Emploi

Comment trouver un emploi et réussir sans diplôme ?

Sans diplôme, l’insertion et le maintien sur le marché du travail sont plus difficiles. Mais rien d’insurmontable, et toujours plus de secteurs et d’entreprises s’ouvrent à des profils peu ou pas qualifiés. Pour se démarquer, mieux vaut apprendre à miser sur ses qualités humaines et ses compétences. Et éviter de se dévaloriser.

Trouver un emploi sans avoir de diplôme n’est pas chose aisée, mais les besoins de recrutement des entreprises ouvrent de plus en plus de portes aux profils peu qualifiés. Sur le 1er trimestre 2023, 375 500 sont restés vacants, selon les chiffres de la Dares (Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques) et le ministère du Travail. Soit une hausse de 73 % par rapport au 4e trimestre 2019, avant la crise sanitaire, tous secteurs confondus. Une pénurie de main d’œuvre synonyme d’opportunités pour les non-diplômés. « C’est en dépassant ses craintes et la pression du diplôme qu’on prend conscience de ses compétences, affirme Marie-Laure Deschamp, coach et auteure de l’ouvrage J’ai pas fait bac+5, et alors ? (Gereso). Une personne peu qualifiée arrive avec une marge de progression importante, source d’engagement et de motivation au quotidien ».

Reste que les profils non-diplômés affichent souvent une certaine peur quant à leur employabilité, et n’ont que peu conscience de leurs atouts. « Il y a des entreprises qui recrutent, qui forment. On peut trouver l’emploi qui convient, et pour cela il faut se connaître, étudier les solutions qui existent. Et surtout miser sur ses compétences et sa marge de progression », confirme Mélissa Estrade, conseillère Contrat Engagement Jeune (CEJ) chez Pôle emploi dans la région Occitanie.

Travailler sa confiance et se faire accompagner

Un premier conseil : faites-vous accompagner et conseiller pour construire un projet et faire le tri dans vos compétences et vos besoins. « On ne recommandera jamais assez de solliciter un accompagnement, qu’il s’agisse de Pôle emploi, de Cap emploi ou des missions locales, avec un conseiller présent pour vous orienter et vous donner les bons outils pour augmenter vos chances », abonde Mélissa Estrade. De fait, le premier travail à mener, avant toute procédure de candidature, est de se recentrer sur soi. « Fatalement, beaucoup de ces profils ont un manque de confiance à cause de leur parcours, il s’agit de les aider à exprimer leurs motivations et à se créer de l’intérêt pour des métiers qui recrutent », ajoute Valérie Deflandre, conseillère au Centre d’information et de documentation jeunesse (CIDJ).

Dans le cadre d’un accompagnement par un conseiller, on apprend ainsi à identifier ses forces et ses atouts, au-delà du diplôme, notamment les fameuses soft skills, les compétences humaines applicables au travail. Et surtout à reprendre confiance en son potentiel. « Il faut avoir du recul sur ce que l’on peut apporter à l’entreprise, cela peut passer par un coaching, un bilan de compétences ou même une VAE (validation des acquis de l’expérience)», complète Marie-Laure Deschamp. Le maître-mot ? Apprendre à mettre en avant autre chose que le seul contenu du CV, comme le rappelle la conseillère du CIDJ : « Qui dit absence de diplôme dit que l’on a moins de leviers pour convaincre et que ce que l’on vend au recruteur ce sont ses compétences et sa personnalité ».

Miser sur ses compétences

Pour identifier ses compétences, plusieurs solutions. « Nous proposons par exemple la prestation Atouts Jeunes, qui permet de découvrir et mettre en application les savoir-être professionnels nécessaires aux métiers qui recrutent, et d’identifier les manques à compléter », explique Mélissa Estrade. Aussi, il s’agit de prendre conscience de ses acquis, comme le souligne Valérie Deflandre : « Pour savoir valoriser son profil, il faut repérer ses atouts. Les savoir-être et les savoir-faire qu’on exprime parfois en dehors du contexte professionnel, c’est ce qu’on appelle des compétences transverses, que l’on va pouvoir exploiter dans le cadre des candidatures ».

Dans le même ordre d’idée, mieux vaut éviter de s’infliger une pression trop importante. « Un de mes premiers conseils c’est de se recentrer sur soi-même, sur ses compétences et son expérience même très courte, plutôt que de constamment se comparer à ce que le marché du travail nous demande historiquement. Certains profils ne remplissent que 70% des critères recherchés ou moins, mais ce n’est pas du tout rédhibitoire, il ne faut pas hésiter à candidater. Vous pourrez acquérir ce qui vous manque grâce à l’expérience et à la pratique ou par de la formation après embauche », insiste la coach Marie-Laure Deschamp.

Quand vient l’étape de construire son CV et de prendre contact avec des entreprises, le tout sera d’insister sur ces mêmes compétences ainsi que sur sa marge de progression, en évitant de souligner son manque de qualifications. Pour cela, construire son CV en listant ses compétences plutôt qu’en insistant sur les seules expériences est un bon début. D’autant plus que différents dispositifs existent pour combler ces lacunes.

Cibler des secteurs porteurs

« On propose par exemple des stages et des immersions professionnelles pour découvrir des secteurs et des métiers d’avenir, précise Mélissa Estrade, la conseillère CEJ de Pôle emploi. Ensuite, deux solutions : des formations plutôt courtes, et notamment l’alternance, mais aussi l’action de formation préalable au recrutement (AFPR) et des préparations opérationnelles à l’embauche (POE), qui permettent d’acquérir des compétences clés pour répondre aux besoins de l’employeur avec un contrat de travail qui débute à la fin de la formation ». Autant de solutions qui se déploient avec l’accord du futur employeur et sont accessibles aux demandeurs d’emploi indemnisés ou non. Pour viser juste et maximiser ses chances malgré un CV peu fourni, « il faut se tourner vers les métiers et les secteurs avec une certaine tension de recrutement qui s’ouvrent à ce genre de profils, affirme Valérie Deflandre. Nous pouvons citer l’agriculture, l’hôtellerie-restauration, la logistique, le service à la personne, l’armée, le BTP, l’industrie, la fonction publique, mais également tout ce qui est commerce et vente ou traitement des déchets ». Sans oublier les opportunités du moment, avec par exemple les nombreux recrutements et parcours de formation dans les métiers de la sécurité à l’approche des JO de Paris 2024.

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