Comment bien négocier son salaire à l’embauche ?
Emploi

Comment bien négocier son salaire à l’embauche ?

Alors que le cabinet de recrutement Robert Half vient de dévoiler son nouveau guide des salaires 2024, Laure Charbonneau, directrice pour la France, donne des conseils pour bien négocier son salaire dès le processus de recrutement, et notamment pendant l'entretien d'embauche.

C’est une question taboue et pourtant un point central de toute candidature : savoir bien négocier son salaire à l’embauche est capital, d’autant que cela aura des conséquences sur l’évolution ultérieure de la rémunération au sein de sa nouvelle entreprise.

Or, selon une étude récente du cabinet de recrutement Robert Half, « si 56 % des hommes se sentent à l’aise pour négocier leur salaire, ce n’est le cas que pour 36 % des femmes (…) La question du salaire et la manière de le négocier sont encore souvent un point de difficulté des entretiens d’embauche. »

Albane Armand, directrice chez Robert Half, renchérit : « En matière d’inégalités salariales entre femmes et hommes, les répercussions directes de l’autocensure des femmes sont visibles, ce qui les entrave dans leur capacité de négociation, souvent dès l’embauche. »

Mais, qu’il s’agisse d’une candidature féminine ou masculine, les blocages restent les mêmes, selon l’enquête qui liste les cinq raisons principales au malaise concernant la question salariale. « Je ne sais pas combien je peux et dois demander » est cité dans 52 % des réponses. « J’ai du mal à lancer le sujet, je ne sais pas par où commencer », dans 45 % des cas. « Je me sens facilement intimidé » est évoqué par 44 % des personnes interrogées lors du sondage. « Je sais déjà que je vais avoir une réponse négative », revient chez 37 % des membres du panel. « J’ai peur de donner une mauvaise impression », concerne un tiers des répondants.

Ces difficultés sont problématiques dans la mesure où, selon l’étude « Ce que veulent les candidats », réalisée par Robert Half, « pour plus de deux tiers des sondés le salaire reste le critère numéro un pour choisir une entreprise plutôt qu’une autre et le fait que la rémunération proposée ne réponde pas aux attentes est le premier motif de refus d’une offre d’emploi (65 %), loin devant une mauvaise localisation de l’entreprise (49 %) ou un mauvais contact durant le processus de recrutement (40 %). »

Afin de trouver une solution à cette dissonance, voici les conseils de Laure Charbonneau, directrice pour Robert Half en France.

Bien se préparer pour étayer sa demande salariale

Obtenir un salaire à la hauteur de ses aspirations se prépare. Mieux vaut formuler une demande ambitieuse, mais raisonnable, afin que ce soit gagnant-gagnant entre candidat et employeur. Donc on identifie bien ce que l’on veut et on vérifie par rapport au marché de l’emploi. En premier lieu, il est nécessaire d’avoir de la visibilité sur le type de poste et le secteur d’activité. Il faut aller chercher les infos sur les guides des salaires existants.

Robert Half vient de publier le sien pour 2024, focalisé sur les grilles de salaires d’une centaine de fonctions, dans les métiers de la finance et comptabilité, de l’IT et du numérique, des RH, du juridique et des fonctions support spécialisées.

Autre solution, questionner des employés de l’entreprise que l’on vise, soit parce qu’on les connaît, soit en les contactant sur LinkedIn, pour repérer les fourchettes de rémunérations et l’évolution salariale pratiquée. Et aussi pour identifier la culture d’entreprise et les conditions de travail.

La préparation est également psychologique, pour éviter de laisser la place au stress et aux émotions. Il faut bien lister ses arguments adaptés au poste visé, les mémoriser pour ne rien oublier

Trouver les meilleurs arguments

Quelles justifications mettre en avant pour défendre ses prétentions salariales avec conviction ? Il y a l’expérience, la maîtrise d’outils particuliers, le fait d’avoir travaillé sur certains projets, les compétences comportementales que l’on a acquises… Pour tout cela, on ne se contente pas d’affirmer les faits, on les justifie, on donne des exemples précis et marquants, preuves des qualités utiles au poste et à l’entreprise ciblés. On peut aussi se référer aux niveaux de salaires observés dans un guide des rémunérations pour montrer où l’on sait se situer par rapport au marché de l’emploi.

Par ailleurs, il peut s’avérer intéressant d’ouvrir la discussion en actionnant d’autres leviers, comme la négociation d’un package dans son ensemble avec des primes ponctuelles, une part variable en plus d’un montant fixe annuel, ou encore un budget formation individualisé, des avantages non financiers, etc.

Identifier le bon timing et les interlocuteurs décisionnaires

Quand aborder la question du salaire dans le processus de recrutement ? Il est essentiel de le faire au bon moment et avec les bonnes personnes afin de se donner le plus de chance d’être entendu. Donc il ne faut pas hésiter, dès le début du process, à interroger les interlocuteurs pour savoir qui a la main sur ce point : l’équipe des ressources humaines ? le manager ? Et comment est prévue la négociation avec les décisionnaires.

Il est certain que c’est une question délicate et que l’on dit taboue en France, mais cela s’ouvre de plus en plus, d’autant qu’une directive européenne va instaurer la transparence des salaires.

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