Quelques jours avant l’ouverture des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris 2024, le documentaire À toute épreuve Ils ont vécu l’enfer, connaîtront-ils la victoire aux J.O ?, réalisé par Adélie Floch pour France Télévisions, offre un premier aperçu du chemin parcouru par les athlètes. Le film, qui sera diffusé ce dimanche 21 juillet à 21h sur France 5, suit la reconstruction et le rebond de cinq sportifs français, lancés dans la course aux Jeux olympiques et paralympiques. Michel Cymes, médecin et ambassadeur santé des JOP, est ainsi parti à la rencontre de Samir Aït Said, gymnaste déjà deux fois finaliste olympique et porte-drapeau lors des derniers jeux de Tokyo ; Élodie Clouvel, spécialiste du pentathlon moderne et vice-championne olympique à Rio ; Coraline Bergeron, joueuse de para-badminton amputée de la jambe droite ; Rénelle Lamote, spécialiste du 800m ; et Laurent Cadot, rameur en handi-aviron, ayant déjà participé à deux olympiades en tant qu’athlète valide.
Toutes et tous partagent un point commun : ils ont connu des épreuves et de graves blessures physiques et psychologiques qu’ils tentent de surmonter chaque jour. À la poursuite d’un rebond qui passera par leur rêve olympique.
Samir Aït Said : surmonter les blessures et les échecs
Champion d’Europe, troisième des championnats du monde, double finaliste olympique, porte-drapeau de l’équipe de France aux Jeux de Tokyo 2020 aux côtés de Clarisse Agbegnenou… La médaille olympique est la seule ligne qui manque au palmarès déjà exceptionnel de Samir Aït Said. Mais pour le gymnaste spécialiste des anneaux, les Jeux sont synonymes de moments douloureux. En 2012, deux mois avant les Jeux de Londres, une fracture l’empêche de participer. En 2016, à Rio, il se qualifie pour la finale aux anneaux, mais se blesse gravement au saut de cheval : une double fracture tibia péroné qui choque tout un stade. À peine sortie de l’opération d’urgence, il demande à la médecin de l’équipe s’il pourra participer à la finale. C’est impossible, mais déjà il promet : il reviendra aux Jeux et décrochera la médaille de ses rêves. En 2021, à Tokyo, l’histoire se répète : qualification en finale, mais blessure au biceps à l’entrainement. Il finit 4e. À Paris, il espère enfin atteindre le rêve d’une vie.
Coraline Bergeron : le sport pour dépasser son handicap
Pour la joueuse de para-badminton, l’objectif des Jeux paralympiques de Paris constitue « sa résilience, sa façon de mieux vivre son handicap« . En 2017, à 20 ans, elle doit subir l’amputation de sa jambe droite, à la suite de l’agression de son ex-compagnon, qui lui fonce dessus en voiture. Après 9 jours entre la vie et la mort et une infection de son membre, l’amputation est inévitable. Mais très vite, la sportive fait de sa passion la source de son rebond, et tire de cette épreuve une force insoupçonnée. Auparavant, le badminton était plus un loisir et un plaisir qu’un objectif, il devient après l’accident sa principale motivation. Elle réapprend à marcher, puis à courir, à l’aide de ses prothèses sur mesure, et vit son sport à fond, jusqu’à être classée 10e mondiale en simple. « J’aimerais participer aux Jeux paralympiques et viser une médaille, pour prendre ma revanche sur ce qui m’est arrivé« , affirme-t-elle. Au-delà de son rêve sportif, elle a aussi trouvé sa voie professionnelle, et suit des études pour devenir enseignante en activité physique adaptée, pour accompagner à son tour des personnes amputées et handicapées.
