, mais je me suis éclatée et j’ai fait de très belles rencontres. »

Le sport pour s’accomplir

C’est en sortant de ce milieu protégé, à 16 ans, que Guislaine Westelynck doit se réadapter. Et c’est par le sport qu’elle cultive sa confiance en elle. « J’ai découvert le tennis de table, et surtout la natation, qui est devenue une passion. Les valeurs que l’on porte avec la Fédération sont : autonomie, accomplissement, singularité, cohabitation… Ce sont des choses que l’on n’apprend pas forcément en rééducation. La pratique sportive, qu’elle soit de haut niveau ou non, apporte énormément, nous fait nous dépasser, nourrit l’estime de soi. J’ai découvert mon âme sportive et compétitive, la natation m’a donné envie de me battre, et j’ai trouvé un vrai bonheur en m’inscrivant au club handisport de Marseille », explique la dirigeante.

Si elle poursuit ce rêve jusqu’au graal de la médaille paralympique, Guislaine Westelynck tempère : « Il y a des personnes en situation de handicap sportives, d’autres non, comme chez les valides. À chacun sa passion qui l’élève. Il s’avère que j’avais une passion pour la compétition. Mais ce ne sont pas les médailles qui m’ont transformée ». Surtout, devenue entraîneuse de l’équipe de France féminine de natation handisport de 1991 à 2010, elle observe la professionnalisation du handisport et de ses athlètes. « Être entraîneuse, transmettre, c’est ce que j’ai le plus aimé dans ma carrière. Et nous sommes passés d’une organisation assez amateure et bénévole au professionnalisme. Aujourd’hui, un athlète handisport est pris en charge et accompagné comme un athlète valide. »

Ne pas se fixer de limites

Sur le plan purement professionnel, Guislaine Westelynck a également su avancer et progresser, sans subir le frein du handicap. Elle arrête ses études en fin de seconde, et commence à travailler, en rejoignant l’Urssaf. D’abord, elle « classe des fiches toute la journée ». Adepte de la formule « quand on veut, on peut » et bien décidée à « ne pas faire cela toute sa vie« , elle se décide à passer le concours interne pour devenir agent technique, après la naissance de ses deux enfants. Puis celui de rédacteur de contentieux, toujours à l’Urssaf. « J’ai étudié et évolué jusqu’à passer le concours d’inspecteur, qui était inespéré pour moi, commente l’intéressée. J’ai toujours eu ce syndrome de l’imposteur malgré tout, mais j’aime le défi et le dépassement, et ces concours incarnaient cela sur le plan professionnel. Je me suis consacrée à cette carrière d’inspectrice jusqu’à mon départ en retraite. »

Côté sport, après sa période d’accompagnement et de coaching des sportifs, pour laquelle elle a passé ses brevets d’Etat, elle rejoint le comité directeur de la Fédération handisport, jusqu’à en prendre la présidence il y a six ans. Un chemin qui aboutit aujourd’hui au grand rendez-vous des Jeux : « Je fais partie de cette famille depuis toujours. J’ai tout connu : nageuse, entraîneuse, présidente de comité départemental, présidente de la Fédération… Les Jeux paralympiques, c’est un truc incroyable. L’engouement est considérable et c’est une ouverture médiatique extraordinaire pour le handisport et le handicap en général. C’est pour cela que je tiens à dire qu’à la Fédération, nous portons le pilier performance et haut niveau, sublimé par les Jeux, mais également le pilier développement, qui s’adresse à toutes les personnes en situation de handicap pour pratiquer une activité sportive au plus proche de chez elles, quel que soit le niveau. » De la même façon, pour favoriser l’insertion, la Fédération organise des jobs datings pour les personnes en situation de handicap, en partenariat avec des employeurs. « Embaucher une personne porteuse de handicap, c’est une valeur ajoutée. Nous sommes différents, mais tout le monde l’est ! Il faut démystifier le handicap. Le message, c’est d’avancer, de continuer à avancer toujours et d’aller au bout de ses choix et de ses rêves », conclut Guislaine Westelynck.

Source photo: Fédération Française Handisport

Ajouter un commentaire

Votre adresse IP ne sera pas collectée Vous pouvez renseigner votre prénom ou votre pseudo si vous êtes un humain. (Votre commentaire sera soumis à une modération)