Ils se sont reconvertis grâce au recrutement sans CV

En matière de recrutement sans CV, ou mettant de côté le CV durant l’entretien, soft skills et compétences sont les maîtres mots. De sorte à favoriser la rencontre sans filtre avec le candidat, et à lui laisser le soin de se présenter et de valoriser ses compétences sans se limiter à son CV ou à son seul parcours. « En France, nous restons encore souvent attachés au sacro-saint CV, mais dépasser ce prisme permet d’ouvrir un champ des possibles beaucoup plus important et pousse à aller plus creuser l’aspect personnalité des candidats », affirme ainsi Sylvain Robillard, directeur de Randstad Bretagne et adepte du sans CV.

Aussi, ce genre de recrutement peut favoriser des trajectoires de reconversion, en facilitant l’insertion dans un nouveau secteur et l’apprentissage d’un métier. Ce fut le cas pour Antoine Furgaut, 31 ans, et Florian Lacour, 26 ans, tous deux recrutés par le fabriquant de chaussons Airplum, « sans CV » et sans expérience préalable dans le secteur.

À lire aussi

Recrutement sans CV : misez sur votre personnalité !

Rencontre et relation de confiance

Comme c’est souvent le cas dans le cadre d’un recrutement sans CV, Antoine et Florian n’ont pas répondu à une offre d’emploi avant de rencontrer leur employeur. Et tous les deux ont changé de métier en rejoignant l’entreprise installée en Dordogne (24). « J’étais ostréiculteur sur le bassin d’Arcachon (33). Après m’être installé en Dordogne, je cherchais une nouvelle opportunité professionnelle, j’ai alors été directement mis en relation avec l’entreprise via France Travail, explique Antoine. Au départ, j’y suis allé par curiosité, je ne connaissais rien au monde de la chaussure, et en un entretien, j’ai découvert le métier et puis j’ai visité la chaîne de production. » À peine recruté, sur la base de sa motivation et de sa soif d’apprendre, il entame une longue formation très technique, avec diplôme à la clé, pour acquérir les compétences spécifiques et nécessaires, les chaussons confectionnés par Airplum étant uniques et brevetés. « Ce qui m’a convaincu de me lancer et de faire ce saut dans l’inconnu, c’est vraiment ce relationnel, la discussion avec le responsable et recruteur m’a mis en confiance, et l’entreprise m’a fait confiance pour me prendre et me former ensuite », complète Antoine. Deux ans après son recrutement, et si sa formation a duré un an, ce dernier continue de monter en compétences.

À lire aussi

« La période estivale est un moment propice à la prise de recul »

Projection immédiate

Pour Florian, ancien boucher, le recrutement sans CV s’est opéré il y a cinq ans, sur le même poste qu’Antoine : celui de l’injection. « Nous fabriquons une semelle brevetée. Concrètement, nous coulons le produit dans un moule pour former la semelle. Notre rôle est d’injecter le produit par un procédé mécanique et à l’aide d’une piqueuse et d’une tige », explique le jeune homme de 26 ans. Un poste technique et exigeant que nos deux reconvertis ont pu appréhender directement après leur recrutement. Et même dès l’entretien avec le recruteur. Et pour cause, dans cette entreprise d’une cinquantaine de salariés, beaucoup de postes à la production sont pourvus par des candidats n’étant pas du monde de la chaussure ou n’ayant pas d’expérience du métier.

Pour Florian, la rencontre s’est opérée via du bouche-à-oreille et grâce à une connaissance au sein de l’usine. « Directement, le recruteur a été franc et engageant, en parlant de la formation que j’allais suivre, mais aussi de l’aspect exigeant et physique du métier. Sur notre métier et les machines sur lesquelles on travaille, et parce que nous faisons des produits brevetés, peu de personnes sont formées à notre métier. Il faut donc recruter d’abord et former ensuite« , complète Florian. Cinq ans après son entrée dans l’entreprise et une reconversion réussie, il a évolué jusqu’à former à son tour de nouvelles recrues. Qui, elles aussi, ne doivent pas leur recrutement qu’à leur CV !