Rendez-vous au Salon du Travail et de la Mobilité Professionnelle, les 25 et 26 janvier à la Grande Halle de La Villette, pour assister à la conférence d’Alexandre Dana: « Eviter le burn-out quand on est à son compte ». Inscriptions ici.
« Au fur et à mesure que notre population d’élèves entrepreneurs a augmenté, nous avons constaté que ce sujet de la santé mentale revenait souvent, que les indépendants sont souvent touchés par des difficultés émotionnelles et des surcharges de travail, explique Alexandre Dana, spécialiste de la création d’entreprises. J’avais moi-même connu une forme d’épuisement au travail en tant qu’entrepreneur. Pourtant, on se lance en tant qu’indépendant souvent pour ne plus être contraint et limité par le salariat, pour ne plus dépendre d’un manager, pour avoir une meilleure mobilité géographique… »
De fait, la santé mentale des indépendants mérite d’être surveillée et interrogée, au même titre que celle des salariés. « Je me suis rendu compte que la plupart des travaux sur le burn-out concernaient le burn-out des salariés, explique Alexandre Dana. On parlait beaucoup moins de la santé mentale des entrepreneurs et du côté dirigeant, parce que les causes ne sont pas les mêmes. Pour le burn-out des salariés, on va souvent parler de management toxique, de rigidité dans les horaires de travail, dans la mobilité fonctionnelle et géographique… Tout cela n’est pas ou peu applicable pour les entrepreneurs. » Pour mieux comprendre et mesurer l’épuisement professionnel des créateurs d’entreprise, LiveMentor et son dirigeant ont mené une enquête auprès de 10 000 indépendants, dont les résultats ont servi de base à l’ouvrage Entreprendre et (surtout) être heureux : Les 6 blessures qui empêchent les entrepreneurs d’accéder au bonheur (Eyrolles, 2022).

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« L’entrepreneur est susceptible de faire un burn-out au même titre que n’importe qui, et il est en plus souvent beaucoup moins protégé, affirme Alexandre Dana. Il n’a pas la même sécurité sociale, il ne peut pas poser un arrêt-maladie avec aussi peu de répercussions qu’un salarié… » De fait, les indépendants sont souvent vulnérables ou livrés à eux-mêmes s’ils ne sollicitent pas un accompagnement, et ce, dès les premières étapes de développement. « Lors des débuts du projet, au moment où beaucoup d’entrepreneurs ne parviennent pas encore à s’octroyer de salaire et vivent parfois sur leurs allocations chômage, il y a un très fort syndrome de l’imposteur. Beaucoup se dissocient de leur succès ou doutent très rapidement, note Alexandre Dana. Et de la même façon, lorsque on parvient à recruter une équipe et à rentabiliser l’activité, on peut avoir tendance à vouloir tout contrôler, à subir l’obsession du détail et donc à s’imposer une charge mentale difficilement gérable. »
Aussi, à toutes les étapes de développement du projet, l’anxiété financière et l’incertitude du chiffre d’affaires pèsent sur le moral et la confiance. Du constat aux solutions, Alexandre Dana incite notamment les entrepreneurs à travailleur leur confiance en eux : « Je conseille de se former sur ce sujet de la santé mentale et de la prévention du burn-out, de la prendre au sérieux. Le premier déclic, c’est de se dire que tout cela est normal, que subir ce genre d’émotions ne fait pas de vous un mauvais entrepreneur, cela fait partie des risques. C’est presque un passage obligé à dépasser qui, une fois surmonté, apportera un gros boost en termes de confiance et de compréhension de soi. Le message de mon livre, c’est que l’on peut et doit évidemment progresser sur les compétences techniques (vente, finance, gestion, management), mais que la progression sur les compétences plus émotionnelles et la connaissance de son logiciel interne est autant voire plus importante. »