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Entrepreneuriat : « Se lancer d’abord et réfléchir ensuite, c’est un problème »

De plus en plus de Français veulent entreprendre. Encore faut-il se lancer avec justesse et réalisme pour mettre toutes les chances de son côté. C’est pour guider les futurs et néo-entrepreneurs dans leurs aventures et les aider à surmonter les obstacles inévitables qu’Alexis Botaya et Matthieu Douchy, deux entrepreneurs à succès, ont publié l'ouvrage "Créez la boîte de vos rêves et la vie qui va avec" (éditions de La Martinière). Découvrez leurs conseils et les faux pas à éviter.

« Il y a une certaine fantasmagorie autour de la création d’entreprise aujourd’hui, beaucoup d’idées préconçues, affirme Alexis Botaya, entrepreneur, consultant et conférencier, expert en innovation et intrapreneuriat. C’est pour cela que nous souhaitions donner des clés de compréhension aux lecteurs, en apportant une synthèse des grands conseils pour se lancer l’aventure entrepreneuriale. » Pour cela, le livre Créez la boite de vos rêves et la vie qui va avec (Editions de La Martinière) propose 30 principes d’actions (exemples : cessez de vous trouver des excuses, partez à la rencontre de vous-mêmes, parlez de vos projets, ne soyez pas perfectionniste, faites des choix et engagez-vous…), répartis en 7 grandes étapes. « Dans cette période post-Covid, encore plus de personnes se lancent malheureusement pour les mauvaises raisons, ajoute Matthieu Douchy, président et fondateur de CréActifs, spécialisé dans la formation à l’entrepreneuriat. Je pense que tout le monde peut être entrepreneur, mais tout le monde ne peut pas faire le même type d’entreprise. »

Prendre le temps de se préparer

De l’envie d’entreprendre à la concrétisation d’un projet, il doit y avoir tout un processus. Nos deux co-auteurs ne font ainsi du passage à l’acte que la 5e de leurs 7 grandes étapes. « Se lancer d’abord et réfléchir ensuite, c’est un problème, rappelle Matthieu Douchy. Il faut prendre le temps de réfléchir, de se poser, de consolider son idée et un éventuel business plan. Surtout qu’il est plus simple de réfléchir sereinement quand on est encore en poste ou dans une situation stable si c’est le cas, professionnellement et financièrement, pour avoir les idées claires et ne pas être dans l’urgence. Ce travail peut durer six mois, un an, qu’importe. Une fois lancé, ce n’est plus trop le moment de se poser ces questions. » Une idée simple soutenue et complétée par son co-auteur : « Réfléchir, construire… quitte à se frustrer soi-même de ne pas y aller tout de suite, il faut prendre ce temps. Reste qu’il n’y a pas de profil d’entrepreneur type, l’importance de ce temps dépendra de la situation de chacun, tous les business ne sont pas adaptés à tout le monde. Par exemple, claquer sa démission parce qu’on rêve d’entreprendre, mais sans avoir de stratégie réfléchie et établie pour l’après, c’est une mauvaise idée. »

Dépasser l’idéal de l’entrepreneuriat

Aussi, nos deux spécialistes de l’entrepreneuriat insistent : il faut se départir des idées préconçues sur la vie d’un entrepreneur. « Le fait d’être entrepreneur est valorisé et mis en avant quasiment comme un lifestyle aujourd’hui. Être entrepreneur, c’est cool, on crée une start-up ou on se lance en freelance et c’est parti. Mais en disant cela, on oublie complètement les TPE et PME, les difficultés potentielles, les risques professionnels et personnels… On entend trop parler de start-up nation et de grande démission, cela met tout dans un même panier et cela crée beaucoup de frustrations derrière, souligne Alexis Botaya. La vraie question à se poser, c’est : qu’est-ce que j’estime être une réussite pour mon projet ? Pour ensuite définir les différentes étapes à mener et prendre le soin de se féliciter des petites victoires au fur et à mesure, avec une approche itérative. »

Autrement dit, attention à ne pas idéaliser la création d’une entreprise. Dans la réalité des choses, une affaire est rarement rentable au bout de plusieurs mois ou d’une année, il faut donc rester « motivé, réaliste et aligné sur son projet et ses objectifs », ajoute le co-auteur. Selon Matthieu Douchy, « on résume également trop l’entrepreneuriat à l’immatriculation de la société, parce qu’il est aujourd’hui plus facile de le faire. Mais la forme juridique ce n’est pas du tout le sujet déterminant. On ne devrait pas sabrer le champagne lors de l’immatriculation, mais plutôt au premier client ou au premier grand palier de chiffre d’affaires. »

Challenger ses idées et ses projets

On pourrait penser qu’une idée ne se partage pas, Matthieu Douchy et Alexis Botaya pensent tout le contraire. « Cette injonction à ne parler de ses idées à personne, c’est quelque chose qu’on entend très souvent. Mais pour le dire sans détour, une bonne idée à terme, c’est souvent une idée peu aboutie ou juste décente qu’il s’agit d’améliorer. Et donc, il faut recueillir des feed backs, la soumettre au jugement de ses pairs et à la réalité. Si, au contraire, on garde son idée dans sa couveuse, qu’on la peaufine dans un coin sans jamais la challenger, le risque est très grand de tomber de haut ensuite. Il vaut mieux que le bébé sorte le plus tôt possible pour se faire son immunité et s’adapter », affirme Alexis Botaya. Même son de cloche chez Matthieu Douchy : « Votre idée, c’est très probable que plus de 100 personnes aient eu la même. Ce n’est pas l’idée qui fera forcément la différence, votre idée, c’est juste un déclencher pour démarrer quelque chose. C’est ce que vous allez faire derrière qui fera votre réussite. »

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