Alors que se déroule aujourdhui, mercredi 22 mars 2023, au Parc Floral de Paris, la 3ème édition de Talents for the Planet, un événement dédié aux professions et formations à impact, rencontre avec Julien Vidal, auteur du livre Mon métier aura du sens (Vuibert).
Vous avez la trentaine, et vous avez déjà eu plusieurs vies professionnelles…
Oui, j’ai d’abord été coordinateur de projets pour une grosse ONG française. En travaillant sur le terrain, notamment en Colombie et aux Philippines, je me suis rendu compte de l’ampleur des enjeux économiques et sociaux. Mon leitmotiv, c’est vraiment de laisser le monde dans un meilleur état que je l’ai trouvé : je suis donc rentré en France pour pouvoir agir plus largement et avoir des ambitions plus fortes. Nous vivons dans un pays stratégique où il est possible d’agir, chacun à notre échelle, sur des leviers différents. J’ai lancé le mouvement « Ca commence par moi« , puis écrit un livre, démarré le podcast « 2030 Glorieuses« … J’anime aussi des ateliers à l’éveil écocitoyen. Le fil rouge de tout ça ? Rendre désirables ces sujets et tordre le cou aux idées reçues. Non, être écolo ce n’est pas vivre comme un Amish ! Je me définis aujourd’hui comme un réveilleur d’étincelles, et j’exerce cette mission de manières variées.
Avoir un métier qui a du sens, concrètement cela veut dire quoi ?
La notion de sens évolue au gré de la société. On ne peut pas la déconnecter des enjeux clés de notre siècle. Cela passe donc par un métier aligné avec les problématiques écologiques, sociales et sociétales de notre époque. L’alignement se fait aussi par rapport à soi-même : puis-je me regarder dans un miroir droit dans les yeux et me sentir en phase avec mon job ? Quand on a un métier qui a du sens, on se sent à notre aise et à notre place. Cela procure durablement de la joie. Je pense qu’on poursuit le sens, on ne le trouve jamais vraiment, mais cette quête attise la curiosité et est source d’épanouissement.
Vous montrez dans votre livre qu’il y a de nombreuses manières différentes d’exercer un métier qui a du sens. Est-ce que c’est, selon vous, accessible à tous ?
Oui ! Le champ des possibles est très large. On a trop souvent une vision parisienne et assez élitiste comme si avoir un métier qui a du sens n’était réservé qu’à certains urbains très diplômés, aux cadres. C’est très frustrant et très réducteur. Peu importe votre âge et vos compétences, vous pouvez toujours mettre vos talents au service d’un enjeu qui vous dépasse. C’est une question d’envie avant tout. On entend beaucoup aujourd’hui l’idée qu’il faudrait travailler moins pour vivre mieux, moi je suis convaincu qu’il faut travailler mieux pour vivre mieux. Cela remet au centre l’impact que je veux avoir par mon travail. Et beaucoup de métiers ayant du sens existent déjà ! Vous retrouverez, par exemples, dans mon livre une directrice de ressourcerie, un reconditionneur de produits électroniques, une formatrice en coopération, un libraire engagé… Il y a des initiatives enthousiasmantes partout en France.
Quels serait votre conseil pour les jeunes souhaitant exercer un métier qui a du sens mais ne sachant pas trop encore vers quoi s’orienter ?
Je pense qu’il faut déjà dédramatiser. L’orientation est devenue quelque chose de très procédurier avec Parcoursup. Les jeunes entrent dans la vie professionnelle en étant frustrés des choix qui s’offrent à eux. Or, une carrière cela se mène comme une vie, du mieux qu’on peut ! Il y aura forcément des accros, des hauts et des bas. Il faut casser l’image d’une carrière lisse et linéaire. Ce qui compte c’est la progression. Même si vous ne trouvez pas de suite la bonne orientation, pas de panique, vous aurez toujours le temps de bifurquer. Se tromper fait partie du chemin, et il est toujours possible d’avoir une seconde chance, ou tout du moins de la provoquer ! Une vie professionnelle, ce sont des rencontres, des stages, du bénévolat, un service civique… La clé, c’est le mouvement, la dynamique, pas de trouver de suite LE métier parfait.
Votre message pour les personnes en reconversion parce qu’elles sont justement en quête de sens au travail ?
Je les félicite ! Il faut oser quitter une vie toute tracée, c’est courageux. Bravo d’avoir quitté le mode pilotage automatique. Là encore, prenez votre temps. Hâtez-vous lentement ! Suivez votre intuition, progressez étape par étape. Et gardez en tête qu’il y a de multiples manières de trouver du sens au travail. Vous avez envie de travailler dans l’agriculture bio ? Devenir vendeur chez Biocoop peut être un premier pas intéressant pour vous mettre en mouvement et découvrir ce milieu. Ensuite, entourez-vous de personnes positives et bienveillantes. Elles vont justement vous aider à vous protéger du regard des autres. Il existe des groupes d’entraide, des programmes de coaching, des associations… Vous vous rendrez compte que vous n’êtes pas seul à vous poser toutes ces questions.
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