Alors que le salon international de l’aéronautique et de l’espace de Paris-Le Bourget se tient jusqu’au dimanche 25 juin, les annonces d’embauches se multiplient dans le secteur, jusque chez les compagnies aériennes. Tous les acteurs sont prêts à rencontrer les candidats, sachant que l’entrée est gratuite pour les demandeurs d’emploi du vendredi au dimanche inclus.
La reprise économique donne des ailes aux secteurs de l’aérien, de l’aéronautique et de l’aérospatiale, après les graves turbulences traversées à cause de la pandémie. Alors que, pour la première fois depuis quatre ans, se tient le salon du Bourget, près de Paris, ou salon international de l’aéronautique et du spatial (SIAE), les annonces se multiplient de la part des grands acteurs. À commencer par la plus importante commande de l’histoire de l’aviation commerciale passée auprès d’Airbus par la compagnie aérienne indienne Indigo, soit 500 avions A320. D’où le décollage immédiat pour l’emploi chez l’industriel qui prévoit plus de 3 500 embauches cette année. Les groupes Safran, Dassault Aviation ou Thales ne sont pas en reste et comptent bien profiter de la 54e édition du plus grand événement mondial du secteur pour recruter. Car le marché de l’emploi est très porteur et même en tension, avec des pénuries de main d’œuvre pour de nombreux métiers… Les candidats potentiels peuvent donc rencontrer les professionnels à la fin du salon, du vendredi 23 au dimanche 25 juin inclus, jours d’ouverture au grand public. D’autant que, pour la première fois, l’entrée au salon est gratuite pour les demandeurs d’emploi à ces dates-là.
Des emplois dans toute la filière
Le groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales, ou Gifas, annonce la couleur : cette année, 25 000 recrutements (dont la moitié d’ingénieurs et cadres et un quart d’opérateurs et techniciens) sont prévus dans une filière qui compte, en France, 263 000 salariés au sein de 4 480 entreprises. Afin de pourvoir ces nombreux postes, le syndicat professionnel a lancé, dès l’an dernier, la campagne « L’aéro recrute » qui donne accès à toutes les informations nécessaires pour postuler : offres d’emploi, dispositifs de formation, présentation de l’ensemble des entreprises et des métiers de la filière. En plus, est organisée du 23 au 25 juin au salon du Bourget, une opération permettant de déposer directement son CV après avoir échangé avec les professionnels représentant plus de 200 entreprises issues de l’aéronautique, du spatial et de la défense.
Autre événement à l’occasion du SIAE, « L’avion des métiers » pour faire découvrir 17 métiers de la conception, de la production et de la maintenance aéronautique (ingénieurs électronique, propulsion ou matériaux, ajusteur, soudeur, peintre, mécanicien avionique…). « Grâce à des ateliers et des expériences de réalité virtuelle, cela permet de comprendre en quoi consistent concrètement les postes d’ajusteur, peintre, monteur d’équipement ou soudeur, précise Philippe Dujaric, directeur des affaires sociales et de la formation du Gifas. Nous incitons vraiment à venir nous rencontrer, même si l’on n’a rien à voir avec la filière aéro ni avec l’industrie ! Nous sommes ouverts aux profils en reconversion. Car nous proposons des formations, de trois à six mois, en alternance. » D’ailleurs le secteur comptait 9 000 alternants dans les effectifs fin 2022, un record ! Et 7 000 autres sont recherchés pour cette année, parmi le total des 25 000 embauches souhaitées. « Ces emplois sont pérennes avec 75 % d’embauches en CDI en 2022, poursuit Philippe Dujaric. Ce sont aussi des emplois de qualité, tant par les conditions de travail que les rémunérations, avec des perspectives d’évolution de carrière pour devenir chef d’équipe mais aussi chargé de la qualité ou du contrôle. Et ils concernent toute la France, pas seulement la région de Toulouse ! » En revanche, ils concernent encore trop peu les femmes : elles dépassaient le quart des nouvelles recrues l’an dernier.
L’intérim très porteur
Le Gifas souligne que le recrutement d’intérimaires constitue un vivier de talents pour le secteur : « Après une chute liée à la crise sanitaire, le travail temporaire a fait un bond de 75 % en 2022, représentant plus de 11 000 emplois équivalent temps plein, contre 6 400 en 2021. »
Spécialisé dans ce domaine, Manpower France lance sa semaine de l’aéronautique du 19 au 25 juin, à l’occasion du SIAE, avec des journées portes ouvertes organisées dans plus de cent agences partout en France, visant à recruter plus d’un millier de personnes. En particulier pour des emplois de chaudronniers, câbleurs et peintres. « Mais aussi des intégrateurs cabine, des électriciens, des ajusteurs-monteurs et des techniciens de maintenance, ajoute Sylvie Vanson, responsable Grands Comptes Marché Aéronautique et Spatial chez Manpower France. Si les candidats n’ont pas les compétences techniques, ils peuvent être formés. Et dans ce cas, ce que l’on regarde avant tout, ce sont les qualités comportementales, les soft skills : motivation, ponctualité, rigueur, esprit d’équipe, aptitude à s’auto-contrôler et à analyser son propre travail. » Elle cite des exemples de reconversion : « En Ile-de-France, deux employés issus des métiers de bouche sont devenus, pour l’un, technicien de maintenance, pour l’autre opérateur électricien. Et une femme qui travaillait dans l’industrie textile du Nord de la France s’est installée dans l’Ouest pour se former et exercer le métier d’ajusteur aéronautique. »
Même les compagnies aériennes recrutent
La compagnie aérienne française Transavia a un stand au salon du Bourget afin d’accueillir les candidats intéressés par l’un des 900 postes à pourvoir, dont 500 en CDI. « Nous sommes en phase de croissance pour notre activité comme pour les embauches, assure le directeur des ressources humaines, Gil Breda. Parmi ces contrats à durée indéterminée, 250 hôtesses et stewards, membres du personnel navigant commercial, ou PNC. Plus 140 postes pour le personnel au sol, tous basés à l’aéroport d’Orly, qui se répartissent dans deux domaines principaux : la maintenance, pour la coordination et la planification de ce type d’opérations ; et l’informatique, pour les systèmes de technologies de l’information et la cybersécurité. » À noter qu’il ne s’agit pas d’agents dans les aéroports. Les emplois sont ouverts à des profils et parcours diversifiés, insiste Gil Breda : « Pour devenir PNC, il faut au moins avoir 18 ans et le bac, une attestation d’aptitude physique et un bon niveau d’anglais, une autre langue étrangère étant un vrai plus. Nous proposons de l’alternance chez les hôtesses et stewards, ce qui est assez récent : actuellement nous avons 80 alternants et nous souhaitons développer cette filière pour atteindre 160 personnes prochainement. » Transavia, qui compte plus de 2 300 salariés dont près de 2 100 CDI, est une filiale du groupe Air France-KLM, mais « les passerelles ne sont pas structurées entre ces différentes entités », reconnaît le DRH.