Journées engagées de France Travail : comment lutter contre les stéréotypes de genre ?
Emploi

Journées engagées de France Travail : comment lutter contre les stéréotypes de genre ?

Pour alimenter la mobilisation des acteurs de l’emploi, de l’insertion et de la formation pour l’égalité professionnelle, France Travail lance les "Journées engagées", des rendez-vous d’échanges et de réflexion sur les grands enjeux de l’emploi et de la formation. La première édition, organisée ce mardi 5 mars, s’est concentrée sur la lutte contre les stéréotypes de genre dans l’entreprise.

Dans le monde du travail, la parité femmes-hommes reste très imparfaite, tant au niveau de la stabilité des trajectoires professionnelles, que des perspectives d’évolution et de rémunération ou de l’insertion dans certains secteurs d’activité. C’est pour débattre de cet état de fait et mettre en avant les leviers de lutte contre les inégalités genrées dans le marché du travail que s’est tenue, ce 5 mars, la première édition des Journées engagées, dont Rebondir est partenaire : « Comment lutter contre les stéréotypes de genres dans l’entreprise ».

« En proportion, les femmes sont légèrement moins nombreuses que les hommes parmi les demandeurs d’emploi, mais sont, en revanche, plus nombreuses à exercer une activité professionnelle, tout en étant demandeuses d’emploi (54,6 % contre 45 %), rapporte Paul Bazin, directeur général délégué de France Travail. 82 % des emplois en temps partiel sont occupés des femmes. » Autres données témoignant des manquements à la parité dans la vie professionnelle : près de deux femmes demandeuses d’emploi sur trois recherchent un travail dans des secteurs où les femmes sont déjà surreprésentées (services à la personne, supports à l’entreprise, santé…). « À l’inverse, il y a une sous-représentation dans des secteurs très masculins (construction et BTP, transport terrestre, sécurité privée…), où la part des candidatures féminines est de 25 %, ajoute Paul Bazin. Cela contribue à une perte d’opportunité pour les femmes dans l’emploi et pour certains métiers en tension qui sont privées d’une grande partie du vivier de candidats. On le sait pourtant, la lutte contre les stéréotypes de genre a un impact positif sur le plan social et sur le plan économique.»

Former et sensibiliser pour déconstruire les stéréotypes

Parmi les leviers de lutte contre les inégalités de genre, la compréhension de ces enjeux est primordiale. Haude Rivoal, sociologue du travail et du genre, et auteur de La fabrique des masculinités au travail (La Dispute, 2021), a profité du débat des journées engagées pour fournir des premières clés : « Je m’intéresse à la manière dont le travail est pensé souvent au masculin. Il existe des structures et des constructions sociales qui favorisent les hommes sur un certain nombre de postes, à commencer par les postes cadres. Les grands concours, par exemple dans l’administration, ce sont des concours qui valorisent un rapport stratégique au diplôme et une forme de confiance en soi auxquels les garçons sont majoritairement socialisés. Les stéréotypes se créent dès l’enfance et tout au long du parcours de formation et de la vie professionnelle. »

Pour sensibiliser et engager le changement, la formation apparaît déterminante. Fanny Serre, directrice générale adjointe de Social Builder, une association qui accompagne des femmes et leurs trajectoires de reconversion dans le numérique, a justement détaillé les leviers d’accompagnement principaux : « Les compétences numériques sont présentes dans de plus en plus de métiers et de secteurs. Si les femmes ne s’y forment pas, elles vont se faire distancer sur le marché du travail. Pour cela, nous intervenons sur trois objectifs : parler de ces stéréotypes et de ces inégalités, pour changer les représentations qu’ont les femmes de ces métiers, mais aussi les représentations sur les femmes dans ces métiers ; accompagner les femmes pour leur donner confiance en elle et leur permettre d’envisager une carrière dans le numérique ; et influencer les pratiques d’inclusion dans les organisations. »

Féminiser les secteurs

Ces trajectoires d’insertion dans le numérique et le digital, un secteur qui reste encore très masculin, symbolisent ces enjeux de lutte contre les stéréotypes de genre. « C’est difficile parfois de recruter des femmes et de les faire évoluer dans leur carrière, et c’est encore plus le cas dans les entreprises techniques et scientifiques », confirme Patricia Lecocq, déléguée régionale Orange et présidente du Cercle InterElles, qui regroupe des réseaux d’entreprise œuvrant pour la parité et la mixité dans les secteurs scientifiques et techniques.

 « Le top des formations que suivent les demandeuses d’emploi ne porte pas du tout vers ces métiers dits masculins, ajoute le directeur général délégué de France Travail. Tout l’enjeu est de travailler autour de la représentation de ces métiers pour en développer l’attractivité, notamment en donnant la parole à celles qui les exercent. Cela en prend le chemin. Et, par exemple, les initiatives menées en ce sens dans le secteur de l’industrie portent leurs fruits, puisque 42 % des candidatures dans les métiers de l’industrie sont le fait de demandeuses d’emploi. Une part en progression qui devra bien sûr se traduire par plus de parité également dans le recrutement. »

Enfin, Paul Bazin a tenu à souligner les initiatives de France travail en matière de parcours immersifs et de tremplins vers l’emploi : « Il faut leur mettre le pied à l’étrier sur ces métiers de la tech, de l’industrie, de la sécurité et autres. Cela passe, par exemple, par des immersions en entreprise, par des formations courtes comme les préparations opérationnelles à l’emploi (POE) qui permettent de commencer à travailler rapidement. Et cela implique de repérer chez les candidates et demandeuses d’emploi les habiletés et compétences transversales qui pourraient leur être utiles dans ces métiers, et la méthode de recrutement par simulation (MRS) le permet également. »

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