Le changement de région en cours de carrière pour se lancer dans un nouveau cycle professionnel et/ou personnel concerne chaque année de plus en plus d’actifs. Quête du grand air, d’un renouveau professionnel ou d’un nouvel équilibre familial et personnel, les motivations varient. « Derrière, il y a souvent l’ambition de changer de vie, et cela va souvent aboutir à des changements en cascade, analyse Valérie Bauhain, créatrice du podcast Ciao Paris, qui interroge et valorise des profils ayant quitté la région de la capitale. La plupart des gens que je rencontre ont vécu un événement de rupture dans leur vie. Il peut être positif, comme une rencontre amoureuse, une naissance ou une opportunité professionnelle ; ou négatif, comme un burn-out, une dépression ou une séparation. On a parfois besoin d’un territoire vierge pour se réinventer. » Or, à l’heure du télétravail et de la mise en avant accrue de l’attractivité des territoires, les opportunités ne manquent pas.
Un temps d’introspection
Encore faut-il se poser les bonnes questions avant le passage à l’acte et prendre le recul nécessaire. « Certains de mes auditeurs ont changé plusieurs fois de région ou ont un profil un peu nomade. Quelques-uns parce qu’ils se cherchaient, beaucoup parce qu’ils avaient mal construit leur projet de mobilité », rapporte Valérie Bauhain. Un constat qui confirme l’importance de la cruciale phase d’introspection dans la construction d’un nouveau projet. « Il faut se demander pourquoi et pour quoi on part, ajoute la journaliste, elle-même partie s’installer à Toulouse après avoir quitté Paris, pour se reconstruire et se lancer dans ses nouveaux projets. Et s’autoriser à tout changer : en s’interrogent sur les modalités de son travail, cela peut être aussi l’occasion de se reconvertir.«
Concernant la crainte de l’impact sur la carrière, il s’agit également de la dépasser. Pour s’informer et se préparer, les ressources ne manquent pas. Outre les podcasts, blogs, magazines et sites spécialisés, Valérie Bauhain conseille de « décrocher son téléphone, de contacter des gens qui connaissent les territoires qui nous intéressent. Et pourquoi pas de rejoindre des groupes d’entraide sur les réseaux sociaux. »

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Comprendre ses besoins
En amont de la mobilité, ainsi que durant les premiers mois après l’installation, il s’agit de confronter ses attentes à la réalité de son nouveau territoire. Et de trouver son propre équilibre. « On finit par comprendre qu’il n’y a pas de mode d’emploi. Tout l’objet de la mobilité, c’est de se construire une trajectoire personnelle. La première année est souvent celle de la prise de marques et de la mise en perspective de son choix. C’est tout à fait naturel », confirme Valérie Bauhain. Dans certains cas, le soufflé retombe, et le retour ou le nouveau départ est inévitable. Non sans être plus armé pour trouver son équilibre. « J’ai en tête un profil que j’ai interviewé : une jeune femme, Laetitia, qui a quitté Paris et la vie citadine pour s’installer dans le Lot, en pleine campagne. Elle recherchait plus de nature mais avait mal évalué ses besoins et ses priorités, et s’est mal adaptée à la vie à la campagne. Elle a donc fini par revenir en région parisienne, mais s’est installée à Vincennes, tout proche du bois. Depuis, elle s’est stabilisée, et son expérience de mobilité lui aura permis de mieux jauger ses besoins », raconte la créatrice de Ciao Paris.
S’ouvrir à la découverte
La découverte des territoires, parfois avant l’installation, peut se révéler décisive. « Je milite pour cela. La meilleure façon de changer de ville, c’est d’aller voir d’autres villes, pour rencontrer les gens et se faire son idée », affirme Aurore Thibaud, dont la plateforme Laou propose de comparer les territoires selon des critères comme le coût de la vie, les transports, les infrastructures, le logement et l’emploi. Et, parmi les sources d’informations à privilégier, les territoires mettent en place des structures d’accueil. « En régions, les agences d’attractivité s’occupent de la promotion de chaque territoire. Et des personnes sont chargées de l’accueil des nouveaux habitants ou des candidats à la mobilité. C’est ce qu’on appelle des conciergeries de territoires, explique Valérie Bauhain. C’est un peu comme si vous aviez un ami sur place qui connaît tout le monde et vous ouvre son carnet d’adresses. »
Le plus souvent gratuites, ces conciergeries peuvent aussi bien renseigner sur le marché de l’emploi local qu’aider à lancer les premières démarches immobilières. Et, parfois, une simple visite de curiosité peut mener à la saisie d’une opportunité imprévue. Alors n’hésitez pas à découvrir et à visiter !