Naturellement, les candidats à l’alternance ne se dirigent pas spontanément vers la fonction publique. Pourtant, l’État recrute chaque année un grand nombre d’apprentis. Ainsi, en 2018, près de 14 753 nouvelles personnes (+ 5, 2 %) ont été embauchées dans les trois pôles de la fonction publique : territoriale, État et hospitalière. Mais à qui s’adressent ces formations et comment y accéder ? Rebondir vous donne quelques éléments de réponse.
La fonction publique n’apparaît pas dans les premiers choix des personnes en recherche d’un contrat en alternance. On ne peut pas leur en vouloir. Jusque-là, la communication d’informations a cruellement manqué. De plus, la concurrence avec les autres dispositifs de contrats aidés a pu jouer défavorablement.
“Bien que la loi du 17 juillet 1992 ait permis au secteur public d’accueillir des apprentis, ce mode de formation a connu peu de succès au sein de la fonction publique. Jusqu’en 2014, cette dernière comptait à peine 6 000 apprentis. Mais sous l’impulsion du gouvernement Hollande, l’effectif a doublé”, note Christophe Montoriol, rédacteur en chef du site Lapprenti.com.
Les lignes semblent donc désormais bouger. “L’apprentissage est un outil important de la politique d’emploi. Une campagne a été menée cette année et sera très soutenue par les ministères pour augmenter le nombre d’apprentis en 2019-2020. L’État, via sa nouvelle loi Avenir professionnel a pour objectif, d’augmenter le nombre d’apprentis. Il devra donc, en premier lieu montrer l’exemple en recrutant davantage de candidats au sein de l’administration”, explique Aurore Zribi, directrice adjointe du CFA Cnam d’Île-de-France.
Les CFA en première ligne
Si ce n’est pas un parcours du combattant, quelques étapes s’imposent néanmoins. “Une personne souhaitant préparer une formation par apprentissage, doit dans un premier temps prendre contact avec le ou les CFA [centres de formation d’apprentis] qui préparent le diplôme projeté. Cette prise de contact permettra de clarifier le projet de formation et de le valider. Pour identifier les CFA, les missions locales, mais aussi les conseils régionaux disposent d’une base d’information très complète”, explique Jean-Pascal Sammut, directeur du centre de formation des apprentis de Languedoc-Roussillon. Les CFA sont souvent rattachés à de grands réseaux de formation par alternance gérés par les chambres consulaires, l’Éducation nationale, l’université, les Compagnons du devoir, les Maisons familiales et rurales, etc.
“Le centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) dispose de deux CFA, l’un en Île-de-France et l’autre en Occitanie”, poursuit Jean-Pascal Sammut. Pensez donc à vous renseigner au niveau local. C’est le meilleur moyen pour obtenir les bonnes clés. Pour trouver des offres d’emploi, sachez que les établissements publics proposent également des postes via la BIEP (bourse interministérielle de l’emploi public) et sur le site Pass (place de l’apprentissage et des stages de la fonction publique). Il y a actuellement plus de 1 100 offres disponibles sur ce dernier. Il est possible d’y créer un espace candidat et de recevoir des alertes correspondant à vos recherches. Bien évidemment, on peut également trouver les offres via les jobboards classiques ou encore sur LinkedIn. Des lieux et des passerelles internet qui favorisent en effet la recherche d’un employeur, condition indispensable pour débuter une formation.
Être âgé de 16 à 29 ans
À noter que les employeurs publics ne peuvent signer qu’un seul type de contrat en alternance : le contrat d’apprentissage. “Ce dernier s’adresse aux jeunes âgés de 16 à 29 ans révolus, aux personnes reconnues travailleurs handicapés sans limite d’âge mais également aux personnes ayant un projet de création ou de reprise d’entreprise exigeant l’obtention du diplôme de formation,” explique Aurore Zribi. La durée du contrat peut être comprise entre un et trois ans selon la période nécessaire à la durée de la formation choisie. Les candidats sont rémunérés en pourcentage du Smic. Critères qui varient en fonction de l’âge et de l’année de formation. “L’administration a mis du temps à s’ouvrir aux apprentis et tente aujourd’hui de combler son retard. À peu près tous les métiers de la fonction publique sont accessibles par la voie de l’alternance, même si on trouve peu d’offres de préfets ou de ministres”, explique Christophe Montoriol.
En effet, la palette de métiers dans le secteur public est très large, la fonction publique territoriale en compte près de deux cent trente. Tous les diplômes ouverts à l’apprentissage sont susceptibles de pouvoir être réalisés auprès d’un employeur public, du CAP au diplôme d’ingénieur et dans des domaines très variés, des plus traditionnels (secrétariat, ressources humaines, juridique, restauration, logistique, etc) aux plus innovants (big data, numérique, digital, relations internationales, etc).
Un environnement stable et sécurisé
La fonction publique peut donc être envisagée sérieusement. Le secteur offre un cadre clair, stable et sécurisé, favorisant le bon déroulement des contrats d’apprentissage. “Globalement, les taux de rupture de contrats sont faibles. Les maîtres d’apprentissage sont très souvent motivés et valorisés par cette mission d’accompagnement d’un apprenti. Accueillir un apprenti est une contribution à l’effort national de formation, c’est une démarche qui est au cœur de l’intérêt général”, insiste Jean-Pascal Sammut. Le nombre d’apprentis est ainsi limité à deux par maître d’apprentissage. Un moyen sûr pour être bien encadré. De plus, il y a beaucoup moins de candidats que dans le privé. Un avantage lorsque l’on sait quelque fois la difficulté que rencontrent certains aspirants désireux de se former en alternance.
Les concours, une opportunité en fin de contrat !
“En fin de contrat, l’apprenti peut se voir proposer une embauche directe par l’employeur. À défaut grâce à la réussite au diplôme mais aussi par l’expérience de travail acquise, la recherche d’emploi sera facilitée. Pour les anciens apprentis, dans les six mois suivant la fin du contrat d’apprentissage, près de 75 % sont en situation de travail. Dans certains secteurs d’activités, le taux est de 100 %”, remarque Jean-Pascal Sammut. Les opportunités d’accès à l’emploi public sont donc variées. Qui plus est, c’est une expérience sur laquelle l’apprenti peut capitaliser pour favoriser sa réussite aux concours de la fonction publique indique-t-on à la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP).
Un accompagnement à la préparation aux concours peut également être proposé par certains employeurs aux apprentis désireux de travailler dans le secteur public. “Les apprentis étant éligibles tant aux concours externes qu’aux troisième concours de la fonction publique”, poursuit la DGAFP. Des concours qui s’adressent en effet aux candidats, sans diplôme mais avec une expérience professionnelle et qui leur permet ainsi d’accéder à des postes dans la fonction publique. Des opportunités donc à saisir. Le public ça se tente !