Emploi

Devenir chauffeur routier : un métier en quête de nouveaux profils

Le manque de main d’œuvre dans le secteur transport et logistique se confirme. Et certains métiers, comme celui de chauffeur routier et de conducteur poids lourd, n’attirent plus. Pour inverser la tendance et redorer l'image des emplois dans le transport, les employeurs revoient leurs habitudes de recrutement et testent de nouveaux outils. C’est le cas du groupe Jacky Perrenot, qui a entamé un partenariat avec l’application Truckfly by Michelin.

« Nous sommes dans une situation d’extrême pénurie, et face au manque de conducteurs, nous devons nous diversifier et trouver de nouvelles solutions de sourcing et de recrutement pour attirer de nouveaux profils », affirme Sophie Stezewski, directrice recrutement du groupe Jacky Perrenot, qui compte 10 000 salariés et 135 sites en France. Et pour cause, selon la Fédération nationale des transports routiers (FNTR), ce sont entre 40 000 et 50 000 chauffeurs routiers qui manquent à l’appel aujourd’hui, au sein des entreprises du secteur, soit deux fois plus qu’en 2017. Et plus de la moitié des transporteurs (53 %) rapporte d’importantes difficultés à recruter. En réaction, les employeurs revoient leur copie, à l’instar du groupe Jacky Perrenot, vieux de 75 ans, qui a notamment créé Road Campus, son institut de formation en interne, pour être capable de former des conducteurs et de directement recruter en CDI, CDD ou intérim. « C’est nous qui allons à la rencontre de nos futurs conducteurs, puisque les jeunes ne veulent plus se déplacer. Nous recherchons en moyenne entre 450 et 500 profils en CDI tous les mois, du directeur de région en passant par le directeur d’agence, les exploitants, tous les conducteurs bien évidemment, mais aussi des manutentionnaires et des préparateurs pour nos sites logistiques », complète Sophie Stezewski. Pour aller plus loin et adapter son recrutement, Jacky Perrenot a amorcé en août 2023 un partenariat avec l’application Truckfly by Michelin, le compagnon de route des chauffeurs routiers, pour mettre en avant ses offres d’emploi et sa marque employeur.

Un job board spécialisé

Stéphane Rabiller, CEO de Truckfly, présente l’outil : « Truckfly est une application communautaire rachetée par Michelin depuis 2017. Elle est pensée pour être le copilote du conducteur poids lourd au quotidien. Les conducteurs créent eux-mêmes leurs points d’intérêt, ont des alertes du trafic et entretiennent leur communauté. Pour ajouter une dimension emploi, nous avons créé un job board interne autour de trois piliers : d’abord la partie job posting, sur laquelle nous aspirons les offres des transporteurs pour permettre aux utilisateurs de postuler et ainsi faire du sourcing passif ; ensuite la partie CVthèque, qui permet aux utilisateurs de générer un CV simplifié en renseignant quelques informations clé ; et enfin la partie marque employeur, avec la mise en avant des entreprises et de leur cadre de travail. » Une offre qui touche directement les utilisateurs de l’application, dont la communauté compte mensuellement plus de 80 000 conducteurs, sans compter les autres utilisateurs qui ne sont pas nécessairement des professionnels de la route. La CVthèque elle, présente près de 12 000 CV mis à jour, et Truckfly est associée à 200 entreprises pour alimenter son job board.

« Depuis août, notre présence sur l’application a commencé à porter ses fruits, explique la directrice recrutement de Jacky Perrenot. 50 candidats ont levé la main et cela a mené à une quinzaine de recrutements en CDI. Et cela touche au-delà des simples conducteurs poids lourds. Nous avons, par exemple, des conducteurs de véhicules légers, qui ne sont pas en poids lourd, mais qui peuvent utiliser l’application pour se projeter et se tenir au courant des offres disponibles partout en France, constater que s’ils ont un projet de déménagement dans telle ou telle région, le groupe Perrenot y recrute. Il s’agit de redorer l’image de nos métiers auprès des jeunes qui se tournent moins vers notre secteur, mais pas seulement. Nous avons beaucoup de retraités et de seniors qui ont encore des aptitudes, un permis valable et qui recherchent encore une activité. »

En développant ce genre d’outils numériques et communautaires, il s’agit donc également de séduire un jeune public peu ou pas attiré par ces métiers. « On se rend également compte que la pyramide des âges avance, et avec les prochains départs à la retraite, le manque de 50 000 conducteurs va encore s’accentuer », analyse Stéphane Rabiller. Une chose est sûre, les opportunités d’emploi et de mobilité dans les métiers du transport ne manquent pas, comme l’affirme haut et fort Sophie Stezewski : « Un conducteur qui a son permis poids lourds peut trouver un emploi demain. »

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