Pour celles et ceux recherchant un renouveau professionnel ou souhaitant retrouver le chemin de leur carrière, le bilan de compétences doit permettre de répondre à leurs aspirations profondes. Et à déterminer la voie à suivre en conséquence. Mais attention, sous ce terme générique, tous ne se valent pas. Comment trouver celui qui vous conviendra le mieux ? A quoi être vigilant ? Que pouvez-vous en attendre ? Marie-Eve Dausset, coach et consultante spécialisée en stratégie de projet professionnel et auteure de l’ouvrage Le bilan de compétences autrement (Gereso), partage sa conception du bilan de compétences et ses conseils.
Pourquoi était-ce important pour vous d’ouvrir une réflexion sur le bilan de compétences et ses raisons d’être ?
En premier lieu, j’ai tenu à réfléchir sur la question à partir d’une émotion positive. Par mon expérience, j’ai pu observer de véritables transformations professionnelles et personnelles d’individus grâce au bilan de compétences, lorsque la démarche est faite de la bonne façon. J’ai accompagné plus de 600 personnes donc j’ai ce recul et cette expérience qui nourrissent ma réflexion. Je me suis donc demandé pourquoi et comment, une personne en situation de détresse ou d’instabilité professionnelle, qui sort d’un burn-out ou ne sait pas où aller pour sa reconversion, reprend confiance et énergie et sait où aller à l’issue d’un tel parcours. Ce n’est pas en cochant des cases dans des tableaux que cela arrive. J’ai voulu comprendre quels sont les leviers qui parviennent à mettre en projet quelqu’un, de façon réussie.
Dans quels cas le bilan de compétences n’est-il pas délivré comme il le faudrait selon vous ?
C’est notamment le cas quand on cherche seulement à aider la personne à trouver ce qui lui plaît. Comme si son destin était à trouver à l’extérieur d’elle-même et que cela nécessitait une forme d’objectivation de la personne. Or, ma conviction est que la réponse vient de l’intérieur, et non de l’extérieur. Aussi, trop de prestataires le voient comme une machine à sous et dégradent la qualité de la prestation. Et cela peut faire des ravages sur le plan de la réalisation professionnelle, mais aussi sur le plan psychique, parce que le projet qui sera établi à l’issue du parcours ne le sera pas sur des bases suffisantes pour être réaliste et pertinent. La personne qui suit le bilan risque donc de se retrouver de nouveau sur les genoux.
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L’essence du bilan de compétences est-elle d’accompagner la personne dans ses propres réflexions, plutôt que de la guider ou de la diriger ?
Il s’agit de passer de l’objet au sujet, pour permettre à la personne d’être en confiance vis-à-vis de sa façon de fonctionner. Quels types de scénarios la personne vit-elle ? Comment perçoit-elle le monde autour d’elle et quelles sont les conséquences sur sa vie professionnelle ? C’est fondamental comme questionnements, et cela permet dès lors de déterminer les choses à conserver, et celles avec lesquelles opérer une rupture pour avancer. C’est ensuite, grâce à ces ruptures, qu’on peut commencer à déterminer le désir et la volonté propre de la personne, pas celles de ses parents, de son patron ou autre. De fait, si on reste dans l’auto-déclaratif et dans le remplissage de cases, la personne reste dans ses scénarios préétablis et on entretient le problème plutôt que de contribuer à le dépasser.
Il s’agit donc presque d’un travail psychologique et d’introspection ?
Tout à fait. La posture et l’engagement de la personne sont bien sûr importants. Mais je n’ai rencontré personne qui n’était pas intéressé par l’idée d’aller creuser au plus profond de soi-même pour trouver les moyens d’avancer dans sa vie professionnelle. Le terme même de bilan de compétences est trompeur. Ce n’est pas qu’un bilan et les compétences ne sont qu’une partie d’un projet. Le plus important, c’est d’ouvrir son désir et de trouver la force en soi pour construire quelque chose auquel on croit et que l’on s’approprie, c’est cela qui déterminera la réussite d’un projet. Sinon, c’est du sparadrap mis sur une plaie béante.
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Quels conseils donner aux potentiels bénéficiaires pour bien choisir le prestataire du bilan de compétences ?
Déjà, le label de qualité Qualiopi, auquel doivent répondre les centres de bilan, a été instauré. Il y a donc un premier tri qui s’opère, bien que Qualiopi ne soit pas parfait. Ensuite, il est très important de profiter de l’entretien préalable à tout bilan de compétences, qui est obligatoire, pour se faire son avis. Attention, il ne faut pas qu’il soit fait avec le commercial, mais avec le consultant qui va vous accompagner. Il faut rencontrer le consultant, et observer si le « feeling » passe et si vous êtes en confiance. C’est de la sensibilité humaine avant tout, il faut se sentir entendu et compris. Et puis il y a, bien sûr, des enjeux d’expérience et de connaissances du marché ainsi que des métiers que doit avoir le consultant, pour pouvoir être conseillé au mieux. Il s’agit d’un accompagnement long, il faut donc bien prendre le temps de sélectionner l’organisme.
En définitive, si j’ai une chose à dire à toutes et tous, c’est d’avoir confiance dans leur propre capacité à construire et à élaborer un projet, quel que soit leur état au moment de solliciter un bilan.