Emploi

Emploi : les perspectives restent mitigées pour les seniors

Au 3e trimestre 2016, les candidats français étaient 44 % à se déclarer confiants dans l’amélioration du marché de l’emploi, un chiffre en hausse de 3 points par rapport au 2e trimestre*. Mais en termes d’optimisme, tous les actifs ne sont pas logés à la même enseigne ; les plus seniors se révèlent par exemple bien plus fatalistes que leurs cadets. Les explications d’Isabelle Bastide, directrice générale de PageGroup en France.

 

L’explosion du chômage des seniors

Pôle emploi publiait récemment un comparatif entre le demandeur d’emploi de 1996 et celui de 2015. En presque 20 ans, le portrait-robot a fortement évolué. En 1996, seuls 12 % d’entre eux avaient plus de 50 ans. Vingt ans plus tard, la proportion a doublé pour atteindre 23 %. Ce chiffre s’explique en partie par des éléments sociologiques (arrivée progressive de la génération du baby-boom dans cette catégorie à partir de 1996) et économiques (impact fort de la crise de 2008 sur l’emploi, suppression de la Dispense de Recherche d’Emploi pour les seniors à partir de 2009) mais permet de mieux comprendre le pessimisme des plus de 50 ans lorsqu’ils évoquent la situation du marché de l’emploi (seuls 38 % croient en une amélioration) et la situation économique de la France (82 % la qualifient actuellement de mauvaise).

 

Une problématique clé

Quand on sait que l’âge moyen de départ à la retraite en France est de 62 ans – et semble voué à avancer encore -, on comprend aisément que l’emploi des seniors est une problématique clé. Aujourd’hui, un senior de 55 ans aura encore une dizaine d’années à travailler pour s’assurer de percevoir l’intégralité de sa pension. Cela pose à l’évidence certaines questions. Si l’on en croit la perception des seniors en recherche d’emploi, la discrimination liée à l’âge ressentie est extrêmement forte car leur recrutement souffre de nombreux préjugés (coût, formation aux NTIC, management, …). Mais en réalité, combien de temps restent aujourd’hui les salariés au sein de la même entreprise ou sur un même poste ?

 

Des attentes professionnelles différentes selon les générations

Là où les salariés juniors vont viser une première expérience de 2 à 5 ans, valorisable sur leur CV et leur permettant des évolutions professionnelles et salariales rapides, le positionnement et les attentes des seniors sont bien différentes. Les moins de 30 ans sont par exemple particulièrement désireux de travailler dans une entreprise offrant une possibilité de mobilité à l’international (52,8 % contre 35 % des plus de 49 ans) et de développer des nouvelles compétences (48,7 % contre 20,5 % des plus de 49 ans) qui garantiront leurs évolutions de carrière futures. Là où les jeunes recherchent un équilibre vie professionnelle / vie privée, seuls 10 % des seniors portent réellement de l’attention à ce critère.

 

Les seniors, moins en recherche de mobilité

Ces caractéristiques sont, pour beaucoup, à mettre en perspective des différentes phases de vie. Un jeune qui débute sa carrière professionnelle visera toujours à évoluer en termes de rémunération et de responsabilités. Par ambition, mais aussi pour pouvoir assumer l’évolution de ses besoins et des charges liées à son mode de vie (un mariage, un enfant, un investissement immobilier, …). À l’inverse, après 50 ans, les principaux jalons de vie sont déjà posés et assumés. Les engagements financiers sont moins nombreux ou moins marqués (achat immobilier, scolarité des enfants…). Il y a alors, de fait, moins de velléités à gagner plus (et de plus en plus) et à changer de poste ou d’entreprise. La revalorisation salariale est ainsi relativement peu importante pour les plus de 49 ans (6,5 %) alors que c’est un critère assez important pour les 30-49 ans. C’est en partie dans cette optique de rémunération que ceux-ci voient leurs préoccupations évoluer plus vers le développement de compétences et d’expertise à travers la formation professionnelle (81,8 %).

 

Des différences de préoccupation qui les desservent ?

Ces différents éléments expliquent le manque de confiance dont font part les plus de 49 ans dans le Baromètre Indice de Confiance Emploi PageGroup de ce 3e trimestre 2016. Alors que les moins de 30 ans se révèlent particulièrement confiants concernant leur évolution professionnelle avec  71 % d’entre eux qui déclarent s’attendre à évoluer professionnellement (+ 10 points par rapport au second trimestre), 54 % des plus de 49 ans n’entrevoient rien de tel. Dans une certaine mesure, cela s’explique par l’approche de la fin de carrière et des niveaux parfois déjà élevés de responsabilités.

 

* “Étude rémunérations 2017” publié par Michael Page.

 

L’auteur

Isabelle_Bastide_Présidente_PageGroup_France_2016[2] Isabelle Bastide est directrice générale de PageGroup en France. Son compte Twitter.

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