Une période de chômage peut rapidement nuire à la confiance en soi, et cela peut avoir des conséquences sur la recherche d’emploi. Si elle s’allonge, gare au cercle vicieux. Pour garder le moral et entretenir sa motivation, une prise de conscience de l’influence de son état psychologique sur la réussite de ses projets s’impose. Sylvaine Pascual, coach spécialiste en job design qui accompagne les transitions professionnelles, livre ses conseils pour ne pas subir la situation.
En quoi le moral pendant une période d’inactivité est-il un enjeu central ?
D’abord parce que la recherche d’emploi est une période tendue et difficile. Plus la durée de chômage s’étire, plus cela devient difficile émotionnellement et moralement, surtout quand il y a des entretiens qui éventuellement ne se passent pas bien ou n’aboutissent pas, ou pas d’entretiens du tout. Cela peut mener au cercle vicieux du pessimisme et de la dévalorisation. Quand les choses ne se passent pas bien, la première chose qui disparaît, c’est l’estime de soi et, avec, la confiance. Cela peut mener à moins candidater, de peur de ne pas avoir les compétences. Entretenir son moral permet d’entretenir sa motivation, de continuer à chercher même si la situation est difficile. Il faut garder de l’énergie, une énergie factice ou surjouée, ça se ressent et se voit en entretien.
Quels leviers solliciter pour entretenir et ne pas perdre cette motivation ?
La première chose, c’est d’éviter au maximum tout ce qui dilapide l’énergie, tout ce qui est fatiguant. Par exemple, les gens bien intentionnés qui penchent la tête et vous disent, alors tu en es où ? Il est important de dire aux gens qui ont tendance à faire ça qu’on donnera des nouvelles de nous-même quand on en aura, qu’on souhaite parler de choses agréables et pas seulement de ses difficultés actuelles. Si on doit rendre des comptes à ses proches en permanence, cela rajoute une pression malvenue.
Aussi, on entend souvent des conseils comme il faut faire comme si on avait un poste, se lever le matin, s’habiller comme si on allait au travail. Mais le cerveau sait très bien qu’on n’a pas d’emploi, qu’on s’ennuie. En revanche, il faut essayer au maximum d’éviter la désocialisation, un chercheur d’emploi passe souvent ses journées seul et peut rapidement s’isoler. Les chômeurs peuvent avoir l’impression qu’ils n’ont pas grand-chose à raconter puisqu’ils n’ont pas d’activité.
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Comment éviter de tomber dans cette spirale négative ?
Il faut s’appuyer sur son entourage, les gens avec lesquels on se sent bien mais avec qui nous n’aurons pas à nous justifier de toutes nos démarches. Aussi, peut-être explorer l’idée de s’investir dans des associations par exemple, de faire du mentorat sur des sujets qui nous intéressent, qui nous motivent. Les réseaux sociaux, que l’on critique beaucoup, peuvent aussi permettre de garder du lien et de réseauter à conditions de bien choisir ses affinités.
D’un point de vue plus concret, il s’agit aussi d’apprendre à mieux gérer son stress, de s’interroger sur les raisons de sa procrastination parce que c’est le signe que quelque chose ne va pas. C’est peut-être le moment de réfléchir pour revoir ses priorités, et pourquoi pas de se faire accompagner d’un psychologue ou d’une personne qui peut nous aider à comprendre ce que cette période difficile peut nous apprendre sur notre projet professionnel. Les trucs et astuces contre la procrastination et se fixer des objectifs comme lire 20 annonces par jour, ça ne fonctionne pas, il faut comprendre les raisons de son manque de motivation.
En définitive, il faut se ménager et préparer la suite sans se mettre trop de pression ?
Oui, et c’est aussi le moment de réfléchir à un projet professionnel qui aurait du sens, qui serait vecteur de plaisir et de motivation. Mais évidemment, ça n’est pas une obligation, la reconversion est une solution parmi d’autres. C’est aussi important de garder à l’esprit qu’on a le droit de se faire plaisir et de prendre du temps pour soi. Qu’il s’agisse d’aller se promener, de pratiquer du sport ou quoi que ce soit. Se concentrer en permanence sur les enjeux professionnels est générateur de stress et on finit par tourner en rond. Il faut penser à s’accorder ce que j’appelle des vitamines mentales, ces petites choses qui donnent de l’énergie et nous boostent.
Écoutez ses besoins est le premier levier pour garder sa confiance et son estime. Quand on s’accorde de l’attention, on s’accorde de la valeur. Il faut relativiser les jugements qu’on se fait, et par exemple imaginer ce qu’on dirait à notre meilleur ami. Pour être plus bienveillant envers soi-même sans que ce soit de l’autocomplaisance.
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