Emploi

Emploi des personnes en situation de handicap : quelles dynamiques ?

Pour l’édition 2023 de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH), du 20 au 26 novembre, les organisateurs ont notamment choisi d’interroger l’apport de la transition numérique pour l’emploi des personnes reconnues comme travailleurs handicapés. L’occasion de souligner la diversification des opportunités pour ces profils, et de souligner les progrès de l’insertion face aux freins qui persistent.

« Les choses bougent pour le handicap et la diversité au sens large. Il n’y a pas un grand groupe aujourd’hui qui n’a pas une politique handicap et diversité. Et les PME s’emparent aussi des enjeux », affirme François Delannoy, directeur du Geiq emploi et handicap (Groupement d’entreprises pour l’insertion et la qualification), qui facilite le recrutement des personnes handicapées. Dans les chiffres, les progrès sont notables : selon la Dares, le taux de chômage des travailleurs en situation de handicap a reculé de 17,6 % à 12 % entre 2017 et 2022, et près de 38 % occupent un emploi.

Toutefois, beaucoup de chemin reste encore à parcourir, notamment vis-à-vis de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés (OETH), fixée par la loi à 6 % pour les entreprises de 20 salariés et plus. En effet, près d’un tiers des entreprises concernées affiche un zéro pointé, selon le ministère du Travail. Et un secteur comme celui de l’information et de la communication n’atteint que 2,8 % de taux d’emploi des personnes handicapées, contre 5,4 % dans l’industrie. « Le handicap reste une des premières causes de discrimination à l’embauche. Mais il y a également une réelle évolution des mentalités à l’endroit du handicap, avec les nouvelles générations qui arrivent sur le marché du travail et sont beaucoup plus ouvertes à l’inclusion, analyse Philippe Bouchard, directeur général de l’entreprise adaptée de travail temporaire (EATT) Kliff par Randstad, réseau d’agences spécialisées dans le recrutement de personnes reconnues travailleur handicapé. Il est clair qu’aujourd’hui, les emplois sur lesquels nous parvenons le plus facilement à insérer des demandeurs d’emploi en situation de handicap sont les métiers du service de la logistique et de l’industrie.»

La dynamique du numérique

Pour la 27e édition de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH), organisée du 20 au 26 novembre, le thème choisi est : « Transition numérique, un accélérateur pour l’emploi des personnes handicapées ?» Et pour cause, tant du point de vue de l’accessibilité numérique des dispositifs de formation que des métiers et des opportunités d’emploi qui se développent, le secteur offre un éventail favorable à l’insertion. « Sur notre agence d’Île-de-France, nous montons une session de formation de technicien d’assistance informatique, parce que les métiers du numérique sont porteurs, confirme Philippe Bouchard. Il faut surtout souligner que les perspectives s’ouvrent, de plus en plus de métiers s’ouvrent à la diversité en général, et l’inclusion est aujourd’hui un levier pour répondre au contexte de pénurie des compétences.» Reste que l’accessibilité à certains métiers du numérique est encore compliquée, notamment vis-à-vis des besoins de qualifications, le secteur recrutant souvent à partir d’un niveau bac +2.

L’enjeu de l’accompagnement et de la formation

Parmi les premiers vecteurs d’insertion des travailleurs en situation de handicap, l’accès à la formation professionnelle et l’accompagnement est déterminant. Le dispositif des Geiq œuvre ainsi au recrutement et à l’accompagnement des parcours d’insertion de travailleurs fragilisés ou éloignés de l’emploi. En 2022, ce sont ainsi 9 664 contrats de travail qui ont été signés grâce aux initiatives des Qeiq au bénéfice de publics prioritaires (jeunes de moins de 26 ans sans qualification, personnes éloignées du marché du travail depuis plus d’un an, issues de quartiers ou zones prioritaires, bénéficiaires des minima sociaux ou de la protection internationale), dont 521 ont concerné des personnes handicapées.

« L’alternance est un des meilleurs outils pour faire entrer les travailleurs en situation de handicap dans les entreprises, cela laisse le temps au temps, la personne peut se former au métier et prendre confiance, et l’entreprise peut prendre conscience de l’apport et s’ouvrir à un recrutement moins formaté», juge François Delannoy, le directeur du Geiq emploi et handicap. C’est justement pour favoriser l’accès à l’alternance et l’insertion dans les métiers du services qu’Akto, l’opérateur de compétences des 27 branches professionnelles du secteur des services, s’est associé à l’Agefiph (association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées), pour sensibiliser les employeurs et les opérateurs de compétences. En 2022, 2 997 personnes en situation de handicap ont ainsi bénéficié de contrats d’alternance dans les services.

« Permettre aux personnes en situation de handicap d’accéder à l’emploi, ce n’est pas uniquement leur trouver une place en entreprise qui leur convient. C’est avant tout un enjeu social, l’emploi étant facteur de socialisation et d’inclusion au reste de la société. Pour parvenir à tous ces enjeux, il est important de donner un accompagnement dédié aux personnes en situation de handicap, sans pour autant les stigmatiser« , ajoute Jean Hédou, vice-président d’Akto.

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