Contrairement à une idée reçue, seuls 12 % des freelances mènent leurs missions en solo (1) ! En effet, 9 sur 10 expérimentent déjà le travail en équipe, de manière parfois informelle et non structurée : 58 % d’entre eux au sein d’une équipe constituée par le client et 32 % dans des équipes de freelances formalisées. Et ce n’est qu’un début ! Alors que plus de 35 000 collectifs se sont déjà formés en France au cours des quatre dernières années, la tendance devrait connaître un bond dans les mois à venir. 37 % des freelances de l’Hexagone ont en effet pour projet de ou rejoindre un collectif. Résultat : près de 150 000 organisations de ce type devraient voir le jour. Concrètement, ce sont des équipes de freelances ayant choisi d’unir leurs réseaux, leurs compétences et leurs méthodologies, de manière plus ou moins formelle. Certains étant éphémères ou occasionnels, d’autres allant jusqu’au groupement d’intérêt économique (GIE). Ces petites équipes décentralisées et pluridisciplinaires participent à l’essor d’une troisième voie entre l’entreprise de services et le travail indépendant.

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Une force de frappe plus importante
« Sur la plateforme Collective, les équipes réunissent en moyenne 3-4 freelances, et autant d’expertises pointues, principalement spécialisés sur des métiers digitaux 5tech, design, marketing digital, data). Les collectifs se forment sur la base de la cooptation. Et les indépendants qui les constituent peuvent d’ailleurs appartenir à plusieurs collectifs, précise Jean de Rauglaudre, CEO et cofondateur de Collective.work. Ce mode de fonctionnement offre un nouvel horizon aux indépendants qui peuvent désormais combiner la liberté inhérente au freelancing avec la force de frappe d’une équipe. Cela leur permet de travailler sur des projets autrefois réservés aux agences et autres cabinets de conseil avec plus d’agilité ce qui plaît beaucoup aux entreprises. Ces dernières les plébiscitent également pour éviter d’avoir à gérer chaque freelance individuellement. La gestion de projets en est facilitée. » Les clients font en effet appel à eux pour avoir accès à des talents experts sur des sujets pointus non présents en interne, gagner du temps et rester flexibles.
Une proximité essentielle
Au-delà des projets en eux-mêmes, ce mode de travail répond également à d’autres aspirations : combattre l’isolement (55 %), apprendre de ses pairs (41 %), développer une organisation plus transparente (38 %) et trouver davantage de sens au travail (37 %). L’aventure vous tente ? Sachez que 71 % des collectifs sont formés par d’anciennes relations de travail, ou au sein de cercles amicaux. « Il faut vraiment vous mettre d’accord sur vos attentes respectives, et que la responsabilité soit partagée au sein du collectif, conseille Théau de Maupeou, responsable du contenu chez Shine et freelance lui-même. Sur quels aspects vous aidez-vous ? Quels sont vos objectifs en vous rassemblant ? Attention à garder une taille humaine. Idéalement, veillez aussi à préserver une certaine proximité géographique, c’est plus sympa de pouvoir se voir facilement et quasi indispensable de se retrouver régulièrement en vrai. »

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Le partage de valeurs
Si vous rejoignez un collectif déjà formé, regardez bien les compétences déjà présentes pour les compléter au mieux selon le projet. « Il est aussi essentiel de partager des valeurs communes, insiste Jean de Rauglaudre. Le why n’est pas anecdotique, au contraire. Certains collectifs veulent avoir un impact positif, d’autres sont motivés par la quête d’innovation. Sur notre plateforme, chaque collectif publie son manifeste sur sa page vitrine le présentant. Cette raison d’être doit être fédératrice. »
Un marché en plein essor
Les revenus générés par les collectifs devraient quasiment atteindre 1,5 milliards d’euros aux États-Unis, 700 milliards en Europe et 23 milliards en France en 2028. Les clés de la réussite ? Miser sur la transparence (sur le rôle de chacun, les tarifs, le fonctionnement, etc.) et cultiver le sentiment d’appartenance entre les membres du collectif, mais aussi les liens avec les clients. Dernière idée reçue à combattre : non, ce n’est pas une mode réservée aux jeunes ! Les membres d’un collectif sont en moyenne plus expérimentés, et donc plus âgés, que les freelances travaillant seuls.
(1) Source : Enquête Shine et Collective.work, « Les collectifs de freelance en 2023. Comment le freelancing se réinvente pour concurrencer l’entreprise de services ? ».