Pour faire la différence face à un recruteur, il faut réussir à lui montrer sa motivation. Mais pour cela, encore faut-il surmonter certaines fausses croyances, qui pourraient constituer un frein lors de l’incontournable entretien d’embauche.
“De nombreux candidats ont de fausses croyances, qui les limitent dans leur recherche d’emploi, mais aussi lors de l’entretien”, constate Gwladys Ramette, coach emploi. En amont, beaucoup de demandeurs d’emploi se freinent eux-mêmes : “certains pensent que le marché du travail est irrationnel et qu’ils n’ont aucune prise sur les choses. D’autres jugent qu’ils ont une vocation et se limitent à une seule voie”, indique-t-elle. “Ces croyances ne sont pas dramatiques en soi, mais deviennent problématiques quand elles bouchent votre horizon”, observe la coach.
Le poison du défaitisme
Même quand leur CV a été retenu, ceux qui pensent que tout est aléatoire ont tendance à faire preuve de défaitisme. Ils baissent les bras d’emblée, en pensant que leur profil n’est pas assez attractif : “Cet état d’esprit, négatif, peut être facilement perçu chez le candidat : il hésite, ne développe pas assez ses réponses. Or, un recruteur cherche aussi quelqu’un d’optimiste”.
“Trop de candidats n’y croient pas dès le départ. Ils se considèrent soit trop vieux (donc trop expérimentés), soit trop jeunes (donc pas assez expérimentés). Les femmes pensent que leur projet d’avoir un jour des enfants les disqualifiera d’emblée. Ce faisant, à cause de ces fausses idées, ils arrivent en entretien comme s’ils avaient perdu d’avance”, explique Fatima Sarhane, coach et ancienne chargée de recrutement.
Les candidats focalisés sur un “métier-vocation” sont davantage optimistes, sinon simplement réalistes. Mais ils ont aussi tendance à se laisser gagner par un stress intense. “Comme si leur vie était en jeu, ils cherchent à être parfaits. Ils sont tout sauf spontanés. Quand en face, on recherche de l’authenticité”, indique Fatima Sarhane.
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Personne ne cherche à vous piéger
D’autres pensent que le recruteur, en position de force, cherchera à les déstabiliser avec des questions pièges. Ce qui en conduit beaucoup à interpréter chaque question, jusqu’à perdre toute spontanéité dans leurs réponses.
“Ils adoptent une posture défensive. Ils perçoivent les recruteurs comme des méchants tout puissants, qui n’auraient qu’un seul but : les décrédibiliser et les piéger, eux qui sont tout petits. Alors que les recruteurs sont tout aussi stressé qu’eux, voire plus : ils ont peur de se tromper et cherchent juste à confirmer le choix qu’ils ont fait de retenir tel ou tel candidat”, explique Fatima Sarhane. A contrario, l’idée d’un entretien semblable à un interrogatoire peut amener des candidats à faire preuve de nonchalance. “Vous baissez les bras et décidez de venir comme vous êtes, sans vous préparer. En cas d’échec, vous penserez que vous aviez raison d’être pessimiste”, décrit Gwladys Ramette.
Selon Fatima Sarhane, il faut percevoir l’entretien comme “quelque chose de gagnant-gagnant”, pour le recruteur comme pour soi. “L’un est là pour trouver la bonne personne, et l’autre cherche le poste qui, il l’espère, lui conviendra. Il faut juste partir du principe que l’on vient pour collaborer avec un partenaire, qui a tout autant à gagner que soi dans la réussite de cet entretien”. Et plutôt que de lui “résister”, mieux vaut donc essayer de “répondre au mieux à son cahier des charges”.
Tout n’est donc qu’une question d’état d’esprit. Pour l’ancienne RH, l’important est de faire preuve soi-même d’empathie envers son interlocuteur : “En vous mettant à la place du recruteur, vous chasserez l’idée que vous faites face à un attaquant, et vous adopterez une attitude plus constructive. Vous serez confiant sur votre valeur. Vous n’aurez pas peur de ‘perdre’. Vous n’hésiterez plus à parler de vos faiblesses. Vous donnerez le meilleur de vous-même, dans toute votre authenticité. Vous n’essaierez plus d’être parfait. Ou au contraire, vous ne ferez pas l’erreur de ne rien préparer”, affirme-t-elle.
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Dédramatiser l’entretien
Pour Gwladys Ramette, se débarrasser de ses idées pré-conçues nécessite avant tout prendre du recul. Si possible en échangeant avec d’autres personnes : “vous pouvez très bien vous auto-évaluer et changer de point de vue. Mais faire preuve, seul, de suffisamment d’objectivité peut être très difficile”.
Attention toutefois à ne pas trop se reposer sur son entourage : “les expériences de nos proches peuvent aussi être biaisées”. La recruteuse conseille de ne pas hésiter à faire appel à un intervenant extérieur ; un coach ou d’autres chercheurs d’emploi au sein d’un groupe d’entraide, par exemple : “Avoir un avis tiers vous donnera une vue plus objective et vous aidera à dédramatiser l’entretien”.
Chasser le syndrome de l’imposteur
Les candidats gagneront aussi à préparer plus finement leur entretien. “Être au clair sur vos forces et vos faiblesses, sur vos atouts et vos compétences, vous permettra d’être plus serein, de chasser le syndrome de l’imposteur qui vous guette, et donc d’être plus optimiste”, indique Fatima Sarhane. A contrario, attention à ne pas être trop décontracté. “Il faut avoir confiance en soi, mais pas trop. L’humilité reste une qualité primordiale. Tout comme l’authenticité”, note l’ancienne recruteuse.
Finalement, “l »idée n’est pas de se dire que tout est perdu d’avance, ou au contraire gagné d’avance. La bonne posture à adopter, c’est l’observation / exploration. Le fait de venir à un entretien pour se mettre en avant, mais aussi pour explorer l’éventualité d’être accepté dans le poste visé. En posant des questions, en se montrant curieux, et en chassant in fine l’idée que l’on joue sa vie”, conclut Fatima Sarhane.