Élodie Clouvel : reprendre confiance après un burn-out
Le pentathlon moderne comprend cinq disciplines : l’escrime, la natation, l’équitation, le tir au pistolet et la course à pied. Et Elodie Clouvel en est l’un des visages en France, depuis se médaille d’argent aux Jeux de Rio en 2016. Pour elle, la dévotion à son sport implique un programme d’entrainement dantesque et une vie jalonnée par la course à la performance. À partir des Jeux de Tokyo, où elle termine à une décevante 6e position, elle connait une descente aux enfers et une série de blessures psychologiques. Tombée enceinte quelques semaines après cette désillusion sportive, elle fait une fausse couche, puis découvre que le programme d’entrainement de la fédération pour les Jeux de Paris lui impose ses entraineurs et son rythme. « Je me sentais infantilisée, je n’avais plus d’énergie. Cela a fait cocotte-minute et tout à lâché« , explique-t-elle. C’est le burn-out, le trop plein. Elle ne parvient plus à tirer, ni à monter à cheval, et pense à arrêter. Son rebond passe alors par la reprise en main de sa pratique sportive : à un an des Jeux, elle monte avec son compagnon pentathlète leur propre programme d’entrainement. Et retrouve le sens de sa passion, pour viser une quatrième participation aux Jeux.
Laurent Cadot : vivre avec un handicap invisible
Pour Laurent Cadot, la participation aux Jeux paralympiques est l’aboutissement d’un long processus d’acceptation de son handicap. Une épreuve, pour ce rameur ayant déjà participé à deux olympiades en tant qu’athlète valide : une première fois à Athènes en 2014, où il atteint la finale en aviron à 8 avec barreur ; puis une seconde fois à Pékin. Et puis, en 2012, alors qu’il vise des Jeux de Londres au top de sa forme, il subit une banale opération pour retirer une hernie discale. À la suite de l’intervention, il subit un choc septique et une infection nosocomiale, qui détériorent ses nerfs. Il porte depuis un handicap invisible et une maladie dégénérative. Mais hors de question de se laisser abattre, il souhaite ramer de nouveau : On me disait que ce serait déjà bien si je parvenais à remarcher, mais c’était m’enlever ma vie que de me dire que je ne pourrai plus ramer. J’étais décidé à prouver que je pouvais revenir. » Laurent Cadot fait mieux que revenir : il décroche une médaille mondiale en valide un an et demi après son opération. Mais, il cache son handicap pendant presque 10 ans, jusqu’à ce que la souffrance physique et la perte de mobilité soient trop importantes, et qu’il se décide à se tourner vers le handi-sport : « Ce n’a pas été simple d’accepter que je suis handicapé et atteint d’une maladie dégénérative. Le sport m’a aidé.«
Rénelle Lamote : faire de la psychologie une force
Le 800m est une des disciplines de l’athlétisme les plus exigeantes. Et, depuis qu’elle a commencé à haut niveau, la spécialiste Rénelle Lamote façonne son corps pour son sport. Mais très vite, l’obsession de son poids et la pression des entraineurs l’entrainent dans une spirale négative : « Un entraineur m’a une fois demandé comment c’était possible d’être aussi grosse et de faire du haut niveau, parce que j’étais moins fine que les autres. L’obsession et venue comme ça, je ne pensais qu’à mincir pour améliorer mes performances ». De privation en privation, c’est le cercle vicieux pour Rénelle Lamote. Jusqu’aux Jeux de Rio 2016, qu’elle traverse comme un cauchemar et avec une balance dans sa valise. Après cet échec, elle se lâche et prend 15 kg en quelques semaines. C’est finalement grâce au travail avec un psychologue qu’elle met le mot sur ses troubles du comportement alimentaire : J’ai compris que je pouvais mener une vie normale tout en ayant une alimentation compatible avec le haut niveau. Cela m’a libéré et j’ai repris les choses en main et fait de Paris 2024 mon grand objectif. Je ne conçois plus l’entrainement de haut niveau sans un suivi psychologique. » Pour compléter son rebond, elle suit des études de psychologie pour préparer son après carrière. Une étape également décisive dans la vie d’un athlète de haut niveau…
Pour découvrir l’intégralité des parcours de ces cinq athlètes et visionner le documentaire, rendez-vous ce dimanche 21 juillet sur France 5, à 21h.