Il y a cinq ans, Claire Cano a fondé Expedicar, entreprise spécialisée dans la logistique automobile, alors qu’elle achevait à peine ses études. La jeune femme de 28 ans revient sur la genèse de ce projet et livre ses conseils pour réussir. Entretien.
En quoi consiste Expedicar ?
C’est un service qui permet de déplacer sa voiture aussi facilement qu’un colis. Concrètement, nous avons créé un service logistique qui permet de rapatrier les véhicules d’un point A à un point B en moins de trois jours. Cela s’adresse aussi bien aux particuliers qui ont acheté une voiture à distance qu’aux concessionnaires qui ont besoin d’équilibrer leur parc sur l’ensemble du territoire. Concrètement, nous travaillons avec des convoyeurs automobiles professionnels et indépendants mais également avec des particuliers, qui via une plate-forme dédiée, loue un véhicule qui doit être ramené à une destination précise.
Comment vous est venue l’idée de vous lancer dans la logistique automobile ?
Avant Expedicar, nous avons lancé un premier service qui s’appelle LuckyLoc. Ce dernier permet à un particulier de louer un véhicule, qui doit être rapatrié à un point précis, pour seulement 1 euro. C’est un modèle que j’ai découvert en Nouvelle-Zélande, pendant mes études, et qui m’a semblé innovant puisqu’il permet de rendre un service logistique tout en donnant la capacité à des particuliers de louer à bon marché un véhicule.
Pourquoi avoir fait évoluer votre modèle ?
Dès le départ, le service LuckyLoc a beaucoup fonctionné avec des loueurs de voiture tels que Europcar ou Avis. De fil en aiguille, nous nous sommes rendus compte que notre offre était assez incomplète car nous permettions à des véhicules d’être déplacés sur des axes très fréquentés. Au final, quand nos clients avaient besoin de rapatrier un véhicule, en urgence, sur des routes moins plébiscitées, il n’y avait personne pour le faire. Alors, nous avons décidé de fonder un réseau de logistique basé sur des convoyeurs professionnels et indépendants. Aujourd’hui, nous offrons une solution complète qui permet de déplacer environ 30 000 véhicules par an.
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Les secteurs de l’automobile et de la logistique sont réputés pour être des univers très masculins. Avez-vous eu des soucis pour convaincre vos clients de vous suivre dans ce projet ?
En effet, nous évoluons dans un domaine où il n’y a que 20 % de femmes. Dans notre entreprise – qui compte aujourd’hui une trentaine de personnes – elles représentent la moitié des effectifs. Si nous faisons figure d’exception et que nous avons réussi à inverser la tendance c’est avant tout parce qu’à la tête de notre entreprise nous sommes un binôme homme-femme. Après, sur le terrain, je n’ai jamais eu de remarques déplacées. Pour être honnête, je m’attendais à pire. Alors c’est vrai, je suis un peu vue comme un Ovni, mais c’est toujours avec respect et une certaine bienveillance. Ce qui nous a permis de convaincre c’est l’innovation que l’on apportait. Car développer et présenter un service innovant sur un marché poussiéreux a fait que nous étions rapidement crédibles aux yeux de nos futurs clients.
Avec le recul, estimez-vous avoir fait des erreurs qu’il ne faut pas reproduire ?
Nous n’avons pas fait de grosses erreurs mais il y a des choses que nous ferions différemment, c’est certain. Par exemple, le fait d’avoir mis trop de temps à recruter des personnes plus expérimentées et donc plus âgées. Cela nous a pas vraiment pénalisés, mais avec le recul, la croissance de l’entreprise aurait sûrement été plus rapide.
Quels sont les conseils que vous donneriez aux porteurs de projets ?
Choisissez un secteur où il y a tout à faire, tout à inventer. Même s’il n’est pas forcément sexy sur le papier, votre marge de progression sera beaucoup plus forte. Et puis, vous risquez de vous faire remarquer davantage, d’être mis plus facilement en lumière que si vous optez pour un domaine plus classique comme la vente de chaussures sur Internet, où la concurrence est forte. Gardez en tête également que créer son entreprise c’est un vrai marathon. Il faut tenir sur le long terme. On pense souvent que cela va prendre un an ou deux pour arriver à l’équilibre et qu’il faut tout donner dans ce laps de temps, en travaillant d’arrache-pied. En réalité, c’est un travail d’endurance et pour avoir une activité qui soit stable, cela prend des années, c’est très long. Mais on en a pas forcément conscience quand on se lance !