Emploi

Hauts-de-France : zoom sur l’initiative Graines d’industrie destinée aux jeunes

Le secteur industriel continue de recruter massivement et de diversifier ses activités et ses parcours de carrière, mais peine à attirer, notamment les jeunes. Pour faire découvrir ses métiers et favoriser l’insertion et la reconversion dans ce secteur, des programmes spécifiques se développent, à l’image de Graines d’industrie, un dispositif animé par l’École de la 2e chance d’Artois Hauts-de-France.

Féminisation, attractivité des métiers et du secteur auprès des jeunes travailleurs et des jeunes diplômés, rétention… L’industrie fait face à plusieurs défis pour répondre à ses importants besoins de candidats, dans un contexte de tension et de difficultés de recrutement. À l’occasion de la 13e édition de la Semaine de l’industrie, organisée du 18 au 24 novembre, la filière s’est ainsi tournée vers la jeune génération, sous le slogan « Avec l’industrie, fabrique ton avenir » et pour redorer l’image d’un domaine d’activité qui n’a pas toujours bonne image auprès des candidats. Pourtant, l’industrie évolue et est en transition, avec notamment la modernisation et la digitalisation des sites de production, qui impliquent de nouveaux parcours de carrière et de nouveaux besoins de compétences. Et la filière reste une terre d’emploi : fin 2023, elle employait 2,9 millions de salariés, dont 130 500 apprentis présentant un taux d’emploi supérieur à 70 % à 6 mois, selon l’opérateur de compétences interindustriel.

Parmi les initiatives lancées dans les territoires pour attirer les jeunes vers l’industrie, le réseau des Ecoles de la 2e chance (E2C) déploie des programmes ciblés. À l’instar de Graines d’industrie, un parcours de découverte et de formation aux métiers de l’industrie animé par l’E2C Artois Hauts-de-France, au sein d’une région marquée par l’emploi industriel.

Tester et découvrir les métiers de l’industrie

Historiquement, les E2C accueillent des jeunes entre 16 et 25 ans, sortis du système scolaire sans diplôme et le plus souvent éloignés de l’emploi, pour les aider à construire un projet professionnel via de la formation et un accompagnement complet (les jeunes ont un statut de stagiaire et une indemnité mensuelle). Outre cet aspect généraliste, les E2C s’appliquent également à cibler des secteurs en tension et d’avenir, pour favoriser l’insertion des jeunes. C’est toute l’idée derrière Graines d’industrie, comme l’explique Raphaël Delaby, responsable des partenariats de l’E2C Artois Hauts-de-France : « L’industrie est un de ces secteurs où les entreprises nous disent qu’elles peinent à recruter des jeunes motivés. Nous avons donc construit des parcours spécialisés, qui le plus souvent s’alignent avec l’historique et les besoins du territoire. Dans le Nord, l’industrie est très implantée, mais il existe aussi, ici et dans le reste des E2C, des programmes tournées vers les métiers de bouche, le commerce, la logistique… »

L’idée du programme : 3 à 4 mois d’alternance entre formation intensive, stages en entreprise, visites d’usine et forums, à la découverte des métiers de l’industrie. Avec comme objectif, pour des participants de 16 à 27 ans de niveau bac ou infra bac, de s’orienter dans le domaine ou d’être embauché par une entreprise partenaire.

Attirer sur des métiers en tension

« Dans le programme, comme dans les autres programmes spécialisés proposés par les E2C, on fait de la mise à niveau sur les bases (français, maths, numérique…) tout en travaillant à lever les freins à l’emploi (logement, mobilité…). Et surtout, on détaille et on présente ce domaine de l’industrie souvent peu connu par les jeunes, même parmi ceux imaginant y faire carrière », ajoute Raphaël Delaby. Outre l’aspect formation, Graines d’industrie se base également sur l’engagement d’entreprises industrielles locales, qui acceptent d’accueillir des jeunes en stages de découverte. Une démarche nourrit par la volonté de faire connaître le secteur, mais aussi l’opportunité de former et recruter des jeunes. Audrey Toursel, responsable RH chez Black Star, entreprise spécialiste du reconditionnement de pneumatique, témoigne : « Black Star s’est implanté à Béthune il y a 3 ans, dans une démarche de réindustrialisation d’un site laissé à l’abandon après la fermeture de l’usine Bridgestone. Et l’attractivité des jeunes est un des premiers enjeux. Depuis le début de Graines d’industrie il y a deux ans, nous avons accueilli des jeunes en stages et en visites d’usine. Et nous avons recruté une personne en CDI dans chaque promo jusqu’à présent, sur un poste d’opérateur polyvalent en logistique ou en ligne de production. »

Là encore, il s’agit d’attirer et de former sur des métiers bien spécifiques et peu connus. « L’industrie, ce sont les métiers qui permettent de faire et de produire en France, c’est important de cultiver ces emplois. Le secteur n’est pas toujours bien perçu, mais il y a de très belles perspectives de carrière et d’évolution. Et c’est en faisant tester les métiers qu’on peut convaincre les jeunes. Nous recrutons beaucoup sur les soft skills et la motivation et tous types de profils, pour ensuite les former en interne à nos process et nos machines », ajoute la responsable RH. Une tendance de recrutement et de formation qui se généralise aujourd’hui, avec de plus en plus d’entreprises industrielles qui déploient des centres de formation en interne pour pouvoir recruter des profils peu qualifiés ou en reconversion.

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