Dans la foulée de l’essor de l’IA générative, l’année 2024 cultive le dynamisme du digital et de ses emplois. D’ici à 2030, 1,6 million d’emplois seraient ainsi à pourvoir, avec en fond la pénurie de talents qui touche le secteur. En effet, si les grands domaines du numérique recrutent massivement, beaucoup d’entreprises manquent de candidats. D’après l’Institut Montaigne, il faudrait doubler le nombre de personnes formées aux métiers du numérique, chaque année, d’ici à 2030. « Tous les métiers relevant du champ du numérique sont en tension. Et tout particulièrement les métiers techniques et ceux créant des solutions et des services pour faciliter la vie des entreprises, confirme Rémi Ferrand, directeur général de l’association Talents du numérique. En 2030, le métier le plus en tension ne sera pas celui d’aide à la personne ou d’enseignant, mais celui d’ingénieur informatique. Il manque déjà, chaque année, 10 à 15 000 jeunes diplômés. On compte donc sur la reconversion, la formation continue et professionnelle. »
Des débouchés pour tous
Dans toute sa diversité, le numérique au sens large recrute à tous les niveaux et dans tous les secteurs. « Au sein des Entreprises de services du numérique (ESN), on recherche des bac +5 très qualifiés, mais il y a aussi d’importants besoins dans d’autres secteurs, pour gérer la transformation digitale : dans les entreprises, dans les associations, dans l’administration, explique Rémi Ferrand. On recherche des profils techniques comme des profils plus littéraires ou artistiques, avec, par exemple, des postes dans le graphisme ou la rédaction Web. » Le numérique public est également gourmand en candidats : plus de 4 000 postes étaient à pourvoir en 2024 dans la filière du numérique de l’État, au sein des différents ministères, et ces recrutements devraient doubler dans les 5 ans.
Pour présenter ce large spectre de voies professionnelles, la Grande École du Numérique (GEN) distingue six familles de métiers : développement ; communication digitale, marketing et e-commerce ; gestion et pilotage ; data, IA et Internet des objets ; interface, graphisme et design ; et enfin sécurité, réseau, cloud et télécoms. Au sein de ces grands domaines, Fitec, l’organisme de formation spécialisé dans l’IT et le digital, distingue les 5 sous-secteurs qui recrutent le plus aujourd’hui : la cybersécurité, la transformation numérique des entreprises, la conception et le développement (data analyst, développeur Web…), les systèmes et réseaux et le business development.
Portes ouvertes aux reconversions
« Beaucoup de métiers du numérique ne nécessitent pas un diplôme supérieur ou des hard skills complexes, rassure Cyril Pierre de Geyer, fondateur de RocketSchool, qui forme aux métiers du commerce et du marketing « à la sauce numérique » et propulse des trajectoire de reconversion. Nous recrutons les gens sur leurs soft skills. Nous faisons passer aux candidats un test de personnalité, produit par Assess First. L’idée, c’est qu’avec la bonne motivation et les qualités correspondantes, n’importe qui peut rentrer. Nous formons des personnes très différentes, avec, par exemple, un légionnaire qui n’avait que le brevet des collèges, et puis un vulcanologue bac +8 surqualifié qui souhaitait se reconvertir dans un secteur d’avenir. »
De fait, l’ampleur des besoins dans les secteurs du digital et les initiatives de formation ont de quoi convaincre les actifs en quête de reconversion. « Le numérique, ce sont souvent des emplois qualifiés, bien payés, et à près de 95 % des CDI, selon France Travail, complète Rémi Ferrand. Pour les personnes en reconversion, c’est intéressant de se tourner vers les TPE et PME qui recherchent des compétences numériques. Avec Numeum et la Fitec, nous faisons notamment des préparations opérationnelles à l’emploi (POE), pour engager des candidats dans des formations menant directement à l’embauche. Et nous développons aussi les plateformes régionales Numeric’Emploi, très intéressantes à consulter pour les candidats à la reconversion. » Dans le cadre d’un renouveau de carrière ou d’une orientation directe, les métiers du numérique s’apprennent également de plus en plus souvent via l’alternance.
L’enjeu de la formation
Si les compétences numériques sont aujourd’hui un plus quasi-indispensable sur le marché de l’emploi, celles-ci s’entretiennent. « De mon point de vue, on gagne 20 à 30 % en performance quand on maîtrise les outils numériques, affirme le fondateur de Rocket School. C’est un énorme plus en termes d’employabilité, et il faut faire attention à l’obsolescence des compétences. » La formation reconversion proposée par RocketSchool offre un parcours de 15 mois, dont 3 mois de bootcamp d’apprentissage intensif des compétences du marketing et de la vente digitale et 12 mois d’alternance, débouchant sur un diplôme équivalent à un bac +3 reconnu par l’État (retrouvez plus de formations et de parcours via le portail de l’orientation de la Grande École du Numérique).
En matière de formation, même son de cloche chez le directeur général de Talents du numérique : « Il faut rester up to date sur l’innovation et les technologies, se former tout au long de la vie professionnelle pour ne pas être dépassé. »