En 2022, ce sont plus de 830 000 entrées en apprentissage et 121 000 en contrats de professionnalisation qui ont été recensées, selon L’Observatoire de l’alternance, édité par The Adecco Group, le cabinet de conseil Quintet et l’association « We Are Alternants » (Walt). Et pour cause : l’alternance confirme son boom spectaculaire de ces dernières années. « La période Covid a été un déclencheur pour un certain nombre de salariés ou de jeunes actifs, pour repenser différemment leur carrière professionnelle, leurs envies, leur mobilité », affirme Agnès Domenech, directrice générale de Walt.
Sous le même terme d’alternance, deux voies existent : les contrats d’apprentissage, les plus nombreux, qui concernent le plus souvent des profils plus jeunes et juniors (51 % ont entre 20 et 25 ans) ; et les contrats de professionnalisation, qui concernent des profils plus âgés ou expérimentés et des niveaux de qualification plus élevés (23 % préparent un diplôme de niveau 6 ou plus). « Pour l’entreprise, c’est l’occasion de récupérer un collaborateur qui a le socle technique et qui pourra acquérir, par l’expérience, des soft skills et des savoir-être, parfois spécifiques à l’entreprise ou à son secteur. Cela rend plus rapide l’insertion en emploi », affirme Agnès Domenech.
Engouement confirmé
Le taux d’emploi des jeunes, qui reste la part de la population la moins active, suit la montée de l’alternance : 34,9 % pour les 15-24 ans aujourd’hui, soit le plus haut niveau jamais enregistré. « Si, en termes de nouveaux contrats, on atteint presque 900 000 en 2023, on a dépassé le million de contrats « en stock » (nouveaux contrats + contrats déjà actifs), analyse la directrice générale de Walt. Si la progression est aujourd’hui plus mesurée que lors des dernières années, elle reste forte (+13,17 % entre 2021 et 2022). » C’est même dans l’enseignement supérieur que la progression est la plus significative : de 180 000 contrats en 2018 à 576 000 en 2023.
Un engagement pour l’alternance partagé par le groupe La Poste, qui recrute chaque année plusieurs milliers d’alternants (3 900 postes ouverts en 2024), pour alimenter ses Centre de formations d’apprentis (CFA) internes. « Pour nous, l’alternance a deux vocations : former à nos métiers en interne, et jouer un rôle sociétal. Nous visons à permettre à des jeunes et des moins jeunes de monter en compétences pour développer leur employabilité », affirme Grégoire Maret, directeur de la formation et de l’alternance du groupe La Poste.
Comme le révèle l’Observatoire de l’alternance, 93 % des alternants déclarent avoir fait un vrai choix assumé en se lançant. « L’alternance, c’est une solution emploi et une solution formation, ajoute Agnès Domenech. On le constate par le taux de chômage des jeunes qui se réduit, et par l’accessibilité accrue à la formation et à des niveaux de qualification supérieurs plus facilement que dans des formations classiques. Sans oublier qu’un alternant perçoit un salaire et développe son autonomie. Cela ouvre également des perspectives d’ascension sociale pour des personnes éloignées de l’emploi. »
Porte ouverte aux reconversions
Parmi les nombreuses facettes de l’alternance, l’aspect reconversion n’est pas en reste. « Un tiers de nos alternances concernent aujourd’hui des profils en reconversion, précise Grégoire Maret. Ces profils sont généralement très intéressants, en termes de rapidité d’intégration. Et nos managers apprécient ces profils. Même son de cloche du côté de Walt : « Des personnes qui souhaitent se reconvertir, on en croise tous les jours. Être en alternance cela signifie acquérir de nouvelles compétences, avoir un niveau de diplôme supérieur et pouvoir prétendre à une insertion facilitée sur le marché de l’emploi », constate Agnès Domenech.
Utile en 2e partie de carrière
L’alternance s’affirme également comme une solution quel que soit le niveau de diplôme ou l’âge. Et les effectifs d’alternants témoignent d’une forte présence d’actifs en seconde partie de carrière, comme le résume Agnès Domenech : « Sur le contrat de professionnalisation, 52 % de personnes ont plus de 26 ans« . En matière d’insertion professionnelle post alternance, les retours sont également positifs. Selon l’Observatoire de l’alternance, 56 % des apprentis qui travaillent sont en CDI 7 mois après leur sortie de formation, 24 % en CDD, 9 % en intérim et 10 % ont prolongé leurs études par un contrat de professionnalisation. Pour les apprentis sortant d’un CAP ou d’un BTS, ce sont même 73 % qui sont en emploi salarié deux ans après leur formation, dont 70 % en CDI. Aussi, certains profils optent pour l’entrepreneuriat : 9,5 % des personnes de plus de 29 ans qui sortent d’un contrat de professionnalisation deviennent auto-entrepreneurs ou indépendants. Une dynamique positive globale qui devrait se poursuivre. « Le gouvernement a réaffirmé la volonté d’atteindre le million de nouveaux apprentis chaque année, parce que les métiers en tension sont nombreux et divers à tous les niveaux. On a besoin de plus jeunes et de moins jeunes. On a besoin de personnes qui soient expérimentées dans la technique et de personnes qui ont d’autres compétences plus transverses et souhaitent se reconvertir », conclut Agnès Domenech.