Si la loi n’interdit pas au recruteur de poser les questions qu’il souhaite, elle liste les sujets pour lesquels il ne peut vous discriminer. Au plan légal, le problème réside donc davantage dans l’utilisation qui est faite des réponses qu’aux questions elles-mêmes. Quelle attitude adopter pour maintenir l’entretien sur un plan professionnel sans braquer votre interlocuteur ?
Comptez-vous avoir des enfants, quelle était la profession de vos parents, de quelle religion êtes-vous ? Autant de questions qui, en théorie, ne devraient pas avoir leur place en entretien… mais qui reviennent plus ou moins fréquemment. Difficile dans ces cas là pour le candidat de choisir la bonne posture. Avant d’opter pour une stratégie, dites-vous bien que la personne qui vous fait passer l’entretien n’est pas nécessairement mal intentionnée.
Courage et raison
Comme le souligne Christelle de Foucault, conférencière et formatrice sur les techniques de recherche d’emploi, “il n’y a pas de vérité en recherche d’emploi, chacun choisit la sienne”. Vous pouvez donc décider d’indiquer poliment au recruteur que vous estimez qu’il sort du cadre professionnel. Mais ayez conscience qu’il y a de fortes chances pour que vous vous le mettiez à dos.
“Quand on vexe une personne, en lui soulignant qu’elle sort du cadre et ne fait donc pas bien son job, il y a très peu de chances qu’elle nous choisisse”.
La deuxième solution, plus sûre, est de répondre. Mais attention, pas n’importe comment ! Passez très vite sur l’aspect personnel pour développer immédiatement les aspects professionnels qui en découlent. “S’il vous demande combien vous avez d’enfants, répondez par exemple que vous en avez trois (sans en dire plus), mais que vous avez un excellent système de garde, qui vous permet d’être opérationnel, d’arriver à l’heure. Ajoutez que cette vie de famille fait de vous quelqu’un d’ultra organisé qui sait gérer les priorités”. Vous pouvez aussi, pour les plus courageux, répondre et dans un deuxième temps, renvoyer la question sans crispation. Il ne se vexera pas car vous aurez été honnête avec lui en répondant. Enfin, rien ne vous empêche de mentir si le recruteur va trop loin dans la sphère privée. “À la question ‘comptez-vous avoir des enfants dans les prochains mois’, j’ai une candidate qui a répondu ‘Désolée, mais je ne peux pas avoir d’enfant’. À ceux qui s’inquiétaient que ce mensonge soit découvert, elle répondait ‘Si un enfant arrive, je dirai que c’est un miracle’. L’idée étant vous sortez du cadre, j’en sors aussi et je vous donne une petite leçon. Mais en aucun cas je ne conseillerais de mentir sur la sphère professionnelle.”
Ne pas se tromper de combat
Commencez toujours par vous interroger sur la personne que vous avez en face. Est-ce un intermédiaire ou votre futur manager ? Dans le premier cas, jouer le jeu ne prêtera pas à conséquences. En revanche, interrogez-vous sur votre volonté de travailler avec le second alors même que vous êtes mal à l’aise. Dans tous les cas, préparez-vous à ces questions. Christelle de Foucault conclut : “En recherche d’emploi, il ne faut pas se tromper de lutte. Mon but est de trouver un job, pas de sauver tous les mauvais recruteurs de la terre ni tous les candidats. En revanche, si l’on estime que l’on a été discriminé, il faut appeler le Défenseur des droits. Là, cela fera bouger les choses.”