Emploi

Comment maintenir les seniors dans l’emploi ?

Un rapport sur l’emploi des “travailleurs expérimentés” a été remis au gouvernement. Pour faciliter le maintien en entreprise des seniors, il propose notamment de mettre l’accent sur la formation continue, et de “mettre les enjeux du vieillissement au cœur” des politiques de prévention et de santé au travail des entreprises.

 
Les taux d’activité et d’emploi des seniors en France se sont fortement redressés depuis 15 à 20 ans, selon le rapport Bellon sur « l’emploi des travailleurs expérimentés », remis au gouvernement le 14 janvier par la “mission sur le maintien en emploi des seniors”.

En 2018, en moyenne, 56 % des 55-64 ans étaient actifs au sens du BIT : 52,1 % étaient en emploi (contre 36,4 % en 2003) et 3,8 % étaient au chômage, soit un taux de chômage (par rapport aux actifs) de 6,9 %. (1) Une belle évolution, donc, bien que le taux d’emploi des seniors reste inférieur à la moyenne de l’Union européenne, qui était de 58,7 % en 2018. En outre, les statistiques de l’Insee montrent aussi que le taux de chômage des plus de 55 ans augmente régulièrement depuis dix ans : il est ainsi passé de 4 % en 2008 à 6,9 % en 2018, soit une augmentation de 2,9 points.

 

Le vieillissement au cœur de la stratégie des organisations

D’après les auteurs du rapport (2), le redressement du taux d’emploi des seniors “tient pour beaucoup aux réformes récentes du système de retraite et au fort repli des dispositifs de cessation anticipée d’activité”. Mais, ajoutent-ils, “certains enjeux appellent une mobilisation particulière pour conforter la poursuite de l’allongement des carrières sur le moyen-long terme, en favorisant le vieillissement actif au travail et l’emploi des travailleurs expérimentés”.

Le rapport préconise d’abord de “mettre les enjeux du vieillissement au cœur” des politiques de prévention et de santé au travail des entreprises, notamment en abaissant les seuils déclenchant l’obligation de négocier un accord de prévention de la pénibilité, en “rendant obligatoires de traiter les thèmes de l’aménagement des fins de carrière et du maintien en activité des salariés exposés aux facteurs de risque dans les accords ou plans d’action”.

 

Prévenir “l’obsolescence” des compétences

La “mission sur le maintien en emploi des seniors” conseille ensuite de prévenir les “risques d’obsolescence des compétences” en seconde partie de carrière et de favoriser la transmission des savoirs, notamment en mettant en place un bilan de compétences “salarié expérimenté” (à partir de 20 ans d’expérience), et en abordant lors des entretiens bi-annuels la question de la seconde partie de carrière du salarié, quand celui-ci a plus de 20 ans d’activité professionnelle.

Le rapport préconise aussi de “former autrement en s’appuyant sur les savoirs issus de l’expérience et en les valorisant davantage”, en mettant l’accent sur la formation continue et en augmentant, au niveau du gouvernement, les dépenses publiques consacrées aux dispositifs de reconversion et de transition (CPF de transition et Pro-A). Il conseille également de “faciliter les mobilités internes qui permettent de rester plus longtemps en emploi” en simplifiant la procédure de mise à disposition temporaire de salariés au sein d’un même groupe, “d’élargir le recours” au Cumul Emploi-Retraite, et de favoriser des “logiques d’aménagement des fins de carrière”, sous la forme d’un passage à temps partiel avec maintien des cotisations sur la base d’un temps plein.

 

Accélérer la “transformation culturelle” des entreprises

Enfin, pour “accélérer la transformation culturelle” des organisations, la mission recommande de valoriser l’engagement et les bonnes pratiques des entreprises, notamment en intégrant aux “lignes directrices qui structurent le cadre juridique du reporting extra-financier” une “incitation à publier des items” relatifs à l’emploi des travailleurs expérimentés, et en “encourageant la systématisation de critères relatifs à l’inclusion” de ces derniers dans les “labels diversité”.

En conclusion, le rapport préconise de mettre en place une “délégation interministérielle au vieillissement actif”, et d’organiser d’ici fin 2020 des “assises du vieillissement actif au travail” permettant de concevoir à terme une “stratégie nationale coordonnée”.

 

(1) Les dernières estimations de l’Insee font état d’un taux d’activité des 55 à 64 ans de 56,6 % au 3ème trimestre 2019, représentatif d’un taux d’emploi de 52,7 % et d’une part de chômage de 3,9 % pour cette tranche d’âge (soit un taux de chômage de 7 %).

(2) Sophie Bellon, présidente du conseil d’administration de Sodexo, Olivier Meriaux, consultant et ancien directeur adjoint de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), et Jean-Manuel Soussan, DRH de Bouygues Construction.

 

 

